Agnès Saal, Laurent Beauvais! Deux poids, deux mesures…

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J’ai volontairement laissé passer le « buzz » après qu‘Agnès Saal, une fois connue la sanction administrative la concernant, se soit exprimée dans « le Monde », non pour se justifier, puisqu’elle y reconnaît sa faute, comme la mesure disciplinaire la frappant, mais pour, dit-elle:

remettre un peu de sens et d’humanité dans cette histoire. Elle s’est traduite pour moi par une petite apocalypse : tout l’univers d’engagement passionné au service de la politique culturelle que j’avais patiemment édifié s’est effondré du jour au lendemain. C’est une forme de traumatisme personnel et professionnel qui est sidérante, devant laquelle je suis restée incrédule, sans comprendre comment ma vie s’était trouvée mise en miettes.

Que n’a-t-elle osé! Un flux de commentaires charriant des propos d’une violence inouïe s’en est suivi; un concert de protestations à base de comparaisons et d’amalgames inadaptés, qui témoignent, comme le dit excellemment Régis de Castelnau (1)  d’un ressentiment social et politique qui a pris des proportions que « les élites» seraient bien avisées de prendre en compte. Mais qui rate l’essentiel, à savoir que dans la haute fonction publique d’État, « ce genre de pratiques est monnaie courante: avantages parfois vertigineux, nominations de complaisance, tours extérieurs, placards dorés, préfet hors cadre à 34 ans, inspecteur général de l’agriculture, des affaires sociales, de l’équipement à tout âge, etc…. » Comme aussi, chez les grands « opérateurs publics » et, à un moindre niveau cependant, dans les grandes collectivités publiques. Bref, Agnès Saal était le bouc-émissaire tout désigné pour masquer cette réalité et éteindre la colère, au demeurant parfaitement légitime, de nombreux français – je laisse de côté son instrumentalisation politique, tout aussi parfaitement hypocrite, par l’opposition qui, au pouvoir, n’avait pas brillé, en la matière, tant s’en faut… Cela dit, j’attendais de celui en place qu’il tire enfin les leçons de cette « affaire ». Eh bien, non! On vient d’apprendre que Laurent Beauvais, candidat perdant sur la liste PS aux élections régionales, et ancien président de la région Basse-Normandie, venait de trouver, selon la Manche Libre, reprise par Le Figaro, un nouvel emploi… à la Cour des comptes ! en tant que «maître en service extraordinaire», sur proposition du premier ministre Manuel Valls. Le tout pour une durée de cinq ans ». Un poste en général fait pour récompenser des préfets ou d’autres dont on ne sait plus quoi faire dans l’administration, pas des politiques!.. Étonnamment, point de clameur médiatique, comme si « les  frais de taxis » de madame Saal, dans la hiérarchie de nos valeurs républicaines, étaient plus graves que les bénéfices obtenus par un politique grâce à ce genre de nomination de complaisance. Deux poids, deux mesures! Une dame clouée au pilori médiatique, un monsieur discrètement planqué à la « Cour »… Indigne!

Nous avons deux poids et deux mesures : nous approuvons, pour une idée, un système, un intérêt, un homme, ce que nous blâmons pour une autre idée, un autre système, un autre intérêt, un autre homme. » Chateaubriand – Mémoires d’outre-tombe


(1) Vu du Droit: Agnès Saal: émerger après le cyclone (ici)

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Commentaires (4)

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    Didier

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    « et, à un moindre niveau cependant, dans les grandes collectivités publiques. »
    J’en ai même connu un, maintenant député, qui pratiquement tous les jours, mangeait au frais de sa collectivité dans un restaurant des bords du Lez…..

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    Alphonse Martinez

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    Hélas nous vivons une période de parasitisme généralisé. Nous savons tous oh ce genre de situation va nous mener.

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    Martial Maurette Photographe

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    Si toutes ces affaires pourries des élites de gauche à droite cessaient d’être anonymement connues et non dénoncées, puis réellement punies, peut-être le haut de la pyramide deviendrait plus propre et plus exemplaire, pour la plèbe et ses petits chefs.

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    Alphonse Martinez

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    Ce n’est en effet qu’une goutte d’eau dans la mare , mais cette goutte un jour fera déborder le vase .

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