Chronique de Narbonne, et d’ailleurs. J’étais place de l’hôtel de ville, lundi, à midi…

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Lundi, peu avant midi, place de l’hôtel de ville. Un petit « groupe de personnalités locales et d’élus » se forme devant le grand portail du Palais des Archevêques. Des membres de la police nationale et municipale se dirigent, et se positionnent, de l’autre côté de la portion de Voie Domitienne ouverte au public. Je les rejoins, et me place face   à  l’entrée de l’hôtel de ville. Didier Mouly et Jacques Bascou en sortent. Côte à côte, théâtralement. Ils rejoignent le petit « groupe de personnalités locales et d’élus ». Petit à petit, d’autres personnes, inconnues ou connues,  s’avancent et s’immobilisent, sur les côtés. Une assemblée distendue, loin de la foule compacte évoquée par certains commentateurs. J’observe le déplacement du Maire  de Narbonne, du Président de la Communauté d’Agglomération et des élus de droite et de gauche présents, de manière à se trouver face à la foule présente. De face, et séparée! Entre eux, un no man’s land de quelques mètres. Comme si la circonstance impliquait et justifiait que soit symboliquement signifié cette distance, alors – étais-je le seul? – qu’était attendu un seul « corps », en communion de coeur et d’esprit. Et puis vint le premier son de cloche signalant l’imminence de midi. Un silence lourd, scandé par la seule frappe du battant. Douze fois. Silence! Émotion! Et puis vint aussi  l’inévitable moment de la dispersion, dans un murmure de paroles indistinctes. Jusqu’au soir, un vague sentiment  de gêne et d’échec s’est mêlé aux images de ce rassemblement voulu en hommage aux victimes de l’attentat de Nice revendiqué par l’État Islamique du Levant. Jusqu’à ce que je me décide à écrire ces quelques lignes. Pour le mettre à distance, en trouver sa source, et l’évacuer. Qu’on me pardonne si quiconque à cette lecture s’est senti offensé…

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Commentaires (2)

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    Jean-Luc VERGNAUD

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    Mon cher Michel,
    L’organisation – ou plutôt le défaut d’organisation! – de cette cérémonie, qui tranchait avec la spontanéité éclatante des premières manifestations pour Charlie, m’a également troublé à plus d’un titre. Par-delà la cassure entre le « groupe de personnalités locales et d’élus » et la « foule » que l’ombre bienfaisante des « Dames de France » ne peut seule expliquer, j’ai ressenti comme toi une gêne tenant tout à la fois au peu de monde présent, à « l’effet d’habitude » qui semblait s’installer, à l’odeur de résignation qui flottait. La mobilisation n’est-elle que fille de l’hiver et du Cers? Sommes-nous les grognards d’un dernier carré prêts à jeter à la face de terroristes le mot de Cambronne avant de nous évanouir dans le néant de nos illusions? Difficile à croire et encore plus à vivre!
    Va! Demain est un autre jour mais je crois que nous avons pris un coup de vieux!

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      Michel Santo

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      Merci Jean Luc pour ton témoignage. Demain sera en effet un autre jour, et chaque jour peut être une raison supplémentaire de pleurer sur sur nos illusions perdues. Mais je ne ferai jamais ce cadeau à tous ceux qui voudraient nous faire taire de rester silencieux quand l’emporte, comme tu le dit si bien, l’esprit d’habitude et de résignation. Que m’ont semblé incarner, dans la manière même de se déplacer, si je puis dire, le « groupe de personnalités et d’élus ». Restons, malgré tout, du dernier carré des « grognards » Jean Luc. Et comme disait mon grand père: « todo recto Miguel, todo recto! » Bien à toi!

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