Contre-Regards

par Michel SANTO

Diminuer les dépenses publiques ? C’est possible !

 

 

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Ah,ces dépenses publiques! La Cour des Comptes ne cesse d’en dire qu’elles sont trop importantes, en  regard de la richesse produite; trop coûteuses pour beaucoup , inutiles pour certaines ; quand elles ne sont pas de simples budgets d’agrément pour des élus soucieux d’améliorer leur confort quotidien, leur train de vie, l’image qu’ils se font d’eux mêmes et de leur politique ou de combler leur désir de parcourir le monde sous couvert de coopération et de culture. Rien n’y fait ! loin de baisser,  elles montent, comme les impôts qui les financent. Inexorablement ! Elles seraient incompressibles et correspondraient au juste prix de notre système démocratique et social, nous expliquent élus et experts de la vieille école keynésienne. Ce qui fait d’un pays comme le nôtre le champion du mode par son nombre d’élus par habitants et du département de l’Aude le champion de France par son nombre de fonctionnaires territoriaux par heures travaillées. Mais ce n’est pas de cela dont je voudrais vous entretenir, mais de ces dépenses d’agréments aussi inutiles au plan économique et social que scandaleuses au plan moral. Comme celles relevées par la Chambre Régionale des Comptes dans les budgets de la ville de Montpellier. Que montrent ses rapporteurs ? Eh bien que nos élus aiment les séjours lointains et fort coûteux. 14 voyages en 2008, 17 en 2009, 24 en 2011 dans 38 villes de pays différents : Pékin, Montréal , Fès, San Francisco, l’exotique Guadalajara, Nagoya etc… pour y visiter  foires agricole, musées , ou participer à des compétitions sportives, notamment … 500 000 euros sur 2009-2011 !  Cette gabegie, qui devrait faire monter le rouge au front de nos édiles s’ils avaient seulement un brin de conscience civique à l’égard de nombre de leurs concitoyens vivant dans la précarité et la misère, projetez la à l’échelle de l’ensemble des collectivités du pays et vous aurez une idée des sommes qui pourraient être économisées sans drames ni grandes difficultés. De ce genre, il y en a beaucoup d’autres. A défaut des élus et de leurs collaborateurs pour ce faire, je suis finalement persuadé qu’un comité de citoyens dédié à cette chasse aux gaspis ferait la démonstration d’une plus grande efficacité et d’une plus grande motivation. Après tout , ne nous vante-t-on pas les mérites d’une société participative ? Qu’on ne nous raconte donc plus de sornettes sur ce sujet ! Et que l’on cesse enfin de nous prendre pour des imbéciles…

La mort annoncée du Midi Libre de Narbonne !

 

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Petite révolution, mais à grande échelle dans ma petite ville de province qui fut grande et prétend l’être toujours et encore : le Midi Libre va disparaître des «  tourniquets » . Dans le cadre d’un plan de restructuration du groupe auquel appartiennent l’Indépendant et le Midi Libre, des suppressions de postes, des reclassements et la fermeture de l’agence narbonnaise du Midi Libre seraient programmés . C’est l’info qui court sur les Barques de Cité et de Bourg. Si j’en comprend bien la logique économique, de ce plan – rien en effet ne justifie l’existence de deux titres qui déjà partagent un certain nombre de services et de compétences  communs -,  les personnalités très opposées de leurs rédacteurs en chef et la concurrence éditoriale dans laquelle ils s’étaient engagés, donnaient cependant un semblant de crédibilité à une information pluraliste qui devrait définitivement s’éteindre aux lendemains des fêtes de Noël, me disait-on, sous le sceau d’une confidence largement éventée, en ce matin frisquet de novembre . Autant l’avouer, j’aurais préféré que Plombat – drôle de nom pour un patron de presse ! – taillât dans ses effectifs et son portefeuille de titres après Pâques. Ne serait ce que pour nous donner l’espérance ou l’illusion d’une couverture politique des prochaines échéances électorales à tout le moins décente. J’ai le souvenir de l’époque ou P. Nappez, alors à la tête de l’agence narbonnaise du Midi Libre, avait su, quoique l’on pense encore de son parti pris et de ses engagements professionnels futurs, du tonus médiatique aux précédentes . Et il n’était pas interdit de penser, après tout, que son successeur aurait su donner lui aussi, à sa manière, le même dynamisme, toujours redouté par les pouvoirs en place, à cet intense et passionné moment de la vie publique locale où s’affrontent convictions, programmes et …ambitions . À imaginer le printemps prochain avec le seul Indépendant on peut légitimement s’interroger en effet , les personnes ne sont pas ici en cause, sur le nombre et la variété des nuances et des « couleurs » qui composeront la palette de ses futures compositions journalistiques pré-électorales. Mais peut être que ce que j’en dis, de cette exécution médiatique attendue, pour ne pas en avoir vérifié le sérieux auprès des principaux intéressés, je le confesse, relève d’une désobligeante et méchante cabale. Attendons donc la réaction à ce billet des principaux intéressés ! Cela dit, sans vouloir en rajouter dans la déstabilisation, on raconte, dans les salles de restaurants – pas de pub ici ! – et peut-être même dans le cercle de nos chers « amateurs de cigares », ou les gradins officiels du Palais du Travail , que certain journaliste de l’Indépendant , et non des moindres, serait déjà recasé à la tête du  « services communication » d’une collectivité du Grand Narbonne. Une fonction qui désormais semble devoir être intégrée dans le plan de carrière de tout journaliste soucieux de son avenir et de ses intérêts. Et qui montre à quel point les frontières entre l’information politique et la communication institutionnelle sont aussi ouvertes que ne le sont celles qui séparent le patrimoine des élus du droit de leurs électeurs , qui pourtant les font vivre , à les connaître…

La tentative d’assassinat politique de Manuel Valls; et de tous les autres… .

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C’est après quelques jours de dépôt , sa première lecture n’étant pas passée, que j’ai repris ligne à ligne la chronique de Pierre Marcelle parue dans  le « Libération » du 24 Octobre 2013. Du style et du nerf au service d’une idée. Une seule : vile ! Tout entière dans cette première phrase :  « S’il nous prenait, à l’instar du cinéaste Arnaud Desplechin (voir Libération du 21 octobre), de réactualiser la désuète expression de «lepénisation des esprits», c’est celle de «vallsification», plus à même de dire une barbarie mieux policée, que nous retiendrions. » Vallsification, qui serait ainsi l’autre nom de la rupture, à gauche, avec ce que notre professeur de vertu désigne comme lui appartenant en propre : « les droits de l’homme en leur intangibilité ». Le reste de son texte, dont il n’est pas question ici d’en nier la pertinence tant dans la description elliptique d’une réalité sociale aussi noire qu’indifférente à nos vigilantes élites, que dans l’accablant constat d’un pouvoir aussi tartufesque qu’inaudible dans son projet et ses fins, ne servant qu’à exalter cette conviction que Manuel Valls serait l’inspirateur et l’exécuteur d’une barbarie policée . Une barbarie qui puiserait dans les mêmes eaux boueuses du populisme mariniste ou copéiste une xénophobie et un racisme cependant légèrement teintés des hypocrites couleurs compassionnelles et rosées d’une gauche qui ne le serait plus. Ce texte, ne nous y trompons pas, a été fait pour « tuer », symboliquement, au delà de la personne ciblée, tous ceux qui osent enfin sortir du cercle idéologique de la bien-pensance au centre duquel  trône l’intouchable et pure icône de la « Victime » sociale: celle de « l’Immigré » en incarnant la figure la plus emblématique. Ravagé par la mauvaise conscience et le sentiment de culpabilité pour avoir porté Hollande et les siens au pouvoir, Marcelle retrouve ainsi ses accents et ses figures de rhétoriques des années Mao ; celles, originelles, de son journal, à la différence près qu’on n’y brandit plus le « Petit Livre Rouge » et sa dialectique casseuse de briques mais un bréviaire victimaire  farci d’un pathos sentimental et compassionnel.  Son texte guillotine est caractéristique de cette police de la parole, qui, au demeurant, fait bon ménage, dans tous les sens du terme, avec ceux des marchands d’émotion que sont les grands médias. De cette victimisation des grandes questions sociétales à laquelle est confrontée notre société , ne nous y trompons pas, le  vrai vainqueur en sera toujours le Front National qui , lui , sait jouer sur le ressentiment et la logique du bouc émissaire. Et Pierre Marcelle, à son esprit défendant, peut-être, en est le propagandiste inconscient. Son texte, d’une cruauté idéologique sans pareille, n’est il pas fait de bons sentiments ? Comme ceux de l’officier qui tire une dernière balle dans la tête du déserteur agonisant …

Serions nous au bord d’une  » jacquerie  » fiscale ?

 

 

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Les députés ont adopté l’article du projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui prévoit d’harmoniser à la hausse les taux de prélèvement sociaux à 15,5 % pour les contrats d’assurance-vie multi-supports, les PEA et les PEL. Une mesure qui va coûter 600 millions d’euros aux épargnants français. Une mesure qui ne touche pas les plus « riches » , leurs conseillers fiscaux leur en proposant de plus rémunératrices et de moins risquées, fiscalement parlant; et qui n’épargne pas , si je puis dire, les plus pauvres, qui ne paient pourtant pas d’impôts, comme les gros contingents de la classe moyenne, qui en paient déjà trop. C’est ce que ce gouvernement appelle une oeuvre de justice sociale ! L’argument, à tort avancé, est que les français épargneraient beaucoup trop alors qu’ils feraient mieux de consommer ou d’investir afin de relancer la croissance. Une grossière erreur de diagnostic : ce taux d’épargne des français s’expliquant surtout , en effet, par le souci de nos concitoyens de pouvoir répondre aux aléas du marché du travail, des fins de parcours professionnels, des incertitudes pesant sur nos systèmes de protection sociale, des transferts intergénérationnels ( l’épargne des grands parents vers les parents et leurs enfants…) etc… Et enfin par un manque de confiance total dans la parole politique et celle de nos gouvernants; certainement le plus grave dans la conjoncture présente. Car avec cette dernière mesure affectée d’un effet rétroactif, qu’est il dit aux français sinon que ce pays ne pouvait connaître de stabilité fiscale et que tout gouvernement pouvait revenir sur les mesures prises par le précédent, de l’opposition. Après ça , on s’étonne que les épargnants, les contribuables et les entreprises soient au bord de ce que certains annoncent déjà comme une jacquerie fiscale. C’est le contraire en effet qui serait étonnant ! 

L’imposture de l’art contemporain s’expose à la FIAC.

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Je viens de lire la chronique de Brice Couturier sur, disons «  l’économie de l’art contemporain », texte dans lequel il montre que le pouvoir y est détenu par les collectionneurs en connivence avec les galeristes . En conclusion , il se demande à quoi peuvent bien servir ces collections d’objets aux formes les plus saugrenues actuellement exposées à la FIAC de Paris. J’ai le souvenir de m’y être promené avec certains de mes amis férus d’art contemporain qui, tous les dix mètres, ne cessaient de répéter « c’est intéressant, c’est intéressant ! », sans jamais pouvoir répondre à ma question : « mais quoi d’autre, quoi d’autre ? ». Dire que je m’y suis ennuyé serait en dessous de la vérité. J’y ai surtout vu une immense imposture orchestrée par de jeunes et moins jeunes marchands  au style vestimentaire légèrement décalé: celui de leur clientèle, cette grande bourgeoisie financière qui fait les cotes , avec le zeste de petite provocation qui sied à tout contemporain aisé et branché.  André Blanchard exprime bien le fond de ma pensée sur ce sujet : « Si familièrement sollicité, je ne me fais pas prier pour placer ma salade, toute prête depuis le temps que je fulmine en voyant certain public qui simule de mouiller devant la peinture. « Foin du snobisme, dis-je, c’est une matière où je n’entrave pas grand-chose, qui m’ennuie en rien de temps même. Si ! si ! non, ne me faites pas crédit de ma franchise, tout le plaisir est pour moi : que voulez-vous, arrive un âge où on fait copain-copain avec ses tares… Donc, face à un tableau, soit j’aime, d’instinct, soit je déteste, itou, soit cela me laisse de marbre, et sans qu’il y ait bien souvent le moindre rapport avec la valeur du tableau. Je crois que, de tous les arts, la peinture est celui où le jugement se révèle le plus délicat, pour un profane s’entend. » Mais, poli, je m’abstiens d’ajouter le fond de ma pensée, savoir que, de tous les arts, c’est aussi celui où l’imposture est la plus aisée – à l’opposé : la musique. »