Articles marqués avec ‘Gil Jouanard’

Gil Jouanard, grand « promeneur » des lettres avait le « goût de choses »…

       

Ce soir j’ai perdu un ami. Gil Jouanard était de ces êtres qu’on ne peut oublier. D’une belle et fine intelligence, il aimait la vie, les livres et tous ceux qui les font. Je l’ai connu à la Région Languedoc-Roussillon. Il dirigeait alors le Centre Régional des Lettres. Je le retrouvais souvent dans son bureau. J’ai pioché dans ses étagères tant et tant d’ouvrages. Gil était généreux, en tous domaines. Chaque jour ne nous offrait-il pas ici même des textes puisés dans l’or de sa mémoire : des morceaux de vie serties dans une élégante prose ; des lectures précises et goûteuses d’auteurs aussi qui sous sa plume devenaient des amis. Gil était un promeneur ; il avait le « coût des choses ». Il écrivait « à sauts et à gambades ». Il aimait Calet, Godeau, Follain, Fargues, Reverdy… Gil, mon ami, les mots ce soir me manquent. Restent les tiens, là, précieusement rangés aux premiers rayons de ma bibliothèque. Je sais t’y retrouver…

On trouvera une brève biographie de Gil, ainsi que sa bibliographie, en cliquant sur ce lien.

     

« Du monde entier au coeur du monde » (Cendrars)

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Gil Jouanard

Ce texte, offert hier par mon ami Gil Jouanard:

Xavier de Maistre nous en a administré la preuve évidente : le voyageur n’a nullement besoin d’avion, de bateau ou de caravane, pour partir à l’aventure dans vingt mètres carrés ; sa chambre lui suffit. Jean Henri Fabre n’en a besoin que de deux ou trois centaines pour entreprendre son exotique exploration de l’univers des insectes ; quant à Henri Michaux, c’est dans sa tête qu’il part à la découverte de sa virtuelle Grande Carabagne. Ainsi tout écrivain authentique est voyageur ; l’un le sera au long cours, l’autre usera du moyen-courrier ; un troisième se contentera, sédentaire, de parcourir l’infini planisphère de la langue, avec ses accidents de vocabulaire, ses chemins de traverse grammaticaux, ses incidentes et ses déviations, ses subtiles et fertiles polysémies, les appels du pied de son intenable mémoire. Son texte sera d’abord un bouillon de culture où auront infusé, macéré, bouilli, des bribes venues de tous les continents confondus de l’imaginaire sapiens-sapiens, celui qui remue et gronde dans le corpus pâteux du cortex et du néocortex confondus, dont chaque texte sera venu libérer le séisme latent.

Qu’est ce que la poésie? selon Gil Jouanard.

images-1Si la musique peut être définie comme l’art d’assembler des sons (de manière harmonieuse ou dysharmonieuse, avec ou sans mélodie, avec ou sans rythme), si la peinture est celui qui consiste à donner forme à des couleurs ou des couleurs à des formes (pour figurer, pour évoquer, pour suggérer ou pour… déconcerter et susciter la réflexion), on serait bien en peine de dire en une phrase, et même en dix, ce qu’est la poésie.

Facebook ! « C’est mieux que rien , dans cette solitude foisonnante où s’use laborieusement notre dérisoire temps de vie. »

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Pour qui connait Gil Jouanard, sa présence sur Facebook était tout simplement impensable. Et pourtant il y est, et  nous invite à aimer sur sa page Schubert, Jacques Douai, Fréhel…, que nous aimons. Il y écrit aussi, de temps à autre, de petites et subtiles  réflexions comme celle-ci, datée d’hier, je crois:

« Les réseaux sociaux ont en commun une ambiguïté en ce qui concerne la motivation de ceux qui y insèrent leur ego. Certains en usent pour se désenclaver dans cette humanité qui les ignore ou les isole. D’autres y trouvent ou croient y trouver l’occasion d’exprimer des idées qu’ils estiment être singulières ou qu’ils supposent partagées par ceux qui incidemment les partagent. Un certain nombre les utilisent comme on le fait des pages publicitaires d’un journal et y annoncent qu’ils vont faire, ou ont fait, ceci ou cela, publié tel livre, participé à tel événement ou à telle exposition. On en voit qui y recherchent l’âme sœur (ou le corps accueillant et disponible). Il y a ceux qui veulent intervenir sans frais mais de façon péremptoire dans les affaires du monde ou les événements circonstanciels dont « on parle » passagèrement. Quelques écrivains rentrés ou avortés les confondent avec un espace éditorial. On peut aussi y délivrer son instinct ludique (je confesse que je suis couramment de ceux-là). Un lied de Schubert, intitulé « Die Post », résume une attente, jamais satisfaite : celle de la lettre qui va tout changer et nous signifier qu’on est aimé, voire même que non existe. Facebook est moins pathétique car, plus trivialement, intimement ouvert à tous les vents. Mais si l’on sait lire et écouter, c’est bien un cri identitaire qui s’exprime au fond d’une bouteille confiée au hasard des flots d’anodins bavardages. En gros, disons que c’est mieux que rien, dans cette solitude foisonnante où s’use laborieusement notre dérisoire temps de vie. »

À cette réflexion de Gil, François Bon apporte ce petit commentaire: « oui, bon, on peut aussi dire que c’est la même fonction qu’aller au bistrot et le même plaisir, sauf qu’on choisit ailleurs que géographiquement les copains avec qui on y va ?! » et celui ci encore: « et puis les empêcheurs d’amitié on peut toujours les dégager discrètement, ce qui n’est pas possible dans la vie réelle ». Bien vu !

NB: Le site de François Bon le tiers livre est (ici)