Chronique de Narbonne, et d’ailleurs. Sous la « Com », les vrais chiffres du chômage…

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La publication des chiffres du chômage, chaque mois, donne lieu à des commentaires toujours partiaux et très souvent partiels. Celle de mars n’échappe pas à la règle. Elle annoncerait, clament tous les médias, ou presque, avec le même titrage, et sur  le même ton, l’esquisse, l’ébauche, le commencement de l’hollandienne « inversion de la courbe du chômage ». L’argument avancé est la baisse, incontestable, des seuls demandeurs d’emploi de catégorie A: -60 000. Les autres, dans les catégories B et C (ceux qui font plus ou moins 78 heures dans le mois), à l’évidence, n’intéressant pas les commentateurs professionnels. Et pour cause, ils ont augmenté: +51 300. Ce qui fait un solde: -9000 ( j’arrondis), il est vrai moins flatteur, et moins  vendeur auprès de l’opinion, des lecteurs et auditeurs de ce pays. Rien là de bien nouveau. Les médias fonctionnent selon les lois de la « communication »: enjoliver ou caricaturer à l’excès. Un phénomène qui se constate aussi dans ma petite ville, mon département et ma région.

Comme dans cet article de l’Indépendant du 29 avril , ainsi titré:  « Aude : le chomâge des jeunes en forte baisse » – je laisse volontairement la faute d’accent, en bonus! Sous lequel on trouve un magnifique bouquet de superlatifs:  « Baisse spectaculaire, surprise, recrutements, progression… », qui amène notre rédacteur, enivré par son propre enthousiasme, à s’interroger, « philosophiquement » sur un possible « effet grande région ». Oui, oui, sans rire! Mais qu’en est-il en réalité du  chômage dans l’Aude? (1).

D’abord, j’observe que le nombre de demandeurs d’emplois, toutes catégories: A,B et C, diminue sur un mois (-1,1%), mais continue d’augmenter sur un an (1,4%). Ensuite, je note que, dans cet ensemble, sur un an toujours, si le nombre de demandeurs sans emploi baisse (-3,1%), celui des demandeurs qui exercent une activité réduite, courte ou longue, augmente fortement (9,7% pour les premiers, 13,6% pour les seconds). Ce qui signifie que, dans l’Aude, département où le taux de chômage est déjà très élevé, et l’emploi saisonnier fortement représenté, la tendance est à la précarisation de l’emploi. Enfin, je constate une progression de +11%, sur un an, inquiétante à moyen et long terme, mais conjoncturellement favorable pour les bénéficiaires et statistiquement très intéressante pour les pouvoirs publics, des demandeurs d’emplois non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi (Catégories D et E). C’est à dire  de personnes en formation, stage, maladie… ou qui bénéficient de contrats aidés. Soit 6000 demandeurs d’emplois qui, pour beaucoup, en  fin d’année 2017 ou 2018, après la présidentielle, risque de passer dans les catégories A,B et C .

Comme on peut le constater, sans besoin de devoir trop insister, la réalité est moins brillante que celle qui nous est donnée à voir et à entendre un peu partout dans nos médias nationaux et locaux. Une dernière remarque enfin tirée de cette brève analyse. Indépendamment des effets de conjoncture, « inverser la courbe du chômage » d’ici la fin de cette année 2016, au plan national, suppose le transfert du plus grand nombre possible de demandeurs d’emploi tenus d’en rechercher (AB et C) un dans la catégorie de ceux qui n’y sont pas tenus (D et E). C’est l’objectif visé par le plan gouvernemental: « 500 000 chômeurs, de plus, en formation, en 2016″… L’Aude donne une bonne image, si je puis dire, de cette stratégie…


(1) Demandeurs d’emploi inscrits à pôle emploi dans l’Aude en mars 2016: (ici) Photo d’illustration: RTL2

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