Ce matin, j’ai reçu mon lot de violences de gens que je « croise » pourtant dans la rue et me lisent sur la « Toile », notamment…

Il est des matins où vous frappe plus que d’autres la violence des mots, écrits ou prononcés, peu importe. Surtout quand vous en êtes le destinataire et vous pensiez à l’abri, sous le couvert de billets le plus éloignés, s’il est possible, de tout emportement. Je ne suis pas du genre, en effet, à laisser la colère ou le ressentiment guider mes observations, remarques ou analyses sur la vie locale, notamment. Mon souci est  plutôt de participer à la discussion « politique », dans mon environnement proche surtout ; avec la distance critique que permet mon « statut » actuel, ainsi qu’une longue expérience dans la « gestion publique ». Mon goût pour la littérature m’obligeant de surcroît à soigner du mieux possible ces petits textes : le plaisir du style (pas toujours au rendez-vous, hélas !) s’accordant avec le respect du lecteur (rarement pris en défaut, me semble-t-il). C’est dire si la réception, nuitamment,  de deux commentaires d’une violence inouïe m’a profondément troublé. Innocemment je pensais en être exempté, et voilà qu’une certaine forme de fureur sociale s’imposait brutalement dans les limites de ma conscience. Comme pour me rappeler que la « civilité », qui pourtant devrait présider aux rapports que nous entretenons quotidiennement avec nos semblables, n’était qu’un mince  et fragile vernis. 

Pour en venir au fait, le premier commentaire donc, d’un courageux anonyme « JJ », au QI de crevette, me somme de me taire, de ne plus commenter l’actualité concernant l’Arena de Narbonne, entre autres affaires, tout  en se demandant pourquoi « on » ne m’avait pas encore donné une « bonne correction ». Un appel à candidature pour ce faire, évidemment. Je cite cette graine de milicien de la haine démocratique, dans toute sa splendeur grammaticale  : « Vous avez de drôle de façon d’occuper vos jours d’en retraite vous. Vous avez pas une femme ou de sa petits petits enfants à vous occupez plutôt que de cracher partout. Vous êtes minable, j’en me demande encore comment vous avez pas reçu une correction ! ».  Quant au second, d’un pseudonommé Cétacé Jovial, plus chirurgical et d’une élégance d’équarrisseur, son souhait serait qu’un bon petit cancer valide ses délires environnementaux que provoquent en lui l’existence même de l’usine de traitement de minerai d’uranium d’Orano-Malvési, et m’envoie  à l’hôpital de Béziers pour m’y faire soigner : « Je vous laisse avec votre futur incinérateur de boues radioactives, et vos hommes politiques locaux d’une nullité sans nom…profitez bien de votre retraite, je l’espère encore longtemps, en bonne santé, sans cancer lié à la radioactivité ambiante… »

Cela dit, je pensais avoir reçu mon lot quotidien de violences, mais, comme si ces premières lueurs matinales n’avaient pas été suffisantes à mon réveil à la vraie vie sociale et politique, l’écoute de la radio est venue, un peu par hasard et un  plus tard, y suppléer encore plus brutalement. C’était sur France Culture. Le sujet à la « Une » était les « Violences policières ». Avec, pour commencer, cette « accroche audio » : … depuis plusieurs années les dérapages fréquents de certains membres des forces de l’ordre à l’égard de certaines catégories de la population : les jeunes, les banlieusards et les minorités. Pourquoi certaines violences intéressent-elles plus que d’autres ? » Pour en parler, l’invitée était Assa Traoré, la soeur d’Adama Traoré mort à la suite d’une arrestation par des gendarmes, lors d’une manifestation. Et, en sa compagnie, l’inéviable sociologue de service, Geoffroy de Lagasnerie, qui, sur un ton et un débit de servant de mitrailleuse, assénait ses vérités  : « La police invente ses propres lois et certaines populations vivent dans un État policier »… «La violence vient de la police dans les quartiers… et de l’école »… « Bruno Le Roux (ancien ministre de l’Intérieur socialiste) a défendu un gang policier en rendant visite d’abord aux gendarmes impliqués dans cette … ». Bref ! sans en avoir conscience, je vivrais sous une dictature. J’ai tenu 5 minutes. Indigné !

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Commentaires (14)

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    Marchand Yves

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    Cette violence n’est que la manifestation impuissante d’individus influençables et déraisonnables qui subissent quotidiennement les assauts des pourfendeurs de la tolérance au nom de la justice du peuple. Cette clairvoyance autoproclamée des destructeurs de notre société est complaisamment reprise par des médias à jeun de sensationnel qui érigent en lanceurs d’alertes de simples calomniateurs. Ainsi le lynchage des réseaux sociaux devient une composante de l’information.

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    CARBOU Guy-Michel

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    Il importe peu que vous ayez raison ou non dans vos différents billets. Ce qui importe c’est que vous puissiez dire et dire encore. Notre civilisation des « réseaux sociaux » me paraît, paradoxalement une civilisation du peu de communication. Ce qui importe n’est pas ce que l’autre dit mais ce qu’on va lui répondre. Ce qui importe n’est pas l’argumentation mais l’éructation. François Billetdoux se demandait « Comment va le Monde, môssieur ? » Je ne uis pas sûr que l’on puissen encore répondre: « Il tourne, môssieur »
    Bien à vous.

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      Michel Santo

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      Merci pour ce commentaire … Bien cordialement !

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      Michel Santo

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      Thierry ! Si vous faites allusion au jeune Traoré, nul « Dédain » de ma part dans ce billet. Par contre, à l’endroit de Geoffroy de Lagasnerie (et de Guillaume Elmer) lui seul visé : oui, ses idées, son ton, ses certitudes, je n’ai pu les supporter que quelques minutes. Cinq, pas une de plus ! Le type même de l’intellectuel qui réalise le tour de force de vous détourner, en vous mettant dans la gêne, les causes sociales qu’il embrasse…

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    Vialle Jean-Pierre

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    Voltaire n’aurait jamais prononcé cette phrase qu’on lui attribue cependant, mais ceux qui critiquent les positions et avis d’autrui feraient bien de s’en inspirer : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ». Bonne journée !

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    cetace_jovial

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    Monsieur SANTO, vous l’avez pris pour vous alors que ce n’était qu’une figure de style, l’hyperbole, j’en suis désolé…et je ne vous souhaite pas « un cancer » comme vous avez pu le dire dans votre billet.
    L’honnêteté intellectuelle voudrait que vous parliez de la raison de ce commentaire qui mettait en évidence la qualité médiocre des eaux du canal de la robine, là où une passerelle est projetée dans le cadre du musée de la romanité.
    Et si j’ai fait référence à Béziers, c’était pour souligner le fait que l’hôpital de Narbonne n’a plus de service d’oncologie (et que nous n’avons entendu aucun politique s’en inquiéter au passage).
    Je note en outre, que l’épisode de l’employé d’Orano Malvesi qui a voulu alerter le CHSCT sur des rejets de Nox dépassants les limites alors que son chef le tançait de continuer la production, est passé sous vos radars…peut être que l’actualité narbonnaise est si riche que vous n’avez pas encore eu le temps d’en parler…ou est ce un choix éditorial….qui ne dit mot consent…
    Monsieur CARBOU qui n’est plus à présenter dans le monde du théâtre, un homme élégant et respectable ne s’est jamais interessé aux problèmes environnementaux dans ses pièces, il serait peut être temps….Labiche c’est bien, Racine c’est génial, mais Orwell aussi c’est tendance ! (surtout 1984)
    Cordialement

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      Michel Santo

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      Votre hyperbole , comme vous dîtes, s’ajoute à la violence de vos commentaires précédents, toujours empreints d’une agressivité quasi obsessionnelle (certains d’ailleurs ont fini à la poubelle). Et si je vous accorde ce droit de réponse, c’est pour vous faire savoir, en retour, que ce genre d’attitude qui tend à se généraliser sur les réseaux sociaux, notamment, est proprement insupportable. On ne peut pas tout se permettre caché derrière son écran. Trop facile, trop lâche… Soyez donc plus respectueux de vos interlocuteurs qui font l’effort d’ouvrir des débats sans intentions malveillantes. Laissez les passions tristes au vestiaire et peut-être alors pourrons nous échanger ici même. En attendant, bonne soirée !

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      GUY-MICHEL CARBOU

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      Je ne peux que vous recommander de venir assister au « TOURBILLON DE LA GRANDE SOIF » de Jean-Paul ALEGRE que le TQS a créé en mai 2018 et que j’ai mis en scène…

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      GUY-MICHEL CARBOU

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      Je ne peux que vous recommander de venir assister au « TOURBILLON DE LA GRANDE SOIF » de Jean-Paul ALEGRE que le TQS a créé en mai 2018 et que j’ai mis en scène…

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    jacques raynal

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    Au delà des deux ou trois abrutis qui déversent leur bile et leur hargne, pense plutôt a ceux qui, cent fois plus nombreux apprécient l’espace de débat respectueux et enrichissant que tes billets suscitent….Les crétineries de ces individus sont les scories inévitables dans ce genre d’exercice….Quand on n’a ni les mots, ni les arguments il reste la bave et c’est bien peu de chose…. La parabole du pet sur la toile cirée .Pour le reste je ne partage pas toujours ce que tu dis mais tu me trouveras toujours a tes cotés pour que tu puisse le dire ( et peu importe que ce soit ou pas de Voltaire, c’est ce que l’on a jamais écrit de plus beau sur la tolérance ) Amitiés a toi.

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      Michel Santo

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      Heureusement que tu ne partages pas toujours ce que je dis. Il ne manquerait plus que ça ! Amitiés !

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    Dumas Michel

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    Qui sont les responsables?
    Ceux qui mettent en scène toute cette misère intellectuelles?
    Ceux qui construisent cette misère sociale?
    J’ignore ceux qui se nourrissent de cette boue?
    Michel,
    Restez sur votre ère de culture, même si la fange déborde parfois sur votre chemin.
    Comme à votre habitude, évitez là, vous le faites avec humour.
    Bien à vous!

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    FRED

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    Bonjour Mr Santo et tout mon soutien.
    Qu’ils sachent que l’anonymat n’existe pas sur internet, même avec les pseudos ou les téléphones prépayés, l’informatique n’oublie rien, si on le souhaite, on retrouve tout et tout le monde.
    Il n’y a pas plus délatrices que les nouvelles technologies.
    Et que leurs propos tombent sous le coup de la loi.

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