Présidentielles 2017 en Occitanie : Analyse des réactions de Delga, Mesquida, Assaf…


Lors du dernier rassemblement de Benoît Hamon à Toulouse, Madame Delga lançait fort imprudemment en direction d’Emmanuel Macron et de son mouvement En Marche, une attaque diplomatiquement, si je puis dire, – et politiquement – stupide :

« Au centre c’est partout et nulle part. On attrape tout et n’importe quoi. C’est une auberge espagnole dans laquelle s’est attablée une clique d’anciens couteaux de la Chiraquie et dont deux tiers des soutiens sont nés avant la Ve République »¹.

Ce n’était pas faire preuve d’une claire  conscience de l’état dans lequel se trouve le PS aujourd’hui, en effet, que de sous-entendre ainsi que Manuel Valls (qu’elle a pourtant soutenu lors de la primaire), Le Drian, Collomb, et tant d’autres, et non des moindres, à gauche, comme les députés PS sortants, ou pas, de la Région Occitanie : Monique Iborra, Jean Claude Perez, Anne-Yvonne Le Dain, Vignal, Cresta… appartiendraient eux aussi à la clique cacochyme du « tout et n’importe quoi ». Et, surtout, de ne pas voir et comprendre le profond mouvement de recomposition politique à l’œuvre à Gauche et à Droite, qui dynamite les deux « grands partis de gouvernement » autour desquels se constituaient depuis les années 70 des majorités d’alternance. Les résultats du premier tour viennent de tomber… et le PS – qui a frisé avec à peine un peu plus de 6% la liquidation de bien et la vente de Solférino –  et les Républicains – en morceaux… – ne seront pas au second !

Dans ce contexte, comme prévu donc, madame Delga se voit contrainte d’appeler « les démocrates et républicains » à voter au second tour sans états d’âme pour le jeune dirigeant « d’une clique d’anciens couteaux… », pour contrer Marine Le Pen, tout en déclarant « qu’il est temps de passer à un nouveau cycle, d’en finir avec l’entre-soi et, surtout, de donner des preuves concrètes d’un nouvel âge politique tant en matière d’éthique, d’exemplarité et de transparence, en lien permanent avec les populations. » Éthique, exemplarité, transparence, certes, mais « principes » auxquels j’ajouterais  celui de cohérence politique, et qui, appliqués à elle-même auraient dû l’amener à un peu plus de circonspection pendant cette campagne des présidentielles plutôt que d’en rajouter dans une posture de néo-convertie à la ligne hamonienne.

Autre preuve de cette cécité politique est sa proposition de reconstruire le PS en prenant un peu de Mélenchon et un peu de Macron, de « se situer entre les deux » ; bref de passer à un « nouveau cycle » en continuant à rouler comme avant avec l’homme ou la femme providentielle de la nécessaire synthèse au guidon !  Comprenne qui pourra… Quoi que l’on pense par ailleurs de Manuel Valls, en tout cas, son diagnostic, lui,  est beaucoup plus clair et beaucoup plus juste : « Ceux qui ne partagent pas les mêmes idées, ceux qui ne sont pas d’accord sur l’Europe, l’économie, l’entreprise ou la laïcité… Peuvent-ils encore être dans la même famille politique? Personnellement, je ne le crois pas ». Et Monsieur Kléber Mesquida, le président du Conseil Départemental de l’Hérault, d’enfoncer le clou à sa manière toujours empreinte d’une grande élégance : « Dès aujourd’hui, ceux qui ont failli à leur parole ou à leurs écrits, comme Manuel Valls, n’ont plus leur place. Nous devons assainir. Pour refonder avec des gens de foi, pas des opportunistes. » Clac!

La séparation organisationnelle entre ces deux lignes au sein du PS, contrairement à ce que madame Delga semble penser, est donc bien à l’ordre du jour ; et elle se fera après les législatives, d’une façon ou d’une autre. Des législatives qui, dans cette région, et l’ex Languedoc-Roussillon en particulier, où le FN et la France Insoumise sont très haut, suivis de près par En Marche, risquent de se traduire par une déroute électorale des candidats labellisés PS. Signe de ce climat tendu à l’extrême chez certains députés sortants PS, cette déclaration en forme de chantage de Monsieur Assaf : « Je prends mes responsabilités, je vais appeler à voter Macron. Mais si dans trois semaines, il m’envoie un candidat au risque de faire passer le FN… Prendre ses responsabilités, cela vaut pour moi comme pour lui. » Les électeurs apprécieront ! Quant à moi, je lui souhaite, pour lui faire perdre cette arrogance mêlée à la peur de voir son « confortable office » passer en d’autres mains, de ne pas figurer au second tour de ces législatives à venir au profit du candidat d’En Marche qui sera investi… La recomposition politique passe aussi par le renouvellement de ce genre de tête là…

¹ Ici

 

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