Contre-Regards

par Michel SANTO

Et si nous parlions d’Europe ! Avec Jacques Le Goff …

Le dimanche, en général, je prends un moment pour passer en revue les blogs amis où je suis à peu près certain d'y trouver de quoi nourrir ma curiosité ou ma réflexion. . Aujourd'hui, je me suis arrêté sur celui de Pierre Assouline : la République des livres et sur cet article publié  le premier Mai :  Jacques Le Goff, l'européen. Il m'a paru de circonstance alors que d'Europe l'on parle si peu à quelques semaines d'un vote censé porter nos représentants à son Parlement.

 

Et si nous parlions d'Europe ! Avec Jacques Le Goff ...

le 1 mai 2014

S’il est un intellectuel que l’attribution du prix Nobel de la paix 2012 à l’Union européenne a enchanté, c’est bien Jacques Le Goff ; encore eût-il été comblé si sa satisfaction avait été plus largement partagée. Convaincu que l’héritage médiéval était le plus important de tous les héritages à l’œuvre dans la construction de l’idée européenne, il fut sans aucun doute l’un des plus fidèles et des plus ardents militants d’une Europe des profondeurs. Un essai L’Europe est-elle née au Moyen-Âge ?, paru en 2003 dans la collection « Faire l’Europe » qu’il dirigeait au Seuil,et son corollaire pédagogique L’Europe expliquée aux jeunes, en témoignent qui n’ont rien perdu de leur force.

L’éblouissant fresquiste de l’anthropologie historique était animé par une vision, laquelle lui faisait dire que le continent n’était pas vieux mais ancien car il était celui d’une continuité historique vécue : « S’il n’y a pas continuité, on échoue. S’il n’y a pas changement, on meurt à petit feu ». Tel était son diagnostic. Jacques Le Goff avait découvert que le terme « Européens » était apparu pour la première fois dans un texte mentionnant la bataille de Poitiers (732) ; c’est dans des textes de Pie II et de Georges de Podiebrady, roi de Bohème, qu’il débusqua la naissance de la conscience européenne au XVème siècle ; mais pour que se forme un sens communautaire des Européens au Moyen-Âge, il fallut bien qu’une Europe de fait se constituât pas à pas quand bien même dût-elle n’être pas nommée avant.

Dans tous les débats sur l’Europe, Jacques Le Goff n’a eu de cesse de faire entendre une autre voix. Celle qui faisait résonner l’Histoire, louait ses différents apports qu’ils fussent grec (la démocratie et l’esprit critique), romain (le droit), chrétien (séparation entre Dieu et César), et accordait davantage d’importance aux Européens qu’à l’Europe, l’émergence du premier terme révélant l’identité d’un groupe d’individus et non plus un espace. Au besoin, il le martelait : l’Europe a toujours été unité et diversité, espace commun et coexistence de royaumes, ce qui était sa manière de rappeler que l’Europe ne se fait pas contre les nations.

Son Europe ? Il avait soutenu le projet de « Constitution Giscard », convaincu qu’elle ne pouvait fonctionner qu’à deux vitesses ; quant à la reconnaissance du rôle du christianisme dans l’histoire de l’Europe, qui provoqua des controverses, elle lui paraissait indiscutable –  comment aurait-il pu en être autrement ?; et c’est en historien/géographe qu’il s’était prononcé contre l’entrée dans l’UE de la Turquie vue pour l’essentiel comme une puissance asiatique. Les frontières, il les avait établies à l’Oural et au Bosphore. Mais dans ses Europes intérieures, on distinguait aussi une Europe des corps et une Europe de la diversité des fonds de graisse, une Europe de l’huile et une Europe du beurre, une Europe de la bière et une Europe du vin…

Fier de ce que « son » continent ait échappé à la théocratie, hostile à tout ce qui aurait été une mise entre parenthèses de la laïcité, vigilant face à la montée de l’irrationnel, il voulait raison garder face à la nature. Lors de la fameuse conférence Marc-Bloch qu’il prononça à l’occasion de son départ à la retraite, il rendit hommage “au cher Moyen-Âge” et à “la désirable Europe”, et en deux mots l’essentiel était déjà dit. Eût-il voulu désacraliser tant l’Europe que les nations qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Jacques Le Goff a fait prendre aux Européens la mesure de leur dette vis à vis du Moyen-Âge. On s’avisera un jour que ce grand savant n’offrit pas seulement à ses contemporains un autre Moyen-Âge, mais une autre Europe. C’est dire notre dette à son égard. Ses amis le savent bien : au vrai, rien ne pouvait lui faire plus plaisir que de louer l’européen en lui. "

Rugby! Toulon et Montpellier rient, Narbonne, Béziers et Perpignan pleurent …

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Battu à Clermont (25-22) lors de la dernière journée de Top 14, Perpignan accompagnera Biarritz en Pro D2 l’an prochain. Dans le haut du tableau, Toulon et Montpellier terminent respectivement premier et deuxième et sont directement qualifiés pour les demi-finales. Des résultats qui me remettent en mémoire un billet rédigé en 2007 sur l’avenir des grands clubs régionaux . Le voici:

« Il y a quelques années, quand je « poussais » à la coordination des politiques publiques sur le Narbonnais-Biterrois, nous nous sommes retrouvés Francis Sénégas, Barsalou ( le Président du Crédit Agricole ), Gérard Bézes ( Le Président de la CCI de Béziers ) et d’autres , lors d’une petite cérémonie à l’école hôtelière de Béziers ; et l’un des participants d’évoquer l’avenir du RCNM et de l’ASBH.  Le Délégué Général du Triangle d’Oc que j’étais alors répondit à peu près ceci:  » De Toulon à Perpignan , il n’y a place que pour deux ou trois grands clubs professionnels, pas plus ; et si l’on ne fait rien, Narbonne et Béziers sont condamnés à péricliter « . J’ajoutais qu’espérer la survie de l’un en pariant sur la mort de l’autre était une fatale illusion, car ni Narbonne, ni Béziers n’ont un environnement économique et financier capable de  « porter » une grande équipe professionnelle. Tout en postulant, au passage, que Perpignan l’avait dans son isolat culturel catalan ( avec Barcelone cependant ), ainsi que Montpellier et Toulon . Inutile de préciser que je fus rejoint dans l’analyse, à quelques nuances près , par Sénégas, Barsalou et Bézes. Depuis, rien n’est venu infirmer mon diagnostic, bien au contraire ;  et  nos deux clubs s’affrontent … en Pro D2 .  Si je peux comprendre que certains aient encore la nostalgie du rugby de terroir et de clocher, bien nécessaire au demeurant, il n’en demeure pas moins vrai  » qu’ aujourd’hui, dans les vestiaires, il faut parler quatre langues … ». Le rugby d’élite est devenu en effet un sport urbain et multinational qui nécessite d’importants moyens financiers. ll est donc plus que temps de s’accorder sur le diagnostic et les solutions pour, s’en trop en perdre cependant,  réléchir aux moyens à mettre en oeuvre pour doter ce territoire d’une grande équipe de rugby professionnel. Ou de se contenter de deux clubs naviguant entre pro D2 et Honneur ;  et avoir le courage de le dire … »

La mémoire courte

imagesUne chose me fascine particulièrement dans la politique française, c’est la capacité d’oubli. Alain Juppé fut longtemps d’une extrême impopularité après l’une des plus longues grèves de l’histoire de France en décembre 1995 qui a mis la France à genoux quand il était Premier ministre. Depuis quelques mois, il caracole bien loin en tête des personnalités les plus populaires. En appelant à voter Hollande en 2012, François Bayrou porte la responsabilité directe et personnelle de la situation que nous connaissons. Le voilà second de ce même classement! MAM est au devant de la scène politique depuis  25 ans. Ses turpitudes en Tunisie ont sérieusement plombé l’ex majorité mais il n’empêche: la revoici, comme si de rien n’était, tête de liste UMP! Et encore, non satisfaite de son futur salaire à Strasbourg. Par ailleurs, les sondages annoncent une percée du fn au Parlement européen comme si tout était oublié, soudain évaporé, disparu, des provocations monstrueuses de ce mouvement, notamment relatives à la deuxième guerre mondiale. Enfin du côté du PS, tout est passé à la trappe, des révélations sur son créateur, François Mitterrand à Vichy, des multiples condamnations par la justice de ses dirigeants, des calamités nationales engendrées par sa gestion passée. Oublier, vite oublier, passer à autre chose: tel est la pain quotidien de cette lamentable classe politique que la France porte sur son dos comme un fardeau. "Tout peut s’oublier" comme dit je ne sais plus quelle chanson. La mémoire des peuples est courte et cette amnésie générale est l’outil du mépris et de toutes les manipulations. Je l’ai toujours pensé: ouvrir un livre d’histoire, quel qu’il soit, est le premier acte de résistance.

Maxime TANDONNET

 


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L’événement du jour : le 3 mai 1968 !

Alors qu’un meeting de protestation se tient à la Sorbonne, la police fait évacuer l’université à la demande du recteur Jean Roche. Des barricades, les premières, sont alors installées boulevard Saint-Michel. C’est le début du mouvement de mai 68 qui prendra l’ampleur qu’on lui connaît, passant d’une grève universitaire à une grève sociale d’une ampleur sans précédent. « L’avenir est un lieu commode pour y mettre les songes. » Anatole France. Extrait de: Les Opinions de Jérôme Coignard .