Chronique de Narbonne. Raisons, impact économique et craintes d’un amateur de sport de glisse en Narbonnaise…

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Le 16 mars, je mettais en ligne un billet intitulé: « De la « Glisse » naîtrait une « Californie » languedocienne?! » Un billet dans lequel je posais quelques questions après que les deux CCI de Béziers et Narbonne, ainsi que l’Agglo du Grand Narbonne, aient planché sur le thème du vent comme source de valeur, de profits et d’emplois. Je reçois, aujourd’hui même, un commentaire très argumenté d’un pratiquant de sport de glisse, en réaction à mon article, dans lequel il explique les raisons pour lesquelles il fréquente depuis des années nos plages, son impact économique et ses craintes pour l’avenir. Une contribution à un débat qui m’a semblé devoir être portée à la connaissance de mes lecteurs, et des maires et président d’exécutifs locaux qui me suivent, notamment sur ces questions d’économie locale et touristique. La voici:

Bonjour,

Je me permet de poster pour vous donner un avis d’utilisateur. Je suis pratiquant de planche à voile et adepte des plages de Gruissan à La Franqui depuis plus de 30 ans. Je fais aussi partie des CSP+ de 40/50 ans qui se déplacent maintenant en famille…

Une fois le cadre posé, je vais décrire mon mode de fonctionnement et les raisons de mes fréquents retours vers cette région.

D’abord pourquoi venir pratiquer ici? Les raisons sont multiples :

– le vent souffle fréquemment et les prévisions météo sont fiables et faciles à interpréter lorsqu’on se déplace de loin – les spots ont un potentiel évident, avec un fort vent de terre qui lisse les plans d’eau et les rend propices à la vitesse – les accès sont faciles, directement sur la plage, ce qui permet de pratiquer en sécurité, avec la « logistique » à proximité et dans un cadre superbe, sauvage et préservé – le climat est agréable et la Tramontane est souvent accompagnée du soleil – étant originaire de Toulouse, j’ai connu les spots étant jeune, et même en ayant habité beaucoup plus loin (Paris, Normandie, Haute-Savoie), je suis toujours revenu sur ces plages parce que ce mélange de caractéristiques est assez unique.

Ensuite, comment se passe un séjour typique et quel est mon « impact économique »? – le « trip », c’est entre 2 et 5 jours. Pas très long, mais suffisant pour avoir « les bras qui tirent » et ça permet de revenir souvent. – seul (rarement), avec des amis planchistes (la plupart du temps, ces séjours sont l’occasion de se retrouver autour d’une passion commune et d’un endroit fédérateur), en famille (une fois par an) – l’hébergement, c’est selon… Si c’est la saison chaude, et que je suis seul, je trouve qu’il est plus agréable de dormir dans la nature. Les petits matins avec le soleil qui se lève au dessus des salins sont splendides… En famille ou à la saison fraîche, c’est direction les gîtes ou les campings pour des nuits qui reviennent entre 30 et 100 € – les repas : casse-croute le midi sur la plage pour profiter de la journée de navigation. Les courses systématiquement dans les commerces de la région, parce que ça évite de trimbaler des provisions pendant des heures de route, parce que j’ai plus de temps le samedi matin sur place que le vendredi soir en sortant du travail juste avant de prendre la route, et parce que j’aime bien les produits locaux, surtout ceux à base de raisin fermenté… Addition entre 100 et 300 € pour 3 jours (selon le nombre de caisses…). Restaurant le soir, entre 20 et 50 € par personne. C’est le moment « détente » ou on en profite pour se poser et refaire la journée de navigation… – le matériel : il y a une forte concentration de surfshops dans la région, et c’est l’occasion d’aller « faire son marché ». Offre pléthorique en comparaison avec des régions ou les magasins ont quasiment disparu, possibilité de voir le matériel en direct, d’essayer et de discuter, contrairement au net, bref c’est Noël avant l’heure…

Au total, on arrive à une dépense annuelle comprise dans une fourchette de 300 à 4000 € selon le nombre de séjours et de personnes. A multiplier par le nombre de planchistes qui ont le même profil… Le gros souci, c’est que tout ce schéma risque fortement d’être remis en question.Entre les projets d’extension du port de Port la Nouvelle, les fermetures des accès aux véhicules sur les plages, les aménagement inadaptés proposés à la place, la concentration que ça va entraîner sur quelques points, la perte de tous les aspects pratiques et sécuritaires, j’en viens à me demander si le jeu en vaudra encore la chandelle… Si vous ajoutez à cela la concurrence de destinations plus « exotiques » à des tarifs agressifs, l’orientation politique qui semble être prise pour la gestion de ce capital « glisse » risque surtout de sonner le glas de ces spots pour de nombreux pratiquants…

Bien cordialement,

Michel.REBIERE

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Commentaires (2)

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    Alphonse Martinez

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    Dans une région la plus ventée d’Europe on a pas su créer la moindre industrie autour du vent ,même pas une manifestation genre salon qui aurait pu attirer tout ce qui peut être imaginé comme machines marines ou terrestres utilisant l’énergie du vent . En dehors des cerfs volants de Leucate ….rien !

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    Jean Louis GIROUX

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    Je partage tout à fait la vision de Michel Rebière. Je suis de Charente et dès que la météo annonce 2 jours consécutifs de tramontane le week end, pas d’hésitation : 1000 km A/R pour retrouver la plage de la Vieille nouvelle, le vent fort, et profiter de ce plan d’eau unique en France. Si le défi Wind y pose chaque année ses chapiteaux et attire le plus grand rassemblement de windsurfers au monde, ce n’est pas pour rien. Cette plage permet de parcourir 11 km en windsurf, en toute sécurité, à haute vitesse . Il n’existe pas d’autre endroits sur Terre pour cela.
    L’idée de confiscation de la plage fait froid dans le dos. L’application des directives européennes sans discernement est une hérésie. Nous ne sommes pas sur la façade ouest de la France ou la route longe la plage de Dunkerque à Hendaye… Il suffit de sauter une digue ou une dune pour se retrouver sur la plage. A Gruissan / PLN, la plage est longue, mais elle est large aussi et fermer les accès actuels priveraient définitivement l’accès à la plage, transformée en sanctuaire.
    Pratiquer un sport de glisse implique le porté de matériel sur le lieu de pratique. L’impossibilité d’accéder à la plage engendre tout simplement l’arrêt de la pratique sur le site, et toute l’activité économique qui en découle.
    La question de sécurité est aussi engagée, aussi bien pour les pratiquants des sports de glisse que les baigneurs. Les piqûres de vives y sont fréquentes et il est bon de pouvoir trouver rapidement une trousse de secours ou récupérer son véhicule pour aller chez un médecin.
    Les arguments tenus par les défenseurs de la plage ne sont pas recevables, les windsurfers ne détruisent pas leur environnement, ils en sont les gardiens les plus fidèles et luttent contre les pollutions causées par des gens moins bien intentionnés.

    La bande de roulement telle que la demande le collectif Vieille Nouvelle, est une solution simple, raisonnable et peu couteuse. Pourquoi rejeter des milliers de vacanciers qui iront surpeupler d’autres plages, d’autres parkings ? A l’automne, quand les coups de marin nettoient les dunes et redessinent la plage, les dégâts occasionnés par d’éventuels malappris, sont effacés et laissent la main à la tramontane qui joue à sculpter de nouvelles dunes. Il n’y a donc aucun impact de la présence humaine sur la plage, contrairement à ce que les biens pensants veulent nous faire croire. A part l’emplacement des dunes, rien ne change à la Vieille nouvelle, il serait souhaitable que cela continue comme ça, pour le bonheur de tous.

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