Des « Nus » de Philippe Kandel annulés à Coursan|Contre-regard.com : chronique narbonnaise.

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© France 3 / Culturebox

J’ignorais que la petite ville voisine de Coursan, qui, traversée par la RN 9 et le fleuve Aude était moins connue jusqu’ici pour son riche patrimoine historique et culturel que pour ses inoubliables embouteillages estivaux et ses mémorables inondations hivernales, possédait une Maison du Tourisme et de l’Information. Depuis hier, les voilà toute deux désormais entrées dans l’histoire culturelle nationale par la voie d’une dépêche signée Odile Morain, dans FrancetvinfoCulturebox. Un texte plat comme une brème – dans lequel une grossière faute de grammaire donne du crédit à la dégradation généralisée de la prose journalistique –, qui nous informe que le photographe Philippe Kandel avait été censuré « suite à la plainte d’élus et de personnels administratifs de la mairie… ». Soyons plus précis et disons que c’est le photographe lui-même qui a décidé d’annuler son exposition au motif que les « autorités » locales lui demandaient de retirer six photos considérées par eux comme « choquantes ». À les voir, en ce lieu où un visiteur attend surtout d’être correctement renseigné sur les heures d’ouverture et de fermeture de la « Réserve Naturelle de Sigean », notamment, on peut imaginer, il est vrai, sa surprise amusée devant une série de clichés présentant des mammifères de son espèce dans leur nudité originelle. Rien de plus banal, pourtant, dans une époque comme la nôtre où l’apologie des corps dénudés de tous formats se fait dans les plus grandes salles de spectacles du monde, ou dans certaines manifestations à caractère « progressiste » de surcroît diffusées dans les « journaux » d’informations des grandes chaînes de télévision. D’autant plus banal, en effet, que le « nu » est un classique de l’art photographique ; et le photographe en question un spécialiste de la « chose » bien connu dans le paysage culturel local. On peut donc porter le jugement moral ou esthétique que l’on voudra sur le travail de Philippe Kandel – que je ne connais pas –, mais, des photos que j’ai pu voir, on ne peut, lui contester son honnêteté intellectuelle et, paradoxalement, son sens de la mesure – je prie le lecteur de ne voir aucune grivoiserie dans ce dernier propos. Bref ! Ce micro événement devenu depuis une affaire régionale – un reportage sur FR3 Languedoc-Roussillon – et nationale[1], aurait pu être évité si, comme pour le différend ayant opposé Louis Jammes à la Ville de Narbonne[2], dès avant l’exposition en question, le responsable politique, ou pas, de la municipalité coursannaise et Philippe Kandel s’étaient aimablement concertés ; ce qui est tout de même la moindre des choses pour ce genre d’exposition. En attendant, ce dernier bénéficie d’un formidable coup de pub – gratuit ! –, puisqu’il nous est annoncé que ses photographies censurées feront bien partie de l’exposition prévue courant décembre à la galerie Anne-Marie Jaumaud – et non Jobin, comme indiqué dans ce pauvre article de madame Morain.


[1] Aucun écho cependant dans la presse locale !

[2] Voir mon billet sur le sujet en cliquant sur (ici)

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Commentaires (2)

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    MÜHL

    |

    Bien d’accord sur la concertation d’avant expo, mais moi qui visite beaucoup d’expositions un peu partout je suis quand même surpris de constater que des élus locaux se permettent de juger, ou de censurer une exposition ou un spectacle. L’expression artistique doit restée libre et nous visiteurs sommes bien assez grands pour jugez nous même si une oeuvre nous plait ou pas. Nous n’avons pas besoin que certains élus nous disent ce que nous pouvons voire ou ne pas voire.

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