Le retour de la Sarkophobie signerait une défaite historique pour le PS!

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Avec le retour de Sarkozy, le PS semble vouloir renouer avec une stratégie de diabolisation. Le problème est qu’à l’épreuve du pouvoir et de ses contraintes, le vide de sa pensée économique et sociale et  sa dépendance culturelle envers les paradigmes d’un « socialisme » du XIX siècle apparaissent en pleine lumière, qui le rendent encore incapable de construire un projet d’avenir crédible et d’en exposer le « récit » cohérent à ses électeurs. Ajoutons à cela l’absence d’un leader charismatique pour l’incarner. La Sarkophobie est donc vouée à l’échec et le PS à une défaite historique en 2017.

Deux textes de Jean Pierre Le Goff et Laurent Bouvet pour alimenter cette réflexion.

Jean-Pierre Le Goff : (La Gauche à l’épreuve, 1968-2011).

« La gauche oscille entre un libéralisme qui peine encore à se déclarer clairement au sein du parti socialiste, des relents doctrinaires passéistes et un modernisme branché promu par un petit milieu parisien » … « Quels que soient les changements opérés dans la dernière période avec le retour de la question sociale, la énième élaboration d’un nouveau projet d’avenir, les alliances et les prochains résultats électoraux, ma conviction est que la gauche est arrivée à la fin d’un cycle historique et que les trente dernières années ont entamé une décomposition dont il n’est pas sûr qu’elle se relève, faute d’un aggiornamento. Il faut cesser de faire semblant. »

  

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 Laurent Bouvet publié dans Slate.fr

« Nicolas Sarkozy est la meilleure arme d’autodestruction massive de la gauche. Tous contre Sarkozy, et après?

S’il permet à la gauche de s’unir contre lui –on entend déjà le chœur de la gauche– ce n’est en réalité qu’en façade. S’il la rassemble toute entière contre lui, c’est au prix de l’oubli, par nécessité électorale, des différences et des divisions qui la parcourent jusqu’à ce qu’elles réapparaissent intactes et plus mortifères encore une fois le pouvoir conquis. Cet «effet Sarkozy» sur la gauche, on en voit quotidiennement le fonctionnement depuis 2012.

Les défauts et les fragilités sarkozystes sont bel et bien le reflet des inconséquences et des impensés de la gauche.

Le meilleur exemple, s’il n’en fallait qu’un, c’est l’accusation de «sarkolepénisme» qui a couru à gauche pendant son quinquennat, particulièrement vers la fin. Que Nicolas Sarkozy ait tenté par tous les moyens de séduire l’électorat lepéniste qu’il avait si bien su attirer à lui en 2007, c’est incontestable. Que la gauche soit tombée dans le panneau en confondant l’original et la copie pour finalement (très) mal combattre la première en se fixant obstinément sur la seconde, c’est une erreur qui lui coûte cher aujourd’hui encore. Mais que pendant ce temps, toute réflexion, toute idée, toute suggestion allant dans l’autre sens ait été négligée voire écartée, sans ménagement, par ses chefs et ses militants, c’est une faute impardonnable. Une faute que beaucoup d’entre eux sont prêts à reproduire, sans ciller.

Le retour de Sarkozy n’annonce donc rien de bon pour une gauche qui non seulement ne sait plus qui elle est, c’est-à-dire comment se définir par elle-même, sans regarder en face, mais surtout, désormais, dont le crédit chez les Français est totalement épuisé.

Nicolas Sarkozy le sait, il va en jouer à plein. L’y aider, à gauche, une fois de plus, serait se condamner à une mort certaine. »

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Commentaires (2)

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    Ingrid

    |

    Bonjour Michel,

    Laurent Bouvet met toujours le doigt là où c’est douloureux. Il est vraiment intéressant.

    De toutes façons, bien au-delà de Sarkozy, le PS ne travaille plus du tout, depuis les décennies.

    On aurait crû que le 21 avril 2002 aurait poussé militants ( il y en a ) et direction/élus du PS ( on cherche, on cherche …. Ils se comptent et se remarquent ) à oser faire une analyse critique et sévère des années de {leur} pouvoir comme de {leurs} pratiques politiques, une analyse de l’évolution de la société française, de l’Europe et du Monde, pour élaborer un « nouveau socialisme du XXI ème siècle ».

    Mais le conservatisme idéologique, la paresse intellectuelle crasse, l’épiderme des éléphants autant que celle des éléphanteaux coulés dans le même moule ( et cooptés pour ce motif par les « chefs de courants » ou d’écuries de présidentiables ), le carriérisme féroce de trop d’entre eux, élus et dans l’appareil du PS, sont des freins insupportables.

    À l’UMP, hormis une poignée d’hommes républicains qui ont de vraies valeurs, on retrouve le même problème. Pire, me semble-t’il, des idéaux tournés exclusivement vers l’argent, à une grande échelle.

    Les partis actuels dits de gouvernement, sont en fait, tous, en bout de course. Et comme tous les poissons morts, ils pourrissent par la tête !

    Il semble que seuls les électeurs lambda en apparaissent conscients.. Ce qui est fou !

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    Jacques PERRY

    |

    « Vais-je avoir le droit de parler de Nicolas Sarkozy ? »

    Mais vous n’êtes pas le seul à parler de Nicolas Sarkozy, rassurez-vous.!
    Tout le monde en parle : les journalistes dans leurs éditos, les concierges en bas de leur immeuble, les employés de bureau devant la machine à café et les piliers de bar au zinc du café du commerce.
    Comment pourrait-il en être autrement ? Depuis deux ans, l’UMP dérive comme un bateau fantôme sur la mer des « sarcasmes ». L’élection de son président en 2012 est une parodie de démocratie digne d’une république bananière, et les effets ont été dévastateurs : la guerre de tranchée des fillonistes et des copéistes, l’abdication en rase campagne de J-F Copé incapable d’asseoir son autorité et pour couronner le tout ce triumvirat composé de trois anciens Premiers ministres. Tout cela est bien pathétique.
    Comment dans ces conditions Nicolas Sarkozy pouvait-il ne pas revenir ? Personne dans son parti n’a réussi à reprendre le flambeau. Or l’UMP ne fonctionne pas comme le PS qui peut se contenter d’un François Hollande pendant dix ans à sa tête, puis ensuite d’un Harlem Désir dont on ne peut pas dire que le charisme soit la qualité première.
    Non, l’UMP a besoin d’un chef, un vrai, un burné, capable de s’imposer, par la crainte s’il le faut, fédérer les courants de pensées et réfréner les ambitions personnelles de ceux qui seraient tentés de vouloir jouer les premiers rôles.
    Nicolas Sarkozy n’a pas les manières policées d’un Alain Juppé, il est capable du meilleur mais aussi du pire, mais tout démontre que personne dans son parti n’est en mesure de rassembler comme il le fait. J’en veux pour preuve le ralliement surprise de Dominique de Villepin qui a été pendant longtemps son ennemi juré, de NKM et de Laurent Wauquiez qui n’ont jamais manifesté un enthousiasme débordant à son égard.
    Peut-on comparer Nicolas Sarkozy au Général qui après s’être retiré pendant douze ans à Colombey-les-Deux-Eglises est revenu en homme providentiel au pouvoir, ou bien est-il Napoléon revenant de l’ile d’Elbe qui n’a fait illusion que pendant cent jours ? L’avenir le dira.

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