Contre-Regards

par Michel SANTO

Déconstruction d’un film culte et réactionnairement genré :  » Un homme et une femme « 

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Bertrand de Saint Vincent a écrit hier cette ironique chronique sur la déconstruction des identités sexuées, sociales, ethniques etc … Je me suis bien amusé à la lire et vous la livre, sans autre intention que de vous faire partager ce petit plaisir de lecture. Je tiens à préciser que tout autre interprétation relèverait d’un insupportable a priori politiquement construit sur ce qui fonde mon identité sexuée et intellectuelle, qui paraît-il ne l’est jamais, ce qui pourrait m’amener à poursuivre les fauteurs de toute violence symbolique exercée à mon encontre devant les tribunaux de la pensée officielle et nomenclaturée dont je ne doute pas une seule seconde qu’ils seraient équitablement sourds à ma requête, pour le plus grand profit moral de mes  » agresseurs  » en particulier et de la société en général … :

 

 

Un homme et une femme. Ils sont sur une plage, à Deauville. Lui, c’est Jean-Louis Trintignant, pilote automobile ; elle, Anouk Aimée, script girl. Tous deux sont veufs, inconsolables. Claude Lelouch tient la caméra. Entre eux, quelque chose va naître. Cha-ba-da-ba-da. Le film va obtenir la palme d’or à Cannes. Connaître un succès… Coupez ! Que signifie cette histoire, cette romance à l’eau de rose ? Vous vous croyez où ? Au cinéma ? D’abord, qui a eu l’idée saugrenue d’intituler un film Un homme et une femme ! Sexisme ! Pourquoi pas Une femme et un homme ? Ou mieux Un homme et un homme ; voire Une femme et une femme. Ou deux.

Par ailleurs, qu’est-ce qui vous permet d’affirmer que cet homme en est bien un ? Et comment osez-vous réduire cette femme à sa stricte apparence ? Pourquoi est-elle si belle ? Et lui si beau ? Les laids n’ont-ils pas droit d’apparaître ? La beauté est un affront, un crime de lèse-égalité. Doit-on accepter de n’être que ce que l’on est né, prisonnier d’une identité qu’on n’a pas choisie ? Morale d’ancien régime ! Vision idéologique ! Œillères réactionnaires ! Ouvrez les camps de (ré)éducation nationale.

Et le réalisateur ? N’est-il pas de confession juive ? Où est donc le musulman ? Y a-t-il un chrétien quelque part ? Pourquoi n’a-t-on pas fait appel à un cameraman bouddhiste ? Les athées sont-ils dignement représentés ? L’acteur principal est de gauche ; l’héroïne également. Il n’y a donc personne de droite dans le cinéma français ? Qui a choisi le casting ? Que fait la police politique ? Trouvez un centriste. Et pourquoi n’y a-t-il aucune personne de couleur sur le plateau ? Racisme ordinaire ! Pas un seul membre des minorités ethniques. S’il y en a, comment va-t-on les représenter ? Non à la caricature ! Pourquoi faut-il toujours que l’on donne la parole aux hommes blancs ? A-t-on pensé aux personnes verticalement diminuées ? Aux non-voyants ? Aux malentendants ? Y a-t-il un accès handicapé ? Pourquoi aucun individu n’est en surpoids ? Et ce choix de Deauville ! Quelle image de la France ! Une cité balnéaire bourgeoise aux relents impériaux ! Des jeunes gens qui n’ont rien d’autre à faire que de se promener sur la plage. Où sont les citoyens ? La classe ouvrière ? La banlieue ? Assez de nantis ! Et cette profession : pilote automobile ! Quelle honte ! Un pollueur qui ne respecte même pas les limites de vitesse ! Éteignez vos cigarettes. Pas d’alcool au volant.

Les héros ont un enfant. Quel est ce modèle que l’on nous impose ? L’individu est-il condamné à procréer ? Ces enfants, que lisent-ils ? Ouvrez leur cartable. Papa porte une robe ? Ok. Laissez passer. Depuis que la gauche s’est mis en tête de recréer le monde à son image, il devient difficile d’exister.

Chronique de Narbonne, et d’ailleurs dans ce vaste monde. Lecture de Max Rouquette.

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C’est Jean Tuffou qui m’a remis en mémoire un de ces textes de Max Rouquette écrits entre 1945 et 1999, rassemblés sous le titre les  » roseaux de Midas « . Traduits de l’occitan par l’auteur, ils ont été publiés par l’ami Max Chaleil aux  « Editions de Paris  » (2000).

La première phrase de celui qui m’avait alors, à proprement parler saisi, est à la  page 51. Il est daté du 6 juin 1978:

« J’avais besoin – je le croyais – d’éclaircissements. Je croyais nécessaire de reproduire la vérité telle qu’elle est. » 

Et la dernière, encore aujourd’hui, ne cesse de m’habiter:

« Car écrire ce n’est pas copier le monde, mais le refaire, l’inventer dans l’air de la liberté, les lambeaux de vérité n’étant que le bois de ce grand feu, un bois qui se meurt en cendre. »

Max Rouquette est considéré comme le plus grand écrivain d’expression occitane. Sans doute ! Mais c’est aussi et surtout un de nos plus grands écrivains. Tout simplement. Sa langue est universelle, et il est un maître de la prose poétique:

« Arbres dans la forêt. Droits et tendus vers le ciel. Silencieux, ils s’écoutent. Ils écoutent la voix des autres. Cette écoute engendre un silence terrible. Pour que l’on puisse entendre le rouge-gorge.  » (page 108, à la date du 7 avril 1981)

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Narbonne ! municipales 2014 : bien informer pour mieux gérer !

 

 

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Pour la première fois, au mois de mars prochain, les électeurs  choisiront non seulement les élus qui dirigeront leur commune, mais aussi ceux qui, parmi eux, siègeront dans leur intercommunalité. Ainsi, dans ma petite ville de Narbonne qui se veut grande, comme toutes ses voisines d’ici et d’ailleurs, d’un seul bulletin nous élirons , de fait, un maire – même si cette désignation appartient au futur conseil municipal – et , certainement, si le maire sortant était réélu, le président de la communauté d’agglomération : le Grand Narbonne, moins assurément, en cas de victoire de la droite et du centre droit,  compte tenu du rapport des forces gauche droite dans les autres communes membres. Bien ! Dans un tel contexte, où les électeurs ne « voient gouttes » dans la répartition des compétences entre ces deux niveaux institutionnels: commune et communauté d’agglomération, on aurait pu penser qu’un effort de pédagogie serait fait pour éclairer le choix des électeurs … Mais force est de constater , à travers ce que je peux lire des propositions et des programmes qui commencent à être distribués, qu’à l’inverse , en sus de mesures proprement et classiquement démagogiques,  loin d’éclairer les esprits « sur qui fera quoi ? » on les enfume plus que jamais … Prenons un seul exemple: celui des entreprises, que tous les candidats veulent évidemment aider … Quelle n’a pas été ma surprise de lire sous le logo d’une liste promouvant « la bonne gestion », une série d’initiatives en leur faveur que leur leader prendrait dès son installation dans le fauteuil de maire, mais qui, depuis plus de 12 ans , relèvent de la seule compétence de la communauté d’agglomération : le Grand Narbonne ; et qui, de surcroît, sont illégales !…  Je lis aussi, à l’instant, dans un tract de ce matin, sous l’accroche « Bien gérer pour mieux agir », qu’il faudrait redistribuer les budgets de la « communication municipale »,  « afin d’aider et favoriser la promotion des entreprises », ce qui, encore une fois, n’est tout simplement pas possible : la compétence « économie » et les « aides indirectes » aux entreprises, je me répète, ne relèvent que du Grand Narbonne . Il suffisait pourtant de presque rien pour ne pas tromper les électeurs et faire preuve d’un peu de pédagogie. Préciser simplement : « si je suis élu maire de Narbonne et Président du Grand Narbonne, voilà ce que je ferai pour les entreprises, dans les transports etc … ». Un presque rien qui changerait tout dans la perception que se font aujourd’hui les électeurs d’un territoire; un presque rien qui prouverait aussi , pour ceux qui aspirent à conduire les affaires de la cité,  de vraies compétences à bien gérer pour mieux agir …

 » Jour de colère  » : le silence !

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« Jour de colère » dimanche. 17 000 manifestants à Paris selon Valls, 120 000 selon les dirigeants – inconnus – de ce collectif ; et 250 interpellations en fin de parcours… Sous la pluie ! Un rassemblement hétéroclite de groupuscules à la droite de l’extrême droite, d’anti-mariage gay, de Dieudonnistes… de bonnets rouges radicalisés… Ils s’étaient donné rendez-vous, par la voie de réseaux sociaux, dimanche, au cri de « Français en colère, Hollande dégage » . Et ce contre l’avis de tous les  dirigeants politiques du pays, y compris Marine le Pen. Un évènement inouïe ! Inédit dans l’histoire de la cinquième République; inédit par les conditions de sa mobilisation, l’ampleur de la manifestation, les slogans proférés et les idéologies mobilisées. Qu’en on dit les grands médias ? Rien ou presque. Leurs regards étaient tournés vers Valérie aux Indes et une courbe qui ne s’est pas inversée … Deux symboles de ce qui ronge ce pays en profondeur : la surexploitation politicienne de sujets sociétaux et le déni d’une crise sociale sans précédent. François Hollande voulait apaiser la France , elle n’a jamais été aussi fragmentée. Nous entrons dans une période de radicalisation où flottent sur nos têtes les vents mauvais d’une profonde discorde nationale. Danger !