Le poids de la « culture » n’est pas celui dont il est fait état .

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Deux études commandées par d’honorables institutions culturelles (CNC, SACEM, etc.) présentent les industries culturelles comme un poids lourd de l’économie française : 75 milliards d’euros selon l’étude d’EY (Ernst and Young), plus que les télécommunications, la chimie ou l’automobile. Et , dans l’ambiance du moment où les intermittents du spectacle et les différents acteurs de la filière occupent le devant de la scène, sont régulièrement exhibées par les intéressés pour s’opposer à toute remise en cause des politiques publiques dont elles bénéficient. Sauf que ce résultat est fondé sur d’énormes erreurs économiques qui se cumulent pour surestimer de façon considérable (de 2 à 7 fois…) la vraie taille économique de ces industries culturelles.

Quelques exemples … non exhaustifs .

En premier lieu, ces études mesurent la taille des industries culturelles sur la base de leur production.  Ce faisant, elles considèrent que les billets d’avion et les chambres d’hôtel pour opérer sur les lieux de tournage, les matériels et les usines nécessaires pour enregistrer les DVD, etc. sont produits par les industries culturelles.

Un non-sens, évidemment ! La taille d’une industrie se mesure en effet  à sa « valeur ajoutée » qui déduit les biens intermédiaires de la production. Ainsi les 75 milliards d’euros du rapport d’EY se réduisent à 30 milliards environ, toutes choses égales par ailleurs.

Encore plus surprenant, le rapport EY ajoute emplois permanents et emplois non permanents ; de sorte que les emplois totaux dans le seul cinéma sont évalués à 105.890, dont … 77.200 emplois non permanents !!!

Autre erreur de méthode : supposer que la valeur ajoutée de toutes ces industries ne doit rien aux industries non françaises. Évidemment faux ! 60% de la valeur ajoutée des salles de cinéma consiste en effet  à passer des films non français. Ce qui permet d’estimer à 7 milliards d’euros environ le poids total de la partie française de ces deux industries.

Et puis enfin, pour faire bon poids, on met autant de secteurs possibles sous le chapeau des « industries créatives et culturelles ». Comme si on regroupait automobiles, chantiers navals, aéronautique, etc., dans un bloc des industries mécaniques! 

Alors pourquoi ce battage médiatique sur la taille, et seulement sur elle ? Mais tout simplement parce que les industries du cinéma et de la télévision ne comptent que pour 15 pour cent de la valeur ajoutée de ces « industries culturelles » alors qu’elles empochent 60% des subventions . La taille  attirant l’attention des décideurs politiques, cette notion d’industries culturelles procède en réalité  d’un lobbying des plus classiques ; l’objectif visé étant de maintenir en place un système  inégalitaire  et fonctionnant au profit des mieux nantis . Pas très différent au fond de ce qui se passe dans le secteur agricole quand les gros agriculteurs envoient les petits au « feu » pour conserver leurs privilèges et leurs subventions…

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