« C’est un déséquilibré », « Je me suis régalé », et autres mots et phrases que je ne supporte plus…

 

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C’est un mot, ou une phrase, lu et entendu dans les médias, avant et après le massacre de Barcelone, qui me sort par les trous du nez : « déséquilibré ». Un terroriste islamiste ne serait ni l’un (terroriste) ni l’autre (islamiste), mais souffrirait d’un déséquilibre mental (de troubles psychiatriques !) Pas responsable donc ! Malade il devrait être soigné. Comme si la paranoïa, la frustration sexuelle, le ressentiment… culturel ou social, et le tout ensemble était incompatible avec le « statut de tueur » idéologique (comme en d’autres temps), doté de facultés de jugement et de discernement. Et puis enfin, qui pourra jamais m’expliquer le lien de causalité entre un « trouble psychiatrique » ou un « déséquilibre mental » constaté chez un individu, sa « radicalisation » et sa participation à l’organisation rationnelle d’un meutre, seul ou en groupe, ou d’une tuerie  de masse… Révélatrice et symptomatique d’un déséquilibre moral d’une partie de nos élites médiatiques et politiques, par contre, me semble cette façon insidieuse de tout psychiatriser des actes et des motivations d’auteurs d’attentats terroristes, notamment. Ou de le faire sur un mode scandaleusement ironique comme à l’extrême droite, surtout… Comme un « malaise dans notre civilisation… »

Autre mot,  ou phrase, mais autre contexte, plus paisible, que je ne supporte plus. Ainsi, pas plus tard qu’hier, à cette heure matinale où l’air est encore frais, assis à la terrasse d’un café, et à l’ombre, (mon sport préféré, surtout l’été. Mon corps n’a plus l’âge de ces morts en sursis qui joggent sous un soleil de feu à une heure où habituellement je prends  mon « noir » ou lis  paresseusement quelques pages dans  ma chambre – au frais !) j’entendais  un petit groupe mixte de cinq ou six personnes commenter le passage de la Vuelta dans ma ville. « Ils s’étaient régalés » !  À vue d’oreille, j’ai dû ouïr, malgré moi, cette bétasse expression une vingtaine de fois… Un peu plus tard, au pied de ma porte, c’est une voisine de quartier qui me racontait son séjour sur la Costa Brava. De l’hôtel, de la plage, du restaurant, de sa chambre, des poissons… « elle s’était régalée ». Je passe sur les détails ! Mais j’attrapais le pompom en fin d’après midi à l’occasion d’une conversation de groupe, disons familial. Là, c’étaient de melons dont « on se régale » à tous les repas qu’il était question, et de sardines grillées, tout autant « régalées », le dimanche. Suivirent les « petits enfants », la patrouille de France, les desserts de tante Yvonne, le rosé de José… Tout était objet et prétexte à se régaler. Un véritable supplice ; et une définitive allergie à cette insupportable « scie » mise ainsi à toutes les sauces.

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Commentaires (4)

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    VIALLE Jean-Pierre

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    Je me régale, à la lecture de certains de vos articles(Sourires…)

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      Michel Santo

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      (#128519#)… je l’attendais (ce commentaire), et il est vite venu… (#128516#)

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    VIALLE Jean-Pierre

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    C’était facile et tellement tentant de vous agacer un peu plus. Bonne journée

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    Didier

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    Desproges prétendait que Marguerite Yourcenar avait honoré le livre d’or d’un restaurant d’un  » Je m’ai régalé  » (#128517#)

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