La liberté de parole d’Emmanuel Macron carbonise la langue de bois de ses critiques…

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Devant les représentants des patrons – ils ont aussi leur université d’été – Emmanuel Macron a  prononcé ces mots « la gauche n’est pas exempte de critiques particulières », ajoutant : « Elle a pu croire à un moment que la France pourrait aller mieux en travaillant moins. C’était des fausses idées ». Gagner plus en emplois, salaires,  loisirs grâce au partage du temps de travail, était en effet le « récit progressiste » de l’époque… Les résultats sont là! Inutile d’insister. En octobre 2014, j’avais déjà noté dans un de mes billets que notre jeune ministre de l’économie « carbonisait la langue de bois politicienne ». D’où vient donc sa liberté de parole, dont nous privent en général les hommes de pouvoir et d’appareils? Simple: sa vie, son standing, ses revenus, son patrimoine etc… ne dépendent pas de la rente publique. Il n’est pas lié par la nécessité quasi-vitale de conserver un ou des mandats pour survivre, ou d’obtenir une sinécure administrative dans un corps d’Inspection Générale en récompense services rendus à son parti. Ce qui est fascinant dans la conjoncture présente est que les critiques à son encontre, loin de l’isoler dans l’opinion, révèlent comme jamais les raisons domestiques de ceux qui les expriment – la martingale compassionnelle et morale ne suffisant plus, en effet, à la masquer. Comme le faisait remarquer récemment monsieur Cambadélis lui-même: « La gauche a perdu la bataille des idées ». Une autre manière de dire qu’elle avait perdu son hégémonie culturelle, y compris dans des secteurs importants de la « droite » classique. Faire taire ou éliminer Macron ne changera pas cette nécessité devant laquelle se trouve désormais le PS de devoir réviser ses idées, ses pratiques et son projet… ou de disparaître en tant que parti de gouvernement…

Photo : Emmanuel Macron © REUTERS/Alain Jocard/Pool

PS: ce matin (29 août), je découvre cette vidéo du Monde. Elle me semble prolonger ce billet et mes réponses en commentaire à Yannick Bénézech

Pourquoi Macron s’en prend aux 35 heures par lemondefr

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Commentaires (9)

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    Ingrid

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    Bonjour Michel,

    Oui vous avez très bien résumé le problème du PS et de ses pachydermes cooptés et entretenus au frais du contribuable.

    Macron dit les choses simplement, intelligemment, finement ( ce n’est donc pas si ‘simplement’ ).

    Bref il est concret et proche du réel :
    ça ne serait pas jauréssien, ça ?

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    Yannick Bénézech

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    Bonjour Michel. D’accord avec vous, mais en partie seulement.
    Qu’Emmanuel Macron ait une liberté de ton et de parole, c’est indéniable. Qu’Emmanuel Macron ait cette même liberté parce-qu’il n’est pas du « sérail politique » comme vous l’indiquez, pourquoi pas ; encore que !
    Je note cependant qu’il en a les codes : faire cette déclaration, le jour même de l’ouverture de l’Université d’été du PS n’est pas une faute et n’a rien d’innocent. Il ne peut avoir agi sans l’autorisation de F. Hollande et M. Valls, alors même que les élections régionales arrivent et qu’elles risquent d’être pour le moins chaotiques pour le parti au pouvoir. Je n’évoque mêmepas la nécessité vitale de F. Hollande de ménager son aile gauche dans la perspective d’un large rassemblement pour 2017. Dois-je rappeler également qu’en avril dernier E. Macron (qui n’est plus membre du PSdepuis 2009)déclarait vouloir faire adopter une loi Macron 2, qui devait comporter le projet de loi sur la croissance ainsi que le projet de loi Rebsamen sur la modernisation du dialogue social ? Enfin, à titre personnel, pour venir sur le fond des propos d’E. Macron (qui ne sont pas le sujet de votre post, j’en conviens), comme simple militant socialiste, je ne vois pas où est la langue de bois lorsque l’on défend le principe de réduction du temps de travail si cher à Jean Jaurès ou Léon Blum. La Gauche a peut-être perdu la « bataille des idées » (ce dont je ne suis pas tout à fait certains), il ne lui faudrait pas perdre aussi ses références.

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      Michel Santo

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      Bonjour Yannick!
      Je crois aussi Yannick, je l’ai écrit dans un billet, je ne sais plus quand, que Emmanuel Macron est le poisson pilote de la ligne Hollande Valls et maintenant que DSK est out, Moscovici, au hasard. C’est à dire la coalition des « droites », selon le curseur en vigueur au sein du PS. Langue de bois est, c’est vrai, peut-être excessif, mais par extension je voulais surtout indiquer cette difficulté à toucher à des « mots » ou « expression » tabous. Macron en l’occurrence ne met pas en cause un principe, une référence, mais l’opportunité dans le contexte économique, financier et social de l’époque des 35 heures…
      Bien amicalement Yannick

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        Michel Santo

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        Il ne faut pas écarter non plus l’hypothèse d’une utilisation par l’éxécutif de cette parole libérée à des fins strictement électorales. Dans la perspective des présidentielles, Hollande en candidat potentiel, a objectivement intérêt à jouer l’opinion contre le parti et son aile gauche. À afficher une ligne centriste et social libérale. Enfin, il me semble!

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          phthoreux

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          Excusez moi par avance, Michel, mais je ne suis pas trop sensible à cette rhétorique macronienne savamment étudiée, qui alterne le chaud et le froid mais qui ne dit jamais clairement les choses. Et qui, en guise d’action se cantonne à appuyer sur le frein et l’accélérateur. La loi Macron n’est qu’un pis aller. Ça donne l’impression d’aller dans le bon sens mais de manière si microscopique et avec tant de zig zag qu’il n’y a quasi aucune chance que les choses bougent. Macron n’est qu’un erstaz de Blair, un vague anagramme de Cameron.
          Quant à sa rente somptuaire, elle n’est d’ordre privé que par sa femme. Lui est un apparatchik bon teint, passé par le moule de l’ENA, haut fonctionnaire issu de l’Inspection des Finances, et malgré son jeune âge, habitué des salons dorés de la République. Il a simplement enregistré dans son parcours de technocrate, un passage de 4 ans dans la banque Rothschild, pendant lesquelles il a joué au Monopoly avec les entreprises et s’est enrichi de manière indécente pour un homme prétendu « de gauche » ! Similairement, Martine Aubry avait passé dans sa jeunesse 3 années chez Pechiney, auprès du patron des patrons Jean Gandois, ce qui comme chacun sait, ne l’avait pas vraiment convertie au libéralisme…

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            Michel Santo

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            Vous savez bien Pierre-Henry à quel point la pensée libérale a mauvaise presse dans ce pays. Et que les hommes politiques , je ne parle même pas des partis organisés (il n’en existent pas), qui s’en réclament, philosophiquement, passent plus de temps, dans leurs pratiques, à s’en excuser, qu’à la promouvoir… Dans ce post, je me suis attaché simplement à montrer que cette parole de Macron, même instrumentalisée, voir mon commentaire en réponse à Yannick Bénézech, produisait des effets idéologiques déstucturants dans le référentiel de la gauche classique. Et de manière plutôt « libérale » au sens très large du terme. J’observe que jamais Martine Aubry n’a osé ce genre de propos, même et surtout à l’époque de Gandois…déjà programmée pour faire carrière au PS, tendance démocratie-chrétienne de gauche … Je lis toujours avec profit vos commentaires Pierre-Henri, comme vos articles… Bon dimanche

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    Bernard-Mery de Vargas

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    Peut-être le retour de -grands- hommes politiques à l’ancienne… A une époque ou justement, ceux qui parvenaient aux sommets avaient déjà construits carrière et fortune, n’attendaient guère plus du pouvoir politique. Il y a une certaine jouissance à pouvoir penser, s’exprimer et agir librement sans avoir peur de perdre quelque chose. Cela fascine et attire.

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    Le pédagogue

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    Le pédagogue :

    Il paraît que le ministre de l’économie de François Hollande, prône l’inverse de ce que fait le gouvernement de la gauche caviar.
    Et que fait le gouvernement ?
    L’inverse de ce que prône le ministre de l’économie.
    Et que prône le ministre de l’économie ?
    L’inverse de ce que fait le gouvernement.
    Il paraît aussi, il y a de cela un certain temps déjà, qu’il a été demandé à un expert anglais, qu’est-ce que le capitalisme ?
    Il a répondu : c’est l’exploitation de l’homme par l’homme.
    El le socialisme ?
    C’est l’inverse, a-t-il précisé.

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