Articles marqués avec ‘Cinéma’

Laissez-moi.

Ma.27.3.2024

Dimanche au cinéma (Théâtre+Cinéma Scène nationale Grand Narbonne)

« Laissez-moi » de Maxime Rappaz, avec Jeanne Balibar, Thomas Sarbacher, Pierre-Antoine Dubay.

Un train au cœur de la montagne. Une femme à la fenêtre. Pensive, rêveuse. Nous traversons avec elle, lentement, des paysages grandioses. Qu’elle ne voie pas. Ainsi, Claudine, la cinquantaine élégante, se rend tous les mardis dans un hôtel, non loin d’un gigantesque barrage. Elle n’a pas de bagages. Là, elle questionne le réceptionniste pour savoir quels sont les hommes de passage. Dans le salon, elle s’asseoie seule à une table, attend, observe et s’approche de sa proie. Elle minaude, rit un peu, lui demande de raconter sa ville. Et très vite lui propose de monter dans sa chambre. Son désir d’étreintes et de caresses satisfait auprès de quelqu’un qu’elle ne reverra pas, Claudine, redescend dans la vallée. Avant de rejoindre sa maison à l’écart du village, elle poste une lettre à l’adresse de son grand fils handicapé qui vit seul avec elle. Une lettre qui lui raconte les villes de ses amants (de son père). Mère dévouée, un amour réciproque les unit qui les enferme tous les deux. Ainsi, va la vie de Claudine entre deux âges, deux rôles, deux mondes… Jusqu’à l’arrivée de Michael, un homme de passage dans le cadre d’une mission professionnelle, qui va bouleverser l’ordre et les certitudes de Claudine. Avec ce premier film, Maxime Rappaz fait une magnifique déclaration d’amour à Jeanne Balibar. Sa caméra, subtile et pudique, caresse chacun de ses gestes, goûte son phrasé, enveloppe son corps, dans l’extase, ses travaux de couture ou les soins apportés à son fils. Un beau film, comme je les aime, tout en retenue et profondeur, sublimé par le talent vertigineux d’une Jeanne Balibar bouleversante de vérité – et de beauté…

Un dimanche au cinéma : « l’innocent » de Louis Garrel.

 
 
 
 
 
 
 
Di.23.10.2022
 
Dimanche au cinéma.
 
Il faisait un temps gris, l’air était chaud, lourd et poisseux. Une atmosphère pesante ! J’aurais aimé qu’éclatât un bel orage. Les sols ont besoin d’eau. Et nos esprits d’être distraits. Le climat politique est en effet chargé : guerre à nos portes, pénurie de gaz et d’électricité cet hiver, répression et violences envers les femmes en Iran, extrêmes droites un peu partout… À l’affiche du Théâtre-Cinéma du Grand Narbonne était « L’innocent » de Louis Garrel. Un film léger et intelligent selon le programme. J’ai donc décidé d’aller le voir. Quitter une heure trente durant ce monde cynique et brutal.
L’histoire tourne autour de Sylvie (Anouk Grinberg). Elle anime des ateliers théâtraux dans les prisons. C’est une petite personne joviale, piquante et passionnée. Elle vient de trouver, après trois échecs amoureux dans ce même milieu, « l’homme de sa vie », Michel (Roschdy Zem). Bientôt libéré, veste de cuir sur un physique avantageux, il a le charme du « bon truand » à l’ancienne. Folle de joie, elle l’épouse en prison et se lance à sa sortie, avec lui, dans le commerce de fleurs. Il va de soi pour Sylvie que Michel est tout aussi amoureux qu’elle, qu’il s’est définitivement retiré des « affaires ». Ce que ne croit pas son fils, Abel (Louis Garrel), jeune veuf inconsolable qui s’inquiète beaucoup pour sa mère et se met à surveiller de très près, en cachette, ledit Michel. Sa meilleure amie, Clémence (Noémie Merlant), jolie fille sympathique et délurée, entre dans son jeu. Elle est, en vérité, animée par l’amour, brûlant et caché, qu’elle éprouve pour Abel.
Dans ce film, Louis Garrel mélange avec brio les genres du polar, de la comédie et du « mélo ». Sa musique et sa bande-son sont celles des chansons de variétés que chante Sylvie (« Pour le plaisir », d’Herbert Léonard, « Une autre histoire », de Gérard Blanc, « Nuit magique », de Catherine Lara…). Des airs et des paroles qui chantent l’espoir, l’amour, la peine, la douleur. Sylvie est une Emma Bovary intermittente du spectacle des années 80 !
L’histoire se noue et prend du rythme quand Abel et Clémence se retrouvent embringués jusqu’au cou dans le braquage organisé par Michel. Ensuite, le quatuor d’acteurs excelle.
Je n’avais rien lu concernant ce film jusqu’à cet après midi de dimanche. « L’innocent » n’est certes pas un chef-d’œuvre, comme semble le proclamer une critique solidairement enthousiaste. Mais je l’ai trouvé touchant, intelligent. Sans prétention. Le scénario est simple, classique, vif, bien ordonné et les acteurs jouent parfaitement leur partition.
Bref ! J’ai passé un bon moment, loin du bruit médiatique ambiant, constant, perturbant et anxiogène. C’est déjà beaucoup plus que je ne l’espérais. À voir !
 
 
 
 
 
 
 

Le poids de la « culture » n’est pas celui dont il est fait état .

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Deux études commandées par d’honorables institutions culturelles (CNC, SACEM, etc.) présentent les industries culturelles comme un poids lourd de l’économie française : 75 milliards d’euros selon l’étude d’EY (Ernst and Young), plus que les télécommunications, la chimie ou l’automobile. Et , dans l’ambiance du moment où les intermittents du spectacle et les différents acteurs de la filière occupent le devant de la scène, sont régulièrement exhibées par les intéressés pour s’opposer à toute remise en cause des politiques publiques dont elles bénéficient. Sauf que ce résultat est fondé sur d’énormes erreurs économiques qui se cumulent pour surestimer de façon considérable (de 2 à 7 fois…) la vraie taille économique de ces industries culturelles.