Contre-Regards

par Michel SANTO

Noël ! Allez, d’Allais, son conte…

 

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Par ce Prince de l’humour, qu’était Alphonse Allais, ce conte de Noël : 

 

Ce matin-là, il n’y eut qu’un cri dans tout le Paradis:

-Le bon Dieu est mal luné aujourd’hui. Malheur à celui qui contrarierait ses desseins!

L’impression générale était juste: le Créateur n’était pas à prendre avec des pincettes.

A l’archange qui vint se mettre à sa disposition pour le service de la journée, Il répondit sèchement:

-Zut! fichez-moi la paix!

Puis, Il passa nerveusement Sa main dans Sa barbe blanche, s’affaissa-plutôt qu’il ne s’assit-sur Son trône d’or, frappa la nue d’un pied rageur et s’écria:

-Ah! j’en ai assez de tous ces humains ridicules et de leur sempiternel Noël, et de leurs sales gosses avec leurs sales godillots dans la cheminée. Cette année, ils auront… la peau!

Il fallait que le Père Eternel fût fort en colère pour employer cette triviale expression, Lui d’ordinaire si bien élevé.

-Envoyez-moi le bonhomme Noël, tout de suite! ajouta-t-Il.

Et comme personne ne bougeait:

-Eh bien! vous autres, ajouta Dieu, qu’est-ce que vous attendez? Vous, Paddy, vieux poivrot, allez me quérir le bonhomme Noël!

(Celui que le Tout-Puissant appelle familièrement Paddy n’est autre que saint Patrick, le patron des Irlandais.)

Et l’on entendit à la cantonade:

-Allo! Santa Claus! Come along, old chappie!

Le bon Dieu redoubla de fureur:

-Ce pochard de Paddy se croit encore à Dublin, sans doute! Il ne doit cependant pas ignorer que j’ai interdit l’usage de la langue anglaise dans tout le séjour des Bienheureux!

Le bonhomme Noël se présenta:

-Ah! te voilà, toi!

-Mais oui, Seigneur!

-Eh bien! tu me feras le plaisir, cette nuit, de ne pas bouger du ciel…

-Cette nuit, Seigneur? Mais Notre-Seigneur n’y pense pas!… C’est cette nuit… Noël!

-Précisément! précisément! fit Dieu en imitant, à s’y méprendre, l’accent de Raoul Ponchon.

-Et moi qui ai fait toutes mes petites provisions!…

-Le royaume des Cieux est assez riche pour n’être point à la merci même de ses plus vieux clients. Et puis… pour ce que ça nous rapporte!

-Le fait est!

-Ces gens-là n’ont même pas la reconnaissance du polichinelle… Je fais un pari qu’il y aura plus de monde, cette nuit, au Chat Noir qu’à Notre-Dame-de-Lorette. Veux-tu parier?

-Mon Dieu, vous ne m’en voudrez pas, mais parier avec vous, la Source de tous les Tuyaux, serait faire métier de dupe.

-Tu as raison, sourit le Seigneur.

-Alors, c’est sérieux? insista le bonhomme Noël.

-Tout ce qu’il y a de plus sérieux. Tu feras porter tes provisions de joujoux aux enfants des Limbes. En voilà qui sont autrement intéressants que les fils des Hommes. Pauvres gosses!

Un visible mécontentement se peignait sur la physionomie des anges, des saints et autres habitants du céleste séjour.

Dieu s’en aperçut.

-Ah! on se permet de ronchonner! Eh bien! mon petit père Noël, je vais corser mon programme! Tu vas descendre sur terre cette nuit, et non seulement tu ne leur ficheras rien dans leurs ripatons, mais encore tu leur barboteras lesdits ripatons, et je me gaudis d’avance au spectacle de tous ces imbéciles contemplant demain matin leurs âtres veufs de chaussures.

-Mais… les pauvres?… Les pauvres aussi? Il me faudra enlever les pauvres petits souliers des pauvres petits pauvres?

-Ah! ne pleurniche pas, toi! Les pauvres petits pauvres! Ah! ils sont chouettes, les pauvres petits pauvres! Voulez-vous savoir mon avis sur les victimes de l’Humanité Terrestre? Eh bien! ils me dégoûtent encore plus que les riches!… Quoi! voilà des milliers et des milliers de robustes prolétaires qui, depuis des siècles, se laissent exploiter docilement par une minorité de fripouilles féodales, capitalistes ou pioupioutesques! Et c’est à moi qu’ils s’en prennent de leurs détresses! Je vais vous le dire franchement: Si j’avais été le petit Henry, ce n’est pas au café Terminus que j’aurais jeté ma bombe, mais chez un mastroquet du faubourg Antoine!

Dans un coin, saint Louis et sainte Elisabeth de Hongrie se regardaient, atterrés de ces propos:

-Et penser, remarqua saint Louis, qu’il n’y a pas deux mille ans, Il disait: Obéissez aux Rois de la terre! Où allons-nous, grand Dieu! où allons-nous? Le voilà qui tourne à l’anarchie!

Le Grand Architecte de l’Univers avait parlé d’un ton si sec que le bonhomme Noël se le tint pour dit.

Dans la nuit qui suivit, il visita toutes les cheminées du globe et recueillit soigneusement les petites chaussures qui les garnissaient.

Vous pensez bien qu’il ne songea même pas à remonter au ciel cette vertigineuse collection. ll la céda, pour une petite somme destinée à grossir le denier de Saint-Pierre, à des messieurs fort aimables, et voilà comment a pu s’ouvrir, hier, à des prix qui défient toute concurrence, 739, rue du Temple, la splendide maison:

AU BONHOMME NOEL

Spécialité de chaussures d’occasion en tous genres pour bébés, garçonnets et fillettes.

 

 

 

François dit  » La Gaffe  » !

 

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Lundi 23 Décembre.

 

Le petit père François s’était taillé une silhouette anormalement élancée, depuis elle n’a visiblement pas résisté aux débordements dînatoires liés à sa fonction; comme sa propension naturelle aux « petites blagues », souvent d’un goût douteux. Et , dans la circonstance présente, indigestes pour des estomacs algériens pourtant habitués à toute sorte de boulettes. Petites , grosses, épicés, aux poissons, aux poulets c’est un peu leur spécialité. Que François ait pu s’étonner que le plus grand des nôtres ( de poulet ! ) soit rentré place Beauvau, droit sur ses pattes et sans accompagnements épicés, on comprend qu’ils aient encore du mal à l’avaler. Que dire aussi de cette officielle et lourdingue phrase du communiqué présidentiel dans laquelle: « Il exprime ses sincères regrets pour l’interprétation qui est faite de ses propos et en fera directement part au Président Bouteflika. » ?  Des regrets non pour ses propos, mais pour leur interprétation ! Du Toto pris les doigts dans le nez . Allez ! au piquet François… 

Retour sur quelques questions embarrassantes relatives au festival Trénet…

 

 

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Dimanche 22 décembre 2014

Je reviens sur des faits relevés lors d’un précédent billet concernant la situation à tout le moins embarrassante d’une élue de la Ville de Narbonne propriétaire , à titre privée, de la marque du festival Trenet, tout en étant son organisatrice , à titre d’adjointe au « tourisme et à l’animation » –  la Ville y apportant la plus grosse part financière… , après qu’elle ait été interpellée par des membres de l’opposition municipale. Et, plus précisément, sur la ligne de défense présentée par Nicolas de Sainte-Cluque , avocat de profession et adjoint au maire de Narbonne, qui, lors de la dernière réunion du conseil municipal, a défendu sa collègue en contestant l’invocation d’un éventuel « conflit d’intérêt », au motif  qu’il «  n’y a pas de royalties ni de bénéfices générés. », comme le rapporte le Midi Libre, dans son édition du 21 décembre.

Avant de contester cet argument, arrêtons nous quelques instants, non sur le conflit d’intérêt, en soi, mais sur ce qui me semble caractériser la situation présente, à savoir  la  « prise illégale d’intérêts ».  Sa définition tout d’abord ! La prise illégale d’intérêts, anciennement connue sous le nom de « délit d’ingérence », est un délit prévu et réprimé par l’article 432-12 du Code pénal.  Article qui définit la prise illégale d’intérêt comme le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public ou par une personne investie d’un mandat électif public : de prendre, recevoir ou conserver (c’est à dire d’avoir); directement ou indirectement (c’est-à-dire, soi-même ou par l’entremise d’un proche, ascendant ou conjoint par exemple), un intérêt quelconque (qu’il soit matériel, financier par la détention de parts sociales, mais également symbolique et honorifique); dans une entreprise ou dans une opération, dont l’élu ou l’agent a, au moment de l’acte, en tout ou partie, la charge d’assurer la surveillance, l’administration, la liquidation ou le paiement.

Cela exposé, qui me semble correspondre à la situation dans laquelle se trouve l’adjointe au « tourisme et à l’animation » , posons nous la question à présent de savoir si l’élue concernée pourrait être condamnée sans avoir retiré un bénéfice matériel de la possession de la marque du festival Trenet . La réponse, contrairement à ce qui est argué par Monsieur de Sainte-Cluque,  est sans conteste : oui ! La Cour de cassation juge de longue date en effet  que le délit de prise illégale d’intérêt « se consomme par le seul abus de la fonction, indépendamment de la recherche d’un gain ou de tout autre avantage personnel» (Cass. crim., 2 novembre 1961, Bull, crim., n° 438).

Monsieur de Sainte-Cluque, que j’ai eu l’occasion de rencontrer et avec qui , je dois le dire ici, je pense avoir établi un contact sinon une relation faite de respect et d’hônneteté, ne m’en voudra  pas de lui rappeler ces principes élémentaires du droit en la matière. 

Je voudrais aussi, profitant de l’occasion qui m’est ainsi offerte de revenir sur cette affaire, pour me distinguer de ceux qui, avec des mots et des images d’une violence inouïe, et des accusations d’escroqueries à peine voilées,  mettent gravement en cause la dignité des personnes concernées.

Que les choses soient claires ! dans mon billet précédent, je me contentais, m’appuyant sur un article parfaitement documenté du Midi Libre signée Marie Pintado, de poser calmement et respectueusement, le problème ; et conséquemment de soulever quelques questions de bon sens, sans autre intention que celle d’obtenir des réponses argumentées de la part des principaux intéressés. Je pense même , pour être encore plus net , contrairement à ce qui est suggéré dans certains médias sociaux à coups de sous entendus aux relents diffamatoires, et jusqu’à preuve du contraire, que cette situation est plus la conséquence d’un défaut de vigilance juridique de la personne en cause, de ses collègues et de son administration, que d’une volonté délibérée d’en tirer des « profits » personnels  . 

Quoiqu’il en soit, je n’entrerai jamais dans ce genre de basse et vulgaire polémique  Mais il n’empêche, pour en revenir au fond de cette affaire, que la « prise illégale d’intérêt » me semble,  sans remonter aux années 1995 où ce « festival Trénet » fut déjà conçu et « organisé » avec les mêmes partenaire ou presque, bien caractérisée, comme je viens de le démontrer.

Ce constat fait, pour l’heure, rien d’autre ne peut être invoqué qui serve, dans des formes grossières ou insultantes, au combat politique du moment, serait-il à peine masqué par des considérations prétendument éthiques . La loyauté et la noblesse, je le sais, y font hélas! souvent défaut, surtout dans ces moments  de vives tensions électorales. Pour ma part, je ne dévierai jamais de ce qu’impose, en toutes circonstances, le respect de la dignité des autres : je tiens trop en effet à ce que l’on respecte la mienne… Et s’il m’arrivait, par passion ou légèreté, nul n’est parfait, d’y déroger, j’accorde bien volontiers le droit à quiconque de m’en faire l’observation ; et m’en trouverais flatté si la forme retenue donnait corps, si je puis dire, à ce même souci d’honnêteté intellectuelle…

La session du Conseil Général de l’Aude la plus courte et la plus chère de son histoire !

 

 

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« Cette session est historique, car elle sera la plus courte qu’ait jamais tenue le conseil général de l’Aude » . C’est André Viola, mercredi matin, qui, tout heureux de ce scoop, s’en vantait, lors de la réunion du conseil général chargé des derniers ajustements budgétaires de l’année. Ni questions, ni débat, et vote à l’unanimité de tous les points de l’ordre du jour : la session a duré tout juste un quart d’heure ! Un quart d’heure de réunion, pour 35 élus venus des quatre coins du département… et peut-être pressés de s’en aller glisser sur des pistes de skis alpines ou de s’allonger sur le sable d’une quelconque plage exotique… On va encore dire que j’ai vraiment un très mauvais esprit, mais, si on prend en compte les frais de déplacement et de bouche des susdits, ceux résultant du nombre de fonctionnaires mobilisés pour la circonstance, la part de frais fixes de l’hôtel départemental qui devrait leur être imputée etc… c’est, par  » minute travaillée « , probablement la session la plus chère de l’histoire du Conseil Général de l’Aude, aussi. Et, pour son  » bilan carbone « , sans doute la plus coûteuse de l’histoire de France… Bon, vraiment pas de quoi être fier ! 

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