Que faire de la plus grande nécropole romaine de la Narbonnaise découverte aux pieds du MuReNa ?

   

Dans un billet publié le 10 janvier (4000 « vues » à ce jour), j’informais mes lecteurs d’une découverte archéologique exceptionnelle sur un terrain jouxtant le musée régional de la Narbonne antique (MuReNa) *. Plus d’une centaine de tombes romaines, disais-je, gisaient là, attendant ce miraculeux coup de pelle d’une entreprise de terrassement oeuvrant pour le compte de l’aménageur public du futur quartier des « Berges de la Robine ».

Narbonne ! La culture, et le patrimoine, entre le marteau et l’enclume.


A quelques dizaines de mètres des archives municipales, dont on a appris qu’elles se trouvaient dans un état peu reluisant (la faute n’en revient bien sûr pas à leur directrice, dont tout le monde loue le professionnalisme, mais bel et bien à une succession de maires ainsi qu’à l’actuel adjoint concerné, tous aussi visionnaires en matière de culture qu’une armée d’enclumes)¹. A quelques dizaines de mètres donc, la Médiathèque du Grand Narbonne s’est vu attribuer le fonds patrimonial autrefois échu aux archives municipales.

2017, une bonne année de la main gauche !

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Maxime Zecchini et Paul Wittgenstein.

 
 

Connaissez-vous Maxime Zecchini ? Le jeune pianiste vient de signer chez Ad Vitam Records le sixième enregistrement de son anthologie du répertoire pour la main gauche. Le projet paraît un peu fou, voire complètement inoffensif et inutile. Car pourquoi réhabiliter un répertoire qui ne connaîtra qu’un succès de curiosité, ou combler un manque éditorial qui ne répond à aucune attente du public ? Avez-vous déjà croisé quelqu’un vous parlant de son amour brûlant pour ce répertoire ? Moi pas. Un peu comme si on traduisait La recherche du temps perdu en latin : une entreprise colossale certes, mais pourquoi ? pour qui ? Heureusement les vrais artistes ne raisonnent pas comme ça.

Zecchini nous invite à la découverte d’un continent de la littérature pour piano, celle écrite pour la main gauche. Il s’agit parfois d’œuvres spécifiquement créées pour cet appendice mal aimé (à part des gauchers dont je suis), comme les concertos écrits par Britten, Prokofiev et Ravel pour Paul Wittgenstein, frère du philosophe prénommé Ludwig et amputé lors de la première guerre.

Mais l’essentiel est composé de transcriptions d’œuvres écrites à l’origine pour deux mains (Bach, Chopin, Scriabine), ou pour des orchestres (Wagner, Beethoven). La cerise sur le gâteau, le comble de la mise en abyme étant la transcription pour la main gauche du concerto pour la main gauche de Ravel, incluant les parties orchestrales !

Le défi de la virtuosité est parfaitement relevé par Zecchini, je veux dire par là que l’on se demande inmanquablement comment il fait pour jouer toutes ces notes avec une seule main, comment il saute aussi vite des graves aux aigus. Mais l’essentiel n’est pas là. Le répertoire pour la main gauche est écrit différemment. Cette différence d’écriture est audible, et c’est une voix autre, avec sa subtilité et son identité propres que Zecchini parvient à faire sonner sur le clavier.

Dix disques sur le sujet sont annoncés par le pianiste qui, je tiens à le préciser, possède le total usage de sa main droite.

Il y aurait une anthologie à faire des artistes qui, avec d’évidentes limites physiques ont pratiqué leur art au sommet, de Django Reinhardt dont la main gauche était brûlée à Evgen Bavcar le grand photographe aveugle. Avec ses enregistrements, Zecchini écrit ainsi un hommage à l’art prétendument empêché, exprimant à quel point la contrainte est un grand moteur de la créativité.

 

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Chronique Narbo-Martienne : 2015, un grand cru pour l’archéologie à Narbonne.

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État de l’épave avant son réenfouissement. Cliché Julie Labussière

 

Noël approche et réserve son lot de bonnes surprises éditoriales. Au nombre d’entre elles, le dernier Bilan scientifique du Service Régional de l’Archéologie de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Occitanie. Le titre ne fait pas rêver je vous l’accorde, mais il est fidèle au contenu, qui décrit l’ensemble des fouilles et études menées sur les quatre départements de Languedoc-Roussillon.

Narbonne : deux naissances et un enterrement. | Contre-Regard.com

   
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Musée lapidaire © BIRAL Laurie ; © Ville de Narbonne

 
 

Quiconque entre dans Narbonne par l’avenue Hubert Mouly aura remarqué l’avènement de deux programmes urbains physiquement tout proches -mais politiquement antagonistes. Tout d’abord la Salle Multimodale qui, quoiqu’encore invisible, a déjà son panneau ainsi qu’une date d’inauguration, le 18 décembre 2018 (c’est aussi mon anniversaire mais les faits ne sont pas liés). Si elle est réalisée, cette salle sera une réussite incontestable de l’actuelle équipe municipale, non pas en terme d’intelligence du programme, mais de pugnacité politique.