Ego en furie (Morelle,Thévenoud,Trierweiler… et Sarkozy)

        revue des deux mondes Crépu                 L’édito, écrit il y a huit jours à peine, de Michel Crépu :

L’espèce humaine est riche en variétés, en spécimens de toutes sortes. Cette semaine, nous nous arrêterons un instant sur le cas d’Aquilino Morelle. Voilà un homme qui a été congédié du gouvernement voici un an pour cause de conflit d’intérêt. À l’époque, cela faisait encore un peu scandale d’être pris les mains dans le pot de confiture. Aujourd’hui, le dernier des malfrats peut se présenter au micro et arguer pour sa défense, comme Thomas Thévenoud, d’être atteint de « phobie administrative ». Le charabia « psy » subvient à tout, jusqu’au dernier degré de la Tartufferie. Ni responsabilité ni culpabilité. Chez les Thévenoud, on est affligé de phobie administrative comme on est myope, gaucher. C’est une terrible maladie. Dans le cas de M. Morelle, le malfrat n’éprouve même plus le besoin de se procurer une explication de secours, signe de mauvaise conscience. Non seulement il ne se sent ni responsable ni coupable, mais il ne craint pas de poser en martyr tout en montrant les crocs. Ainsi M. Morelle clame-t-il qu’il a été successivement exécuté par la Tchéka (la gestapo communiste) et victime désigné d’un génocide à la manière du dernier en date, l’ougandais de sinistre mémoire. Tout cela du fond d’un fauteuil où l’on voit encore les traces de balles des tueurs.

Lassitude ou négligence, la classe médiatique s’est peu émue du degré d’abjection de tels propos. Voilà un homme qui fut conseiller de Lionel Jospin, l’auteur du fameux discours du Bourget de François Hollande, n’hésitant pas à cracher sur les vrais morts, non pour se défendre mais pour dégorger simplement sa bile. Délire d’enfant gâté, furieux qu’on lui ait ôté son hochet. Précisons que l’emploi ici du mot « délire » ne sert nullement d’excuse pathologique à quelqu’un qui souffrirait de phobie persécutrice. Non : monsieur Morelle sait parfaitement ce qu’il dit quand il parle de Tchéka ou des crimes génocidaires entre Hutus et Tutsis. Ne l’a-t-on pas employé, en haut lieu politique, pour la qualité de ses services ? Il paraît qu’il est médecin. On ne voudrait pas être le patient d’un homme à ce point dominé par ses vexations. On a bien ri, naguère, sur ses caprices de cour, son usage immodéré du cirage. L’éclat de ses chausses n’empêche pourtant pas le planton de monter la garde : mais M. Morelle a d’autres ambitions que d’être planton. Il se voyait en Père Joseph du socialisme qui hait les riches (il en existe un autre qui les adore, c’est le même) : en témoigne ce fameux discours du Bourget, véritable allégorie du mensonge politique.

Révélateur, dira-t-on, d’un degré d’éloignement de la réalité des faits, de la réalité tout court. C’est le point commun qui existe entre Thomas Thévenoud, Aquilino Morelle et Valérie Trierweiler : les trois n’ont plus que faire de ces modestes données objectives qui font le décor de la vie quotidienne des Français fascinés par le vide. La femme délaissée impose sa colère au conseil des ministres qui a éventuellement autre chose à faire ; le secrétaire d’État s’affuble d’une pathologie grotesque dans l’espoir qu’on va avaler ça, l’ancien conseiller viré se voit découpé à la machette par les sbires de la tchéka hollandienne. Dans les trois cas, on demeure ahuri par l’énormité du vulgaire égocentrique. Comment nommer cela ? Tout se passe comme si l’ego en furie anéantissait sur son passage les petites digues de protection morale qu’on avait édifiées à la hâte. Les trois susnommés s’en moquent. Ils confondent le monde avec leur monde à eux. Confusion criminelle dont on sait bien à qui elle profite. Impardonnable. On écrit cela à huit jours à peine du come back de Nicolas Sarkozy, grand blessé de la dernière guerre. Il se murmure que Nicolas Sarkozy aurait « compris ». Quelle lumière a donc illuminé la cervelle de « Nicolas » ? Ne doutons pas qu’il aura mis à profit ces mois de faux éloignement pour comprendre par quelle étrange malédiction il a été incapable de faire ce qu’il avait promis de faire une fois élu. Il disposait pourtant alors d’un jeu d’atouts envié par toute la planète. Et pourtant rien. Nicolas Sarkozy souffrait peut-être de phobie de prise de risque. Une terrible maladie. Il va nous dire comment il a trouvé le chemin de la guérison. Cela va être passionnant.

Via Ego en furie – Michel CRÉPU.

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