Contre-Regards

par Michel SANTO

Digressions autour de la  » chute  » de Manuel Valls .

 

 

 

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Quand Valls plonge dans les sondages, Najat-Belkacem le détrône et devient auprès des français la ministre la plus populaire du gouvernement . Il recule fortement au centre, et à droite, mais également à gauche ( -5% ). Que faut-il en penser ? Rien, au motif que les sondages n’auraient aucune valeur, ou pas grand chose ? Je ne le pense pas et crois plutôt qu’il paye le fait d’avoir surjouer , n’est pas Clemenceau qui veut ( son modèle en politique ) la menace « fasciste » et le retour des ligues anti républicaine, lors des dernières manifestations, notamment celles animées, en dehors des partis politiques  par une droite traditionnelle et conservatrice sur le plan de la morale et des moeurs . Comme si la France se retrouvait dans la même situation qu’en 30 ou en 36 !  Une ligne qu’il a voulu croire partagée par les dirigeants de son parti et qui l’a fait tombé dans le piège tendu par ses propres amis auprès desquels « l’offre politique » qu’il veut représenter est pourtant, il le sait, minoritaire. Une «  offre » politique, à la fois plus libérale économiquement et plus républicaine du point de vue des « valeurs » ; une offre moins étatiste sur l’économie et moins libertaire sur les questions de société que celle d’autres responsables gouvernementaux. Comment la définir? Posons la question autrement. En quoi se distinguerait elle de celles qu’expriment aussi à leur manière et à droite des N.K.M, Le Maire ou des Baroin qui, je n’en doute pas une seconde, rejoindront sans barguigner Sarkozy pour 2017. Un certain J.Chirac n’avait-il pas osé dire qu’inventer un « travaillisme » à la française n’était pas le domaine réservé du PS, que c’était aussi de la responsabilité du courant politique qu’il représentait ? Au delà de ces chiffres sondagiers concernant la seule personne de Valls, on voit bien, à travers ce qu’il « représente » politiquement, que les clivages de principes et de lignes politiques traversent en réalité chacun des deux grands partis de gouvernement … et que l’offre institutionnelle et partisane est loin de les refléter ; ce qui ajoute évidemment à la perplexité et au désarroi d’un électorat qui ne se reconnait plus dans cette « offre » officielle instable, fragmentée, et sans figure incontestée pour imposer une synthèse claire et  crédible : Hollande est au plus bas et ailleurs, pour l’heure, le trop plein paralyse …

Mais qui donc a intérêt à  » hystériser  » la France et les français ?

 

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Les marges de nos entreprises n’ont jamais été aussi faibles, nos dépenses et nos déficits publics  aussi ; le chômage , lui , atteint des niveaux jamais égalés, quand le pouvoir d’achat ne cesse de se dégrader … La liste serait longue   de tous les maux qui rongent notre économie  et enfoncent dans la déprime salariés, demandeurs d’emplois et consommateurs. Et que nous donne à voir et à « sentir » – au plan émotionnel j’entends –  la scène politico-médiatique nationale ? Une société hystérisée par la mise sous tension de ses composantes sociales et culturelles les plus extrêmes . D’un côté l’activisme de milieux mobilisés autour de droits et de thèmes en faveur des « minorités », de l’autre, des mouvements qui en contestent l’opportunité, voire la légitimité . Au « gauchisme culturel » des premiers, s’oppose , ce que , faute de mieux, j’appellerais le « conservatisme de Tradition » des seconds. Mais qui ne voit qu’à jouer à ce petit jeu pervers,  ce qui semblait enfin être reconnu comme la priorité des priorités par l’annonce « d’un pacte de responsabilité » est en passe de s’évaporer au profit d’une fragmentation sociale et d’une déresponsabilisation collective . Tous les efforts de pédagogie à entreprendre auprès de l’ensemble du corps social, si nécessaire pour réussir le dit « pacte », sont en train, en effet, de se diluer dans des débats et des affrontements sociétaux où règnent le plus souvent  surenchères permanentes, provocations, rumeurs etc … Comme si , de part et d’autre de l’échiquier politique, on voulait faire oublier à leurs électorats respectifs, pour la gauche son tournant social-libéral et , pour la droite, l’ OPA – à tout le moins idéologique – du PS sur ses thèmes économiques … Le titre du dernier billet de Cambadélis : « Quel bordel ! » , résume parfaitement bien cette situation. Un bordel auquel la gestion gouvernementale contribue de manière efficiente avec ses  couacs et aller-retour, comme dernièrement encore sur le projet de loi «  famille » , retiré puis remis sur le tapis par petits morceaux, électrisant, à dessein ou  pas, peu importe, ce climat politique déjà lourdement chargé. Et ce n’est pas la feuille de route annoncée sur la politique d’intégration qui va adoucir cette atmosphère, bien au contraire ! Un conseiller de l’Elysée faisait observer récemment que le pays ne pouvait pas supporter plus d’une réforme dite sociétale par quinquennat. Ce qui est de bon sens. Alors une question et une seule : pourquoi donc ne pas appliquer ce principe ? Il est temps , en effet , que l’exécutif signe avec le « pays » un pacte de responsabilité qui prenne en compte non seulement ses aspects économiques et  entrepeneuriaux , mais aussi ses troubles et ses angoisses face à des mutations sociétales forcément clivantes … Et , s’il le faut, affronter sa propre majorité … On ne peut plus continuer à dépenser ainsi autant d’énergie collective à hystériser les français … 

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