Au café des sports, à Céret.

 ceret


Deux jours dans les Albères. Le premier pour y fuir une fête de la musique devenue tyrannique et vineuse, le second pour me rendre à Céret pour y retrouver l’ami Henri Sicre.

Cela faisait des années que nous ne nous étions pas revus. À la retraite désormais (quatre mandats de député quand même!) et détaché de la «parole» officielle du «parti», nous avons remonté le temps à l’ombre des platanes du «café des sports».

La politique le tient encore, quoi qu’il en dise, même si  la chasse au gros gibier dans ses belles montagnes prend de plus en plus de place dans sa vie. Il ne désespère pas encore, en effet, à 76 ans (!), de faire tomber l’actuel maire « divers gauche » de Céret. «Assez falot, il est vrai !», précisât opportunément le patron du bistrot en posant nos deux tasses de café commandées sur la table. L’un de cette engeance commerçante cérétante qui, pourtant, avait  fait campagne contre Henri: « son musée coûtait trop cher! ».

Ah! l’ingratitude et l’hypocrisie de la vie (!) politique, ces deux mamelles auxquelles s’alimentent les pharisiens qui en font métier, leurs obligés et leurs fidèles. Ne serait-il pas temps d’envoyer les dogmes au pilon, mon cher Henri, lui disais-je. De te débarrasser des mécanismes proprement religieux dont découlent, dans ce pays, les appartenances politiques. D’abandonner une bonne fois pour toutes cette mallette idéologique  que nous fournissent les marchands du temple «démocratique»  ― avec ses grandes dates, ses grands hommes, ses grandes citations… De vivre, enfin! De pratiquer cet athéisme politique auquel j’adhère désormais et  que résume assez bien cette formule de Saint Augustin : « Aime et fait ce qu’il te plaît »…

– Mais Michel, c’est toute ma vie que tu me demandes de revoir! … – Mais non Henri, c’est tous les jours qu’elle se joue, toute ta vie… 

Dieu qu’il faisait beau ce jour là, à l’ombre des platanes de Céret, en compagnie d’un ami si peu vu, hélas, ces dernières années…

 

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Commentaires (1)

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    raynal

    |

    Quelle belle formule, mon cher Michel,  »athéisme politique »…Encore que, pour ce qui me concerne, je prefère agnoticisme politique, ce vocable d’athéisme me semblant trop amener a remplacer un
    dogme par un autre…Le dogme du vide se substituant a celui du trop plein.

    Or, te l’avouerais je, a ma grande honte, je ne sais rien(n’ai pas la gnose) de la voie royale par ou passe le bonheur des peuples…Je me rassure tout de meme quelque peu lorsque je
    considère le nombre impressionnant de gens qui, eux, sont certains du chemin a emprunter.

    Mon émotion est grande ainsi que ma reconnaissance a voir ainsi tant de grandes ames s’acharner a faire mon bonheur alors meme que je ne leur demande rien.

    En d’autres temps on nous aurait sans doute collé sur un bucher, planté nos tetes a la pointe d’une pique ou envoyé croupir dans la toundra…Voilà, au moins, un des avantages de la
    modernité(tout au moins sous nos latitudes)

    Il ne faudrait pas lire Epicure, ni les sceptiques et encore moins les cyniques( te rappelles tu ce que répondait Diogène a Alexandre venu, comme tout bon politique, lui demandait ce qu’il
    souhaitait…

     » que tu t’otes de mon soleil ! »

    Je partage entièrement ton analyse…Les hommes ont besoin d’une foi…Quand ils l’ont un peu perdu dans les églises ils en ont recrée une autre, affublée des oripeaux de l’ancienne et ils l’ont
    baptisée de nouveaux vocables, porteurs, leur semblait ils, d’une nouvelle forme de transcendance. D’ou, nouvelles idoles, nouveaux prédicateurs,nouvelle liturgie et nouvelles méthodes de
    décervelage des peuples qui, de toute façon, n’aspiraient pas a autre chose.

    Nietszche, tu le sais, a fort bien décortiqué tout cela…Kant, hegel,les lumières ne sont qu’une actualisation laicisée de la très ancienne aspiration a l’immortalité…

    J’ai le plus grand respect, néammoins, pour celui qui, au nom de sa vérité révélée s’engage résolument et avec sincérité…Je lui demande seulement de respecter ma marginalité.

    Quand a ton ami et a réponse a ta question »mais c’est toute ma vie », je le comprend, cela reviendrait a se défroquer, a lacher cette béquille qui vous aide a avancer depuis si longtemps…

    Ca peut etre effrayant la liberté !

    Bonne fin de semaine, Michel.

     

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