Mélenchon – et pas que ! – et sa stratégie du «pire»…

 

Jean-Luc Mélenchon © Sipa Press dans l’Opinion (ici)

 

Mélenchon ne dira pas ce que sera son vote avant le 7 mai. Contrairement à son «appel» de 2002, il ne fera donc pas barrage au FN et à sa candidate d’aujourd’hui. Pas de «front républicain», est son nouveau mot d’ordre ! La seule consigne officielle de vote exprimée jusqu’ici émane du petit cercle de ses proches collaborateurs : pas une voix à Marine Le Pen. Une formule des plus ambiguës qui laisse donc aux électeurs de J.L Mélenchon le choix entre le vote blanc, l’abstention ou le vote Macron. En réalité, à l’écoute des éléments de langage de l’équipe du leader de la France Insoumise, le vote pro-Macron n’est pas l’option privilégiée. Loin de là ! Pour le comprendre il faut toujours avoir à l’esprit, en effet, que le principal objectif de Mélenchon est d’éliminer le PS de la scène politique, pour , sur ses décombres, s’y installer en position hégémonique. Pour ce faire, n’étant plus dans la course présidentielle, il doit se présenter comme le seul opposant légitime – score du premier tour à l’appui -, au futur «État-Macron». Et son intérêt politique est de limiter au maximum le score du candidat d’En Marche au deuxième tour. Comme a minima Marine Le Pen, qui  joue évidemment la victoire en utilisant subtilement la stratégie et le propre argumentaire de France Insoumise, pour s’installer, elle, en position dominante, durablement, à droite. Le scénario de deuxième tour de Mélenchon est donc simple : dégager, pulvériser le Ps et LR et prétendre représenter ensuite la seule force légitime de gauche afin de combattre l’Etat-Macron et un Fn hégémonique à droite. Contrairement à la petite musique qui nous est serinée depuis quelques jours sur le profond sentiment démocratique de JL Mélenchon, le respect de ses mandataires, de leur conscience et de leur liberté de vote, sa position est la conséquence logique d’une stratégie politique très élaborée où le cynisme et le calcul ne laissent aucune place à je ne sais quelles vertus morales ou démocratiques. Le plus extraordinaire, dans ce contexte où le lepénisme n’a jamais été aussi haut et le risque de son accession au pouvoir aussi élevé, est de voir certains militants du Ps – et de ses cadres : Filoche… – comme au LR – les Wauquiez et les Moreno… –, prôner eux aussi, de fait, l’abstention «révolutionnaire» d’un Mélenchon, s’en faire «les idiots utiles » et participer ainsi à la mort programmée de leur propre parti. Comment peut-on  se mettre ainsi en danger, et la République avec en prenant le risque d’offrir à une Marine Le Pen une présidence qui, dans la …, lui donnerait, avec les moyens que lui confère la Constitution – article 16… – un pouvoir dont ne dispose aucun chef d’État d’un pays démocratique ? Personne ne demande à personne pourtant un vote d’adhésion en faveur d’Emmanuel Macron. La question n’est plus là : et les législatives permettront à chacun de se déterminer en fonction de ses intimes convictions. La seule question qui dès lors nous est posée est celle de savoir si nous voulons jouer, ou pas, les apprentis sorciers de stratégies politiques marquées du cynisme le plus absolu en mettant Le Pen et Macron sur le même plan – j’entends encore de pseudo intellectuels argumenter sur un « fascisme financier » qui serait le pendant d’un « fascisme d’État ». Il est encore temps d’ouvrir les yeux sur cette machiavélique manipulation des esprits et de se préparer plutôt à un profond changement dans les mœurs et les pratiques d’une classe politique dont les principaux dirigeants nous ont entraîné dans cette «absurde» situation. En attendant, et puisqu’il faut bien terminer ce billet sur une note claire, mais on l’aura compris, c’est sans états d’âme, et en toute connaissance de ses limites, que je voterai, avec le plus grand nombre, au deuxième tour, pour Emmanuel Macron.

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Commentaires (3)

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    Jahan

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    La manipulation a des limites. Ce sont celles de la conscience, du libre arbitre des neo votants qui ont voté pour un modèle de société participatif tel qu’il était presenté dans l’avenir en commun, et non pour un homme. Il faut faire confiance à ceux là. Les votants pour JLM ont changé, ce ne sont pas les mêmes qu’en 2002. Les millions de nouveaux électeurs de La France insoumise (dont des étudiants centraliens de ma famille) savent très fort dans quelle société ils ne veulent pas vivre, puisqu’ils savaient très fort dans quelle société ils souhaitent vivre. Ayons confiance.
    Annick Jahan

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      Michel Santo

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      Oui ! c’est bien pour cela que je fais la différence entre les soutiens et les électeurs de JLM et sa stratégie personnelle et politique. Je ne doute pas de la sincérité des premiers. Quant à celle de JLM et de ses proches vous savez ce que j’en pense à présent que vous avez lu ce billet. Bien à vous Annick !

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    JMDR

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    La politique c’est subtil. Belle analyse Michel. De même, l’abandon de beaucoup (?) de candidatures PS et LR : réalisme politique de peur d’un défaite ? Pas du tout ! Il veulent éviter les triangulaires qui ont toujours desavantagé le FN et obtenir une chambre sans majorité pour un troisième tour social. En fait de VIéme république c’est un retour à la IVéme qu’on nous prépare. Kamikaze Banzai. Morituri te salutant!

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