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Décomposition et recomposition de l’offre politique nationale ?!

Comme je l’ai déjà noté dans de précédents billets , les conditions d’une recomposition politique générale sont aujourd’hui réunies.

Le parti socialiste peut se scinder entre une frange « gouvernementale » dirigée par M. Valls et des courants qui ne se retrouvent que dans l’incapacité idéologique à assumer l’exercice du pouvoir , majoritaires à l’assemblée et chez les militants. Quant à l’UMP, elle se déchire sous nos yeux entre la tendance euroréaliste et néo gaulliste, qu’incarnent des Guaino, Dati,  Le Maire et Wauquiez, notamment, et euroconformiste et centriste derrière Alain Juppé, Raffarin, NKM …

Le feu est dans la maison France ! …

Le feu est dans la maison France ! ...

État des lieux, rapide et succint – à chacun d’éventuellement le compléter – ,après le séisme électoral du 25 Mai – qui pourra désormais chanter  » le joli petit mois de mai  » ?…

Un président disqualifié et inaudible, une majorité divisée au bord de la rupture , une opinion désorientée et dans l’angoisse, une opposition de droite empêtrée dans ses affaires et paralysée par une guerre de chefs peu crédibles …

À Gauche, ne reste à l’exécutif que la réforme des collectivités territoriales pour marquer le restant de ce quinquennat . Voulue par l’opinion , elle est cependant très loin de ses préoccupations et de nombreux élus de gauche et de droite n’en veulent pas … Où elle se fera aux forceps contre une majorité d’entre eux ( voir mon récent billet sur la manifestation  » syndicale  » de la classe politique régionale ), ou elle ne se fera pas , ou à minima , et dans les deux cas ne rapportera de toute façon pas de gains électoraux à ses promoteurs .

À droite, après l’humiliation d’hier, son principal parti est en pleine crise .

Des règlements de comptes violents se préparent sur fond d’affaires financières qui pourraient mettre en péril l’existence même de l’UMP . Qui est à même de nettoyer ses écuries ? Tant que pèse l’hypothèque Sarkozy , personne ! Ou il se retire de la course de lui même ou il en est sorti par l’affaire Bygmalion … Ou il se lance sur un champ de ruines ! Quoiqu’il en soit la question demeure : l’UMP ( ?! ) sera – t – elle capable de se doter d’un leader incontestable à l’autorité nécessaire pour faire entendre au pays la vérité sur son état et pour définir les conditions propres à sa restauration. Le compte à rebours à commencé et le temps presse . Et manque ! …

Le centre … n’en parlons pas !

Quant au FN, les deux verrous de la diabolisation et du Front républicain ayant sauté , il est désormais au centre du jeu politique avec une cheffe , un discours , une stratégie ( démolir la droite de gouvernement et s’emparer de son hégémonie dans le champ politique, idéologique et moral ) … l’Élysée dans la ligne de mire !

Bref ! toutes les conditions d’une crise de régime sont réunies – même si la Constitution protège le Président et son gouvernement – dont la prochaine cristallisation électorale pourrait être , sera ? , l’échéance des régionales à l’automne 2015 . C’est à dire demain …

Le feu est dans la maison France !

Réflexions à chaud sur de noires élections européennes …

Réflexions à chaud sur de noires élections européennes ...

Selon les premières estimations réalisées par les instituts Harris Interactive et Ipsos, le Front national recueillerait entre 24,5% et 26% des voix, l’UMP 20% à 21%, le PS et le PRG 14% à 15%, l’UDI et le MoDem 9% à 10,5%, EELV 9% à 9,5% et le Front de gauche autour de 6,5%. Les autres partis termineraient sous la barre des 5%, score nécessaire au niveau d’une des huit grandes circonscriptions pour obtenir un siège d’eurodéputé.

Le Front national vainqueur incontestable de cette élection quadruple donc son score d’il y a cinq ans . L’UMP échoue à obtenir la première place et perd huit points par rapport à son score de 2009, et le centre droit: aujourd’hui alliés dans l’Alternative, le MoDem et l’UDI obtient deux petits points de plus que le Modem seul en 2009.

Pour le PS, il s’agit d’une véritable débâcle, puisqu’il se retrouve avec un score électoral égal ou presque à celui des européennes de 1994 (14,49%). Sans que cela profite aux autres formations de gauche, EELV divisant quasiment son score par deux par rapport à ses 16,3% de 2009, notamment …

Voilà pour les faits ! Pour les commentaires, d’abord une profonde tristesse et une grande honte à voir ainsi notre pays donner une image de lui aussi contraire aux valeurs qu’il sût incarner tout au long de son histoire ; des valeurs et des principes dans lesquels se reconnaissent encore tant de peuples ; des peuples qui demain se tourneront vers nous pour nous demander d’où vient ce mal qui infecte ainsi notre identité et atteint notre honneur .

Ce mal, contrairement à tout ce que je viens d’entendre à l’instant , ne vient pas de l’Europe mais de France et de France principalement . C’est le mal du mensonge, de l’absence de courage , de la division et du déshonneur , parfois .

Cela fait plus de 30 ans en effet que nos élites politiques mentent aux français en leur faisant croire que la situation économique et financière n’est pas aussi grave que ce qu’en disent les mauvais augures ; plus de 30 ans , et à coups d’alternances , qu’on recule et reporte sans cesse les réformes de structures nécessaires en pariant sur des réformes sociétales pour masquer le manque d’audace à affronter les problèmes de fond ; plus de 30 ans que s’affrontent des majorités plus préoccupées de conserver ou de conquérir des postes et des pouvoirs que de l’intérêt de tous et de celui de l’Etat ; plus de 30 ans enfin que de scandales en affaires et compromissions les partis de gouvernement payent le prix d’affairistes et d’ambitieux prospérant en leur sein … À Paris et en province !

Le reste, je veux dire la responsabilité, l’éloignement , que sais je encore , de l’Europe, ne tient pas ! Même si elle est le bouc émissaire facile et favori de nos gouvernements qui orientent sans cesse vers elle nos frustrations et nos peurs.

Oui, la situation est sérieuse et grave . Mais rien n’est jamais acquis !

Que le gouvernement et sa majorité se concentrent sur l’essentiel ; que l’opposition s’organise et crédibilise son projet ; que des compromis s’établissent sur des réformes de structures ; que les actions suivent, y compris et surtout contre des élus qui , comme ceux de ma région Languedoc-Roussillon, ne veulent rien entendre aux réformes les concernant ; que soient abordés enfin, sans concessions et sans démagogie, les problèmes touchant à la sécurité et à l’immigration et , j’en suis convaincu, nous n’aurons plus à revivre de soirée électorale aussi désespérante .

Vivement demain !

L’Europe est ce que la France ne parvient pas à faire, c’est-à-dire une machine à compromis ! …

L'Europe est ce que la France ne parvient pas à faire, c'est-à-dire une machine à compromis ! ...

On approche du 25 Mai et des élections européennes . Avez vous entendu ou lu quelque chose qui présente la vérité de la politique menée par l’Union Européenne et du rôle – et du fonctionnement – de son Parlement ? Moi pas !

Je vous conseille donc de méditer ce bon papier d’Eric Le Boucher paru dans  » les Echos  » du 16 mai. Je ne vous en dirai pas plus et vous laisse goûter cet extrait où il est aussi question de la France et de sa classe politique :

Présenter le scrutin du 25 mai comme un match Juncker-Schulz est complètement factice. « Les programmes des deux grands partis européens (la droite du Parti populaire européen et la gauche du Parti socialiste européen) ne sont pas très éloignés l’un de l’autre et n’affichent, en réalité, que des nuances », note avec justesse Jean-Dominique Giuliani, le président de la Fondation Robert-Schuman. Il rappelle que Jean-Claude Juncker est un démocrate-chrétien luxembourgeois dont les « préoccupations sociales sont réelles » tandis que Martin Schulz est un social-démocrate allemand « réaliste au plan économique ». « Tous deux, poursuit Giuliani,siègeraient en France au centre et même ensemble au centre-gauche ! » Ajoutons que l’un comme l’autre parlent parfaitement français et sont des militants de l’axe franco-allemand (1). Pourquoi ne pas dire ces faits et continuer de nous emmener au cirque ? Pourquoi la classe politique française est-elle incapable d’expliquer la réalité de l’Europe ? Incapable de dire que l’Union n’est pas un combat mais tout l’inverse, l’Europe est ce que la France ne parvient pas à faire, c’est-à-dire une machine à compromis ? A Strasbourg, les alliances sont à géométrie variable : UMP et PS votent souvent ensemble et ils sont rejoints, dans 40 % des cas, par le FN et le Parti de gauche !
 

Un essai de circonstance de Pascal Perrineau : « La France au Front » !

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Présentation par JOSSELINE ABONNEAU :

À quelques semaines des élections européennes, scrutin de choix pour le Front national, le dernier essai de Pascal Perrineau s’impose à tout honnête homme qui ne borne pas sa compréhension du monde politique aux analyses mondaines parisiennes.

Observateur chevronné d’une formation dont il analyse depuis quarante ans les circonvolutions, l’éminent politologue du Cevipof expose comment la séquence électorale ouverte par les municipales, qui s’étire jusqu’en 2015 (sénatoriales, territoriales, régionales), offre à Marine Le Pen toutes les opportunités pour infiltrer le système politique. Et rebattre les cartes pour le PS, l’UMP et le FN, avec en ligne de mire la clé de voûte de la Ve Répu­blique, l’élection présidentielle de 2017.

Dans un concentré historique illustré de cartes et graphes qui se lit d’un trait, l’auteur plante le décor pour l’avenir d’un parti « ni tout à fait le même ni tout à fait un autre » car il a tout connu : la marginalité (1972-1982), l’entrée dans la cour des grands partis (1983-1998), l’instabilité des frondes et scissions (1999-2009), le renouveau et l’implantation nationale et locale d’une formation (2010-2014), qui, contrairement à la droite, a un chef, un programme, une unité affichée.

Bref, un FN en ordre de bataille porte voix de tous les malaises de la société dans une démocratie alanguie et submergée par le discrédit de la politique. « Gauche et droite sont en crise, l’une ne convainc pas, l’autre minée par un combat de chefs peine à accoucher d’une ­alternative crédible, le FN se nourrit de ce discrédit. »

Mais les choses changent avec Marine Le Pen dont le parti « aspire à sortir de sa dénonciation permanente à dégager des majorités d’idées, construire des alternatives et non plus seulement des protestations. Pour cela il a besoin d’aller au plus près des clivages qui traversent la société française, de les traduire sur la scène politique, de les organiser et de les exprimer afin de mobiliser les électeurs et de répondre aux demandes qui sourdent d’en bas ». Celui qui a théorisé le gaucho-lepénisme (basculement de l’électorat populaire de la gauche radicale et communiste dans le camp frontiste) met au jour les sources de la ­dynamique frontiste. Ces cinq fractures (économique, européenne, territoriale, sociétale et culturelle) qui brouillent la frontière gauche-droite, jettent le trouble dans les partis, ­dynamitent le consensus mou gauche-droite de notre démocratie libérale apaisée. Avec ses diables (l’euromondialisme, l’islamisme, le communautarisme, l’UMPS, les eurocrates, l’établissement, etc.) et son discours sur la nation, le FN donne une seconde jeunesse à l’idéologie comme force motrice de l’histoire. C’est, note Pascal Perrineau, « le seul parti capable de réinsérer dans le système politique ceux qui en sont sortis et d’attirer aux urnes des électeurs qui les boudent ». Quand bien même, la poursuite de sa progression lui commande de fédérer ses trois électorats fort dissemblables (les bourgeois droitiers, les gaucho-lepénistes populaires victimes de la désindustrialisation et les classes moyennes des lisières entre monde rural et monde urbain).

Quel avenir prédire à cette force de ­dé­stabilisation politique ? Un coup d’œil dans le rétroviseur de l’histoire de ­l’extrême droite en France, Pascal Perrineau s’avance sur le terrain glissant de la prospective. Avec l’habileté d’une dentel­lière, il échafaude plusieurs scénarios en évaluant leur « faisabilité »… non sans avoir constaté la forte droitisation de la société et des partis, ce qui, dans l’immédiat, peut partiellement se mettre au crédit du FN…

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