Philippe Jaenada présentait son roman « La Serpe » à Port-Leucate, cet été. Je l’ai lu…

Cette année, Michel Py m’a gentiment adressé (comme il le fait régulièrement à chaque rentrée littéraire) le dernier roman de Philippe Jaenada, « La Serpe »  (éditions Julliard), présenté en avant-première à Port Leucate le 20 août dernier, dans le cadre de la manifestation « Auteurs à la Plage » (1). Un choix judicieux : l’auteur figure en effet dans la sélection du prix Renaudot 2017, après l’avoir été dans celle du Goncourt. Un roman-enquête qui, d’emblée, à la vue de son épaisse taille (600 pages), m’a paru difficile d’accès ; jusqu’à ce que le « ton » de ses premières phrases finisse par me faire oublier très vite cette première (et fort paresseuse) impression.

Jean Cau, croqueur de Mitterrand (entre autres) et analyste de la Présidence de la République…

 

croquis-de-memoire

   

J’ai, sur ma table de chevet, les « Croquis de mémoire » de Jean Cau (trouvé chez un bouquiniste, récemment : 1€ !) Une leçon de style que je prends le matin, au lever ( Non ! soyons précis : assis, bien calé sur mon oreiller, une tasse de café bien chaud à portée de main.) Trois, quatre – pas dix –  pages et les fantômes de Mitterand, Pompidou, Genet, Lacan, Ava Garner, Dominguin, et bien d’autres ( Sartre, Mauriac…) surgissent en quelques brillantes notations sous sa plume. Un style ramassé, sec, brillant et une lucidité, une sincérité de ton qui font de Jean Cau un maître dans ce genre. Je ne me lasse pas, notamment, de revenir aux premiers lignes de cet ouvrage où il est question du jeune François Mitterrand, alors Garde des Sceaux, pour rebondir ensuite sur Dominguin ou Joë Bousquet :

Promenades autour de « La Librairie du Livre Voyageur »…

 

     

J’ai l’habitude (les matins seulement), qui ne s’explique pas, (encore que ce qui suit l’explique en partie), de prendre la rue Droite (piétonne) à son débouché , sur la place de l’hôtel de ville, pour la remonter ensuite, tout en saluant au passage quelques figures amies ou connues sorties sur le devant de leur boutique ou restaurant, jusqu’à la place nouvellement baptisée du Forum (désertée ou presque depuis la fermeture d’un magasin spécialisé dans le service informatique et la disparition d’un café restaurant dont le jeune chef avait la réputation de présenter  à ses clients de fabuleux « tartares ») ; place que je traverse ensuite, tout aussi habituellement, sur son côté droit, pour me diriger vers le collège de Cité ( j’y fus scolarisé jusqu’à la classe du brevet), après avoir cependant parcouru la très courte rue de l’Ancienne Porte de Béziers où se tenait jadis une crèmerie (on y expose désormais de vilaines, à mon goût, « toiles  » : je ne voudrais pas être trop offensant…) dans laquelle ma grand-mère maternelle (elle habitait tout près : rue Michelet) m’envoyait chercher des « yaourts-nature » élaborés par son propriétaire calotté et tout de blanc vêtu dont le plus proche voisin était un charcutier qui faisait le bonheur hebdomadaire des amateurs narbonnais de « tripette » (le jour de sa commercialisation des queues se formaient jusque dans la rue…)

Il ne cessait de répéter : « Cristi, quelle campagne. Si nous ne réussissons pas après ça ?»

Bel-Ami ! Robert Pattinson. Film de Declan Donnellan, Nick Ormerod, 2012 : Journal.


Depuis Bel-Ami de Maupassant, rien n’a vraiment changé. Je consulte mes notes sur ma liseuse (Kindle) et tombe sur ceci, à l’emplacement 3435 :

« L’article parut sous la signature de Georges Du Roy de Cantel, et fit grand bruit. On s’en émut à la Chambre. Le père Walter en félicita l’auteur et le chargea de la rédaction politique de La Vie Française. Les échos revinrent à Boisrenard. Alors commença, dans le journal, une campagne habile et violente contre le ministère qui dirigeait les affaires.

L’extension du domaine de la bêtise !


Dans « La bêtise s’améliore », sorti en 2007, Belinda Cannone fait dialoguer trois personnages autour de l’amour, la politique, l’économie, l’art, la morale, le désir, le bonheur… Trois personnages qui s’étonnent de ceux, nombreux, dont nous respectons l’intelligence et qui s’en servent bêtement. Comment comprendre en effet que des esprits sophistiqués, et en apparence libre, en viennent à patauger dans les idées toutes faites ?

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