Chronique de Narbonne. Presse: la pluralité d’expression, c’est terminé…

images images-1Clap de fin pour la rédaction de Midi Libre. L’agence de Narbonne est officiellement fermée, conséquence prévue du rachat (1) de l’Indépendant et du Midi Libre par le groupe de monsieur Baylet, la Dépêche du Midi. Ses bureaux sont vides et les ordinateurs muets. Et les personnels, journalistes et agents administratifs ont été recasés dans les autres rédactions régionales du titre. Manuel Cudel, l’ex-patron de l’agence narbonnaise, officiera (officie déjà?) désormais à Montpellier où il ne manquera pas d’y déployer toutes ses qualités de plume. Enfin, pas tous, recasés! D’autres ont fait jouer la « clause de cession » et se lancent dans de nouveaux métiers. Monsieur Boillot, par exemple, dont j’avais annoncé, en février de cette année, qu’il allait rejoindre le cabinet de Didier Mouly. Eh bien, depuis le début septembre, il  y  « loge » officiellement. L’annoncer, à l’époque, m’avait valu, de sa part, des propos disons peu amènes et de sérieuses menaces judiciaires. Mes « élucubrations », en effet, le mettaient , selon lui, « dans une situation préjudiciable » etc…etc… Alors même que tous ses collègues étaient au « parfum » et qu’au Palais on se plaisait, au goutte à goutte, à le distiller. Passons, par charité profane!  Mais notons cette leçon donnée par un professionnel soucieux de son honneur professionnel qu’il est illégitime, pour des non-journalistes, d’user de méthodes universellement constatées dans l’univers  de la presse écrite en particulier et des médias en général. Clap de fin donc pour la rédaction de Midi Libre, disais-je, mais non pour son titre toujours disponible chez nos marchands de journaux. Avec un contenu entièrement rédigé par les journalistes de l’Indépendant, pour les pages locales! Une équipe en fête aussi: son illustre et inamovible rédac-chef André Navarro, dont le sens critique nous éblouissait, ayant quitté les lieux (2). Mais une rentrée bien triste aussi qui sonne le glas de la pluralité d’expression… Ne me reste plus, à ma manière, qu’à essayer de la garantir sur ce modeste support…

(1)  Liens: notamment ce billet . Cliquer aussi sur le mot-clé La Dépêche du Midi

(2) C’est Jean Paul Chaluleau qui tiens, pour l’heure, les rênes de ce qui reste de l’équipe restante. Toute là, sans Navarro, suis-je obligé de préciser, après avoir reçu un tweet dont l’auteur (e) est manifestement insensible à ma forme d’humour…

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Commentaires (6)

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    Nathalie MP

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    « Ne me reste plus, à ma manière, qu’à essayer de la garantir sur ce modeste support… » : Je vous souhaite tout le succès possible dans cette entreprise, bien que suivant d’assez loin l’actualité de votre région (sauf l’affaire du Président délégué, incroyable !)
    Bon dimanche !

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      Michel Santo

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      Merci Nathalie! Beau ciel bleu ici… Bon dimanche à vous aussi!

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    Olivier Bot

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    La fermeture de l’agence Midi Libre de Narbonne me touche et m’attriste. J’ai eu la chance d’y animer une équipe de journalistes de talent et d’y faire un travail journalistique de fond. Durant cette période, les ventes du quotidien en Narbonnaise progressaient. Longue vie à l’Indépendant. Jean-Paul Chaluleau est un excellent confrère et je ne doute pas qu’il fera vite oublier l’éblouissement que le sens critique de son prédécesseur a produit durant ces années, nous laissant, comment dire… un espace d’expression de la pluralité.

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    Michel Arcens

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    Peut-on dire que « la pluralité d’expression », c’en est fini à Narbonne en matière de presse écrite régionale? Sans doute. Mais il faudrait au même moment être aussi « objectif » ou « impartial » que possible.
    Je sais que je puis sans difficulté être accusé de parti-pris mais quand même…!
    Cher Michel, tu sais bien, (nous en avons parlé) que le département de l’Aude a vécu pendant des décennies une « pluralité » qui fut un cas d’exception dans le « paysage » de la PQR en France. (Des « cas d’exception », il y en avait d’autres, mais bien peu.) Cela s’expliquait ici par la conjonction de deux phénomènes: d’une part des entreprises qui faisaient alors des profits suffisants par ailleurs càd grâce à toutes leurs éditions où elles se trouvaient alors déjà en situation de « monopole » et d’autre part en raison d’un territoire « carrefour » (tu ne me contrediras pas sur le terme) lieu pour chacun des titres d’une concurrence qu’il jugeait essentielle. Dans notre région, au même moment combien y avait-il de journaux à Montpellier, Nîmes, Béziers, Sète, Alès…?
    Aujourd’hui, je ne verrais qu’un chef d’entreprise irresponsable pour poursuivre dans cette voie dont les implications économiques sont lourdes dans un contexte général que tu n’ignores pas et sans doute les lecteurs du « Contre regard » non plus. On ne peut pas, hélas, penser que l’idéal (la pluralité) ne repose pas sur une réalité, (en l’occurrence économique.) Sans doute y a-t-il eu une erreur dans le passé, c’est de ne pas avoir fait plus tôt ce travail difficile.
    Il s’agit donc désormais de faire une certaine confiance au professionnalisme des journalistes, à l’ouverture au lectorat que peut pratiquer le journal (ou les journaux quand c’est le cas), à sa capacité à être critique et auto-critique, à s’adapter aussi aux nouvelles façons de lire, à la gratuité de celles-ci et donc à apporter de nouvelles « valeurs ajoutées ». Cela ne peut se faire sans réformes et changements.

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      Michel Santo

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      Bonjour Michel !
      C’est vrai Michel! Tes arguments économiques, je pourrais les reprendre. Sur la capacité d’une rédaction à produire en son sein une marge de « critique » et d’auto-critique, je ne te contredirai pas non plus, sur un plan théorique, en tout cas. Idem sur le professionnalisme des journalistes. Olivier Bot, un ami actuellement en Suisse, qui fut le rédac-chef du Midi Libre de l’agence de Narbonne, dans un commentaire précédent y compte aussi, et fait confiance à J. Paul Chaluleau, s’il devait diriger la rédaction de L’Indépendant, pour qu’il en soit ainsi. Mais que je te précise le sens de ce billet. Il ne s’agissait pas, pour moi, de nier ces arguments Michel. Dans un billet précédent, au tout début des négociations de reprise, je les faisais miens. Simplement, et dans mon rôle, si je puis dire, je « gratte » un peu là où se pose un vrai problème. Je te donne un seul exemple: la couverture par les deux titres du lancement par Madame Pinel d’un Atlass, présenté comme une visite ministérielle banale, alors même que cet Atlass est sur orbite depuis octobre 2014, comme je le signale dans mon billet, critique, sur le sujet. J’aurais pu aussi relever que le monsieur qui l’accompagnait présenté comme un expert était en réalité Claudy Lebreton, ancien président PS du département des Côte d’Armor et président de l’Assemblée des Départements de France battu lors des dernières élections, et d’autres choses encore… Tu vois, nous sommes d’accord sur un plan général, mais il y a encore beaucoup de progrès à faire… Bien à toi, ami!

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    Michel Arcens

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    Il y a certainement beaucoup à reprendre et à refonder en matière de presse régionale et le travail est considérable. Précisément, pour une information et aussi un débat de qualité, d’intérêt aussi général que possible.
    (Sans doute y a-t-il le risque d’une politisation avec ce qu’aujourd’hui cela comporte de rejet par les lecteurs, citoyens… Mais pas davantage qu’avant il me semble. Souvenons-nous du rôle « actif » de Midi Libre en 1973: serait-ce acceptable en 2015 ? Même si Narbonne n’a pas eu à s’en plaindre, me semble-t-il.)
    Quoi qu’il en soit, il faut en un premier temps, pour les entreprises de presse, une réforme profonde, éditoriale et économique (et donc aussi de leur modèle de « production ») afin, non pas de maintenir trois titres mais au moins d’en avoir un qui sache jouer au mieux son rôle. Rôle qui ne sera jamais parfait, rôle qui ne fera jamais l’unanimité…

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