Narbonne : deux naissances et un enterrement. | Contre-Regard.com

   
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Musée lapidaire © BIRAL Laurie ; © Ville de Narbonne

 
 

Quiconque entre dans Narbonne par l’avenue Hubert Mouly aura remarqué l’avènement de deux programmes urbains physiquement tout proches -mais politiquement antagonistes. Tout d’abord la Salle Multimodale qui, quoiqu’encore invisible, a déjà son panneau ainsi qu’une date d’inauguration, le 18 décembre 2018 (c’est aussi mon anniversaire mais les faits ne sont pas liés). Si elle est réalisée, cette salle sera une réussite incontestable de l’actuelle équipe municipale, non pas en terme d’intelligence du programme, mais de pugnacité politique.

Le second édifice, c’est le MuRéNa, dont on voit les murs imposants pousser. Musée décidé dès 2010, il devrait être achevé en début 2019. C’est un programme considérable et complexe, qui aura demandé de l’assiduité et de la constance. Que l’on soit pour ou contre, c’est un musée pensé pour le public et les chercheurs. Un programme dont le rayonnement sera régional ou plus.

Mais la naissance de ce musée marque la fin d’un autre, à mon sens le plus attachant des musées de Narbonne, je veux parler du musée Lapidaire, qui se tient dans l’église Notre Dame de Lamourguier. C’est le musée mal-aimé de la ville. Pourtant son histoire est un roman : les pierres qu’il abrite (près de 2000) sont issues de la démolition des remparts de la ville. A la différence du MuRéNa fondé par un acte de puissance princière, le musée Lapidaire doit tout à la volonté des Narbonnais qui n’ont pas voulu voir détruits les derniers vestiges de la ville antique. Les pierres furent entreposées dans une église désaffectée, qui échappa ainsi à la démolition qui lui était promise. Le musée permet de comprendre ce que fut la ville antique de Narbonne. Mais au-delà de sa vocation savante, il est un décor à l’ambiance unique : on a ici tout le charme des ruines, mais des ruines organisées, réinventées. Les pierres antiques sont parfois empilées en murs puissants, parfois agencées dans un désordre subtil. On erre dans ce musée plus qu’on ne le visite. Situé à côté des halles de Narbonne, il avait tout pour constituer avec celles-ci un duo attractif, une seule et même carte gagnante jouant sur la culture et l’art de vivre.

Le musée Lapidaire a encore toutes ses pierres, mais celles-ci vont bientôt être enlevées pour intégrer le MuRéNa. Visitez ce musée avant qu’il ne disparaisse, c’est mon conseil amical en ce début d’hiver où notre curiosité est mise à mal ! Quant à son histoire, elle est évoquée : (ici) . Sur le site du Ministère de la Culture, des photographies saisissantes montrent comment ce musée de pierres comme Rome ne s’est pas fait en un jour, mais avec le concours de beaucoup, avec assiduité : (ici)  et sans doute amour :  (ici) .

PS : si vous savez à quoi va être réutilisée Notre Dame de Lamourguier, merci d’écrire à Contre-Regards qui fera suivre !

 
 

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