Yves Jeuland. À l’Élysée, jeux d’ombres et de communicants…

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C’est l’excellent article de Nathalie : «Y a-t-il un un mystère Hollande?» qui m’a incité à revenir sur ce grand moment de télévision, et de communication ratée, que fut la diffusion, lundi, du film d’Yves Jeuland. Un documentaire censé, du point de vue de l’Élysée, nous présenter un François Hollande, modeste, calme  et déterminé. À l’écoute des français. L’image inversée de son prédécesseur : «C’est vrai que je suis aussi un peu dans une coquille, une carapace et que peu de gens savent vraiment qui je suis. » Au lieu de quoi, nous « Z’avons vu Gaspard ». Gaspard Gantzer, le « Pygmalion »  en chef du palais élyséen. L’homme chargé de tailler, de sculpter le « corps » médiatique le plus « vendable » possible du chef de l’État sur le marché de l’information et auprès de l’opinion. Pris au piège de la caméra et de son réalisateur, comme George Frêche dans un film précédent, en son temps, François Hollande disparaît, en effet, derrière le véritable sujet d’Yves Jeuland: la prise de contrôle du politique et de l’information par les professionnels de la communication. Comme le montre  cette scène centrale où l’on voit les journalistes dûment briefés par Gaspard Gantzer, répéter à l’identique et aux mots près, avec beaucoup de conviction les “éléments de langage” qui leur ont été communiqués ( voir la vidéo: 0’57’’ ). Des images dévastatrices, et d’une cruauté sans égale pour toute une profession, comme pour le pouvoir. Et les hommes et les femmes qui l’exercent. Ainsi aussi ces conseils de François et Manuel, à Fleur Pellerin : « ll faut des idées. Vois Jack ( Lang!), il a des idées. Et Monique, bien sûr. Et va au spectacle, tous les soirs, et dis que c’est bien et que c’est beau. » Que c’est bien et que c’est beau! Comme un livre de Modiano. Surtout quand on ne l’a pas lu… Et payé politiquement très cher! Enfin, cette dernière scène, parmi celles que j’ai retenues, présentant un petit cénacle de conseillers autour de l’omniprésent Gaspard, où l’on entend cette phrase prononcée du bout des lèvres, par le conseiller politique: « il faut infantiliser Montebourg et Hamon ». Tout un programme! L’art d’Yves Jeuland est de savoir se faire oublier quand il  filme les coulisses du pouvoir. C’est dans ces moments que sa caméra et son micro captent des lueurs de vérité sur l’exercice du pouvoir et l’emprise des communicants sur l’information et le politique. Loin, très loin, des représentations fantasmées et idéalisées qui spontanément nous viennent à l’esprit. Un film remarquable. Qu’il faudrait diffuser et commenter dans toutes les écoles…

« A l’Elysée, un temps de président » : quand… par francetvinfo

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Commentaires (5)

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    Christian Vignozzi

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    Qui a le pouvoir finalement ? Le Président ou les communiquants et les conseillers !

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    Didier

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    Effectivement, l’instant le plus cruel et le plus ravageur est celui de « la dictée » à des journalistes, dont certains de renom. Ont-il besoin d’une carte de presse, avec les avantages associés, pour ensuite venir faire le perroquet dans les médias ??

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    Raynal

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    Accablant….Quelle vacuité, quel vide sidéral et aussi quel cynisme d’autant plus revulsif qu’il n’a même pas conscience de l’être. (dis que c’est beau….donne la patte….)…Et cet espèce d’escogriffe infatué de lui même qui lui tient lieu de communicant…..Chargé de vendre son président comme une vulgaire lessive….Et ces ors, ces huissiers a chaine devant notre représentant des classes populaires, redresseur de courbes, normal et detestant les riches….Et l’autre secretaire général qui s’essaie a l’humour de caserne avec les secrétaires chargées de corriger son illisible et incompréhensible prose…Si ce reportage etait censé peaufiner l’image que nous avions de notre président, c’est gagné…..C’est encore pire que ce que nous pensions….

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      Pibouleau

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      Tu es intransigeant Jacques Raynal, mais je pense que tu es dans le vrai. Le constat est accablant. Cet homme n’a aucune dimension. Il n y a pas de mystère Hollande, cet homme est creux, sans résonnance

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