La Cranquette, et les songes de certains soirs d’été devant cette maison aux volets bleus…


J’ai longtemps rêvé, certains soirs d’été, devant cette maison aux volets bleus située en plein coeur du vieux Gruissan. Ses occupants, sous la  treille, goûtaient le calme et l’air frais du moment. Je m’imaginais alors les rejoindre autour de leur petite table basse sur laquelle reposaient des verres emplis d’une boisson fraîche. Une main m’attendait pour me conduire dans sa pièce la plus sombre où je m’installais entre les bras du fauteuil le plus profond. J’y demeurais seul, enfin, à méditer sur cette quête d’ailleurs qui toujours me ramène dans les mêmes espaces, les mêmes lieux. Imaginaires souvent ! Trop de lumière, sur soi et sur le monde, me blesse… Je n’appris plus tard que cette maison, devenue magique à mes yeux, était un ancien presbytère. Ma fascination pour elle en fut accrue d’autant. Elle devint ainsi le lieu emblématique de  toute mes espérances, – une image du bonheur ! Inutile de dire que jamais je ne fus invité à en connaître les secrets. Aujourd’hui transformée en un restaurant apprécié par les amateurs de produits frais cuisinés par Julien Privat, cela m’est devenu  possible. Mais sans jamais me faire pour autant oublier la « maison aux volets bleus » de mes rêves… Comment pourrait-elle m’échapper ! Je disais Julien, car je connais ce jeune garçon depuis ses quinze ans quand il vivait avec ses parents dans une bergerie magnifiquement restaurée, tout en haut de la Clape, dominant plaine et étangs. La bonne chère et les « amis » étaient déjà des invités permanents. C’est dire que je me suis senti un peu « chez moi » dans cet extraordinaire endroit aux murs décorés par les moulages en résine et plâtre de Brigitte, sa maman, qui donnent à la salle du rez-de-chaussée, moderne d’esprit, une ambiance chaleureuse, et baroque… ; la gentillesse de Julien ajoutant à la noblesse du lieu cet air de famille qui convient à celui pour qui l’art culinaire n’est pas qu’affaire de cuisson… Dimanche, j’en fais la confidence, jour de mon anniversaire, j’ai choisi dans son menu un tartare de veau en entrée, suivi d’un dos de cabillaud accompagné d’asperges pour finir par une tarte au citron, à la façon de Julien. Ne me demandez pas les petits secrets de ces mets présentés dans de belles et généreuses assiettes, j’en suis incapable. La seule chose que je puisse dire est que loin des tendances à la mode, chaque plat est à l’image de son « créateur » : sincère. Comme cette bouteille du « patron » : l’Ultim de Gilles Troullier. Une très belle Syrah d’altitude (La Tour de Carol)   au nez intense et complexe, un concentré d’arômes et de fruits. Il faisait bon, plus tard, assis sur un banc avec, au premier plan, l’étang sous un beau soleil d’avril, à contempler et s’émerveiller des jeux de lumière sur les gris et les verts de la Clape… tout en pensant à cette étrange « maison aux volets bleus » ; à Julien, et à sa belle « table » ; si accueillante, si fraîche, si vraie… Et rêver d’ailleurs, là, si proche… à portée de cœur !

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Commentaires (2)

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    Aimé COUQUET

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    L’âge et la bonne chère (et le vin) rendent poète !

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      Michel Santo

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      Aimé, vous connaissez ma sobriété ! Quand même !…

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