La gare TGV de Montpellier-Mogère, une imposture politique et financière ! | Contre-Regard.com

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Toute la Frêchie doit avoir mal au crâne depuis l’annonce, cette semaine, par Carole Delga de la suspension de ses paiements à la société gestionnaire du partenariat public-privé de la nouvelle gare TGV de Montpellier. Une gare depuis longtemps (1999 !) réclamée par Georges Frêche. Située dans le  nouveau quartier d’affaires d’Odysseum, son coût s’élève à 135 millions d’euros : 45 millions pour l’État, 45 pour SNCF Réseaux, 45 pour les collectivités territoriales ( Région, 32,175M€ ; Montpellier Agglomération, 11,825M€ et Nîmes Métropole, 1M€).

La raison de ce retrait de la présidente de la Région d’un chantier presque achevé est l’annonce faite mercredi, en préfecture, à Montpellier, par la SNCF, que seulement deux trains aller-retour circuleront dans la nouvelle gare TGV de Montpellier-La Mogère, à partir de la mi-2018. En conséquence madame Delga assure qu’elle ne reprendra ses paiements  que lorsque « la desserte (…) sera à la hauteur des engagements financiers qui ont été pris ». Ce qui est d’une hypocrisie totale ! En effet, dans ce contrat de partenariat, les financements des collectivités ne sont pas proportionnés à un nombre minimal de dessertes et chacune des parties savait qu’aucun train ne pourrait arriver à la Mogère tant que le contournement Nîmes-Montpellier ne serait pas opérationnel. De plus, on ne fait pas ce genre d’infrastructure, qui s’amortit sur un siècle, en exigeant, dès son ouverture,  que s’y développe un trafic qui nécessite un temps long pour atteindre son taux de croisière ; et de rentabilité. Non! l’affaire est beaucoup plus sérieuse. Elle pose encore  une fois la question de l’opportunité même de cette nouvelle gare  à Montpellier, alors même que celle de Saint Roch, au centre ville, fait l’objet de travaux de modernisation et accueille les TGV. L’argument principal  qui avait été invoqué pour justifier cette nouvelle construction :  la hausse du trafic mêlée à la saturation de la ligne actuelle et de la gare Saint-Roch s’avère aujourd’hui, pour ce qu’il était déjà alors,  sans fondement. Seul en effet le taux d’occupation (58%) du quai A de la gare Saint-Roch s’approche du seuil jugé limite (60%); les  cinq autres se situant entre 20 et 37%. Quant au  nombre de trains, il est resté sensiblement identique et le trafic fret a perdu près d’une quinzaine de trains journaliers entre Nîmes et Montpellier, ainsi qu’entre Nîmes et Narbonne. Ce qui amène la SNCF à douter de l’utilité de la gare TGV tant que la ligne nouvelle Montpellier Perpignan ne sera pas mise en service¹ .  À ce propos, ce même mercredi, au terme de discussions, disons viriles, le lancement de la première phase de cette LGV : Montpellier-Béziers a été lancé. L’enquête publique devrait donc commencer en 2017, avec un lancement des travaux en 2020, sans gare nouvelle prévue à Béziers, pour un investissement de 1,8 milliard d’euros. Un calendrier « d’affichage politique » : cette LGV ne figure pas en effet dans la programmation prioritaire de l’État (le rapport Duron, la reporte en 2030…). Cela dit, le masque  politique qui camouflait les véritables raisons de ce projet de nouvelle gare TGV de Montpellier tombé, compte tenu des sommes déjà engagées et d’un chantier quasiment terminé, je ne vois pas comment les parties prenantes pourraient l’arrêter. Au plan politique, par contre, les amis Verts de monsieur Onesta, l’influent allié de madame Delga sans qui cette dernière n’a pas de majorité, veulent  à présent le bloquer pour en changer, si je puis dire,  sa destination et en faire… un musée d’art contemporain (!). Ce qui ouvre une situation politique inédite au sein du Conseil Régional. Soit madame Delga suit monsieur Onesta, ses amis et se retire, soit elle cherche une majorité de gestion avec les voix du centre et de la droite pour boucler ce dossier. Quel que soit son choix – et celui des autres partenaires financiers – cette nouvelle gare TGV restera cependant dans l’histoire de cette région l’exemple même d’un immense gâchis  financier.  Et les récentes postures de  nos élus et responsables politiques régionaux, qui tentent de se défausser sur la SNCF, ne pourront plus désormais masquer leurs propres et lourdes responsabilités dans cette désastreuse opération  d’aménagement…


¹La SNCF n’a jamais  été très favorable à ce projet de nouvelle gare. C’est sous la contrainte politique qu’elle a cédé à la volonté de l’ancien président de la Région, président de l’Agglomération de Montpellier et des élus régionaux…


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Commentaires (1)

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    Patrick Martin UZAMUGURA

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    Pour comprendre cette gabegie doit-on occulter que cette gare de la Mogère a été implantée là pour justifier le tracé irresponsable de la DUP de l’A9? L’objectif était de d’exproprier les agriculteurs à moindre prix qui allaient se retrouver entre les deux autoroutes A9a et l’A9b pour y ériger 400.000 m2 d’hébergement et de bureaux. C’était sous l’aire de M. Philippe Saurel alors Adjoint à l’urbanisme de Mme Mandroux. M. Moure après Montpellier Unlimited au même budget de communication unlimited de près de 11 millions € en un an a quant à lui souhaité y implanter l’ECOCITE OZ. Mais voilà, patatras, il n’est pas élus, ni maire ni président de l’agglomération qu’il était et c’est M. SAUREL qui repris la basse besogne pour y implanter SUP de CO et ses 2800 étudiants qui seront avec les mille élèves du lycée Pierre Mendes France exposés à la pollution mortifère de ces deux grandes voies de circulation.
    Le jeux de la vierge effarouchée que font très bien nos élus socialistes ainsi que les protagonistes de la DUP de l’A9 et donc de la Gare de La Mogère ne résoudra ni cette gabegie financière ni le désastre humain des expropriation de dizaine d’exploitations agricoles et plus grave, l’exposition des population à une pollution mortifère tout cela pour renflouer les caisses déficitaires de la SERM qui entre autres bénéficiera sans scrupule de la valorisation de ce foncier. Ainsi va la gestion courtermiste de la région qui nous amène tout droit au crash territorial annoncé par le politologue M. Dominique REIGNE.
    « Une société qui survit en créant des besoins artificiels pour produire efficacement des biens de consommation inutiles ne paraît pas susceptible de répondre à long terme aux défis posés par la dégradation de notre environnement. » écrivait Pierre JOLIOT CURIE
    En détail: https://www.facebook.com/MONTPELLIERA9/photos/a.280024582101376.54364.165903733513462/690598921043938/?type=3&theater

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