Lire, c’est partir, accueillir.

 

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 Illustration: Kim En Joong

 

 

C’est en parcourant le blog (excellent !) de Patrick Corneau, que je suis tombé sur un texte de Jean Sulivan. Coup de foudre ! Et achat immédiat de son Abécédaire, que je ne connaissais pas. En attendant d’en feuilleter les pages, et pour vous donner l’envie d’y aller voir, deux extraits. Que voici :

 

 

 

« Nous nous croyons éclairés. Nous avons lu tant de livres, écouté tant de débats. L’aliénation religieuse, nous connaissons. La foi alibi: peur de la vie, peur de la mort, refuge pour la faiblesse. Nous avons dépassé. Mais nous supportons que les sociétés contemporaines pro­spèrent au sein de l’aliénation économique. Le ressassement idéolo­gique, la compétition permanente, la course vers l’an 2000, l’obses­sion du niveau de vie, fascination des apparences qu’on nomme réalité au théâtre de l’audio-visuel ont pris la place des méditations religieuses, tandis que les consciences surinformées deviennent désertiques sans autres consolations que l’argent, les gadgets sans cesse renouvelés d’une société qui ne survit qu’en exaspérant les désirs et en créant de nouveaux besoins. »

 

La dévotion moderne

 

 

 

« Si vous lisiez, par exemple, non pour être confirmé en ce que vous pensez, mais pour sortir de votre sommeil. 
Lire, c’est partir,  accueillir. Hélas ! Ce que l’on veut souvent sans le dire jamais, c’est s’abriter, prendre, s’enrichir, sans aucun risque. Car n’avoir jamais été blessé, réveillé, mis en marche, en joie par un livre, c’est n’avoir jamais lu. Quel temps réservez-vous à votre nourriture spirituelle ? Où la prenez-vous ?
Êtes-vous capable de solitude ?
On meurt seul dit Pascal. On vit seul aussi pour l’essentiel.
Réservez-vous quelques heures pour aller marcher sous les arbres ou le long de la mer. Regardez-vous dans votre vérité. 
Vous êtes un passant.
Ce qui est à vous ne vous appartient pas.
Dépositaire provisoire : tout ce que vous êtes.
Quand je dis: vous,  c’est aussi bien : je, moi, n’importe qui.
Qui que vous soyez, vous n’êtes pas important.
Vous donnez trop d’importance à la réussite. Ce que vous nommez échec, n’en ait un que si vous le décidez. 
Vous dites que vous êtes irrémédiablement blessé par le passé.
Cela dépend de vous à l’instant même. » 

 

Bloc-Notes

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