Chronique de Narbonne et d’ailleurs. La grande librairie de François Busnel était au Somail, en Narbonnaise…

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Jeudi 28 mai, France 5 diffusait la dernière émission de la saison de La grande librairie. À cette occasion, François Busnel proposait une spéciale « Bibliothèque idéale » pour cet été depuis la librairie « Le trouve tout du livre » au Somail, dans l’Aude, au bord du Canal du Midi, à quelques petits kilomètres de Narbonne. Un site superbe, et une bibliothèque somptueuse. Je m’y rends souvent. On y trouve des livres rares, mais aussi des BD et les nouveautés littéraires du moment. La profondeur du lieu, ses odeurs de vieux bois et de papier, son calme et sa sérénité font de cette librairie hors du commun et du temps, un des derniers refuges où s’isoler à l’abri du vulgaire, de la mode et des marchands de papier… Quant à l’accueil, toujours agréable et courtois, il  ajoute à ce temple des lettres un discret mais puissant sentiment de bien-être.  Celui qui vous enveloppe au moment de pénétrer dans ce monde où les morts et les vivants s’offrent à vous par la grâce de leurs seuls esprits.

Je ne dirai rien des auteurs qui entouraient François Busnel ce jeudi. Seulement que Régine Detambel, qui connaît bien cette région: elle vit à Montpellier, a « réglé son compte » à Stendhal et à son Voyage en France. Un texte qui, à son dire, lui tomberait des mains. Et de citer de mémoire, et donc approximativement, un passage concernant la ville de Narbonne et son caractère venteux pour illustrer son propos. Un passage que voici, et ma foi, à mon goût, fort bien vu: « Arrivé à 11 heures et demie de Carcassonne et en 5 heures et demie. Ville aussi gaie que Carcassonne est triste, mais c’est la patrie du vent. Je viens d’être obligé de renoncer à passer par une petite rue contre la cathédrale au Nord. Le vent me lançait de petites pierres à la figure de façon à me faire mal; de plus j’ai craint qu’il ne me renversât. »

La suite de cet ouvrage, même s’il fut de commande, n’est pas mal non plus… et ne me semble pas mériter  ce jugement à l’emporte pièce de notre auteure invitée.


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La preuve en est que Philippe Sollers, qui n’est pas le plus mauvais de nos contemporains, prend, lui, l’exact contre-pied de Régine Detambel. Et de s’expliquer: « Imaginons Stendhal aujourd’hui : il apprend avec stupeur que sa ville natale, Grenoble, où il s’est supérieurement ennuyé pendant son enfance, est devenue une sorte de capitale de la délinquance provinciale. La France, d’ailleurs, lui paraît dans un drôle d’état: agitation sécuritaire, dépression profonde, crise d’identité, abîme de plus en plus vertigineux entre les riches et les pauvres. Il n’y a plus ni rouge ni noir mais seulement du gris très bavard. Il décide de faire un tour dans ce vieux pays, qui, hélas, n’est jamais arrivé à égaler l’Italie. Il prend quelques romans contemporains pour son voyage, mais ils sont lourds, sombres, pénibles. Il les feuillette un peu et s’endort. En réalité, nous sommes en mars 1838, en pleine Restauration réactionnaire, et c’est « Voyage dans le midi de la France », un des plus beaux livres de l’auteur du « Rouge et le Noir ». »

Mais il est vrai que Philippe Sollers a de très bonnes raisons – il est né à Bordeaux! – d’aimer Stendhal et son « Voyage en France ». Il y est écrit en effet que Bordeaux est :  « la plus belle ville de France ». J’ajoute, en passant, que les quelques petites notations du même sur la France d’alors résonnent étrangement avec ce que nous connaissons de celle d’aujourd’hui…

Photo: source Double Je: ici

 

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Commentaires (4)

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    danielle rangoni

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    De votre avis concernant le ton et les mots employés pour descendre Stendhal qui fait une description de ce qu il subit à Narbonne : le vent..

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    Pélissier

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    Stendhal, et c’est bien pourquoi on s’en gausse, dégage dans son « voyage dans le midi de la France, un ennui profond, lui demande-t-on de nous assommer de chiffres, surtout selon les mesures de l’ancien Régime, craignant sans doute que l’ultra conservatisme de la Restauration ne lui reproche d’évoquer le système métrique ? Par ailleurs son fameux « style de procureur » convient mieux à des rapports d’huissier ou d’expert un peu étriqué qu’au souffle de la littérature … Il est vrai qu’il n’a pas écrit là un roman mais un guide … Parmi lesquels on préfèrera toujours ceux des spécialistes, plus en recherche d’objectivité. Ainsi, vu du point de vue des utilisateurs, les fameux petits guides bleus de Hachette sont bien plus évocateurs et des sites et des contextes !
    C’est ainsi que oui, je suis assez d’accord avec le reproche fondamental de Régine Detambel, s’agissant d’un écrivain, « son livre nous tombe des yeux ». Au fond il est assez rassurant pour tout écrivain, fut-il en herbe, de voir à quel point des reproches essentiels peuvent concerner les plus grands, ou ceux jugés de la sorte.

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    Elle

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    Mais ce blog est une véritable mine d’or ! Je n’avais jamais lu Stendhal je crois. (le rouge et le noir à l’école peut être, si c’est bien de lui ??) j’ai bien aimé le passage sur la Robine, on dirait de La Palisse ! Quant au Somail, l’accueil est chouette et pointu. La dernière fois que j’y fus, j’ai entendu une libraire répondre à un curieux : « demandez moi, je suis là pour ça ! Je sais tout ce qu’il y a dans ma librairie. » Un endroit fabuleux !

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