Chronique de Narbonne: Hommage à Hercule Birat « poète narbonnais » !

IMG_1043Parmi les personnalités du monde des arts et des lettres qui vécurent à Narbonne, il en est une à qui je rends un hommage bien involontaire tous les matins en passant  devant sa maison natale de la rue de l’Ancien Courrier pour aller dans celle au rez-de-chaussée de laquelle se trouve la boutique d’Adeline, ma boulangère .

Hercule Birat, puisqu’il s’agit de lui, y est né en 1796 et s’est imposé comme une des figures locales notables des débuts du XIXe siècle – ce que j’ignorais  jusqu’à ce que je me décide à aller voir de quoi ce bonhomme était fait, et découvrir une personnalité fort  attachante qui cultivait sans retenue tous les genres: chansonnier satirique, poète français comme occitan. Il était même considéré, notre Hercule, par certains, comme un précurseur des Félibres, c’est dire! Son style était acerbe, et il le mit au profit d’une oeuvre reflétant  près d’un demi-siècle de vie narbonnaise, qui   ne fit pas toujours l’unanimité au sein de la petite caste des notables locaux. Ce qui le contraignit  à la démission de la Commission Archéologique où régnait alors des esprits peu portés à la critique ou à l’auto-dérision. Ses textes nous renseignent donc sur la grande comme sur la petite Histoire, et nous livrent aussi de nombreux portraits croustillants de ses contemporains, ainsi qu’un point de vue différent sur les événements marquant de la vie narbonnaise de l’époque. Ces vers tirés de « Une nouvelle étoile télescopique … » en fichier joint (Hercule Birat), donnent une petite idée du personnage :

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Maudit soit le rimeur et sa caustique veine !

Quoi ! sans exception, grognant son insuccès,

Il fait des Visigoths de tous les Narbonnais.

Je veux le semoncer au point qu’il s’en souvienne ;

Car moi j’ai pris son livre, et vous Bernard aussi.

Comme il nous traite ! Bon, justement le voici.

Birat, même motif tous les deux nous amène ;

Le mot de Visigoths nous pèse sur le coeur.

— Vous l’avez pris pour vous, mes amis, quelle erreur !

Moi, vous injurier, vous causer de la peine !

Ah ! ce n’est pas à vous que s’adresse ma haine,

A vous surtout, Lignon , mon grand consolateur !

Tous mes vrais souscripteurs sont de race romaine ;

Je les tiens pour instruits, pleins de goût et loyaux ;

Mais ceux qui m’ont trompé !… jusqu’à perte d’haleine,

Je le dirai bien haut, sur les monts, dans la plaine;

J’en ferai confidents fontaines et ruisseaux,

Roseaux et tamaris, grenouilles et crapauds ;

Je l’apprendrai par coeur aux sonores échos

Du bastion Vauban , de celui de la Reine,

Aux sifflets de la gare, aux essaims de moineaux

Qui de nos vieilles tours habitent les créneaux,

Même aux grillons des prés, mais surtout aux platanes

Du jardin communal, sont des sots, sont des ânes ,

Des ladres, des jaloux enfin des Visigoths.

Ingrat et sot pays, où triomphent les buses, Où, loin de les choyer, on insulte les muses…

On lui doit aussi une version de la légende de « La Grenouille de Saint-Paul », un poème de huit cents vers environ, daté de décembre 1856 et dédié à André Bru, sculpteur funéraire et concierge du Musée lapidaire de Narbonne.


Ressources : sur Google (ici), sur Gallica (ici) et au Cirdoc (ici)

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Commentaires (3)

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    ALADINOV

    |

    Hercule BIRAT Le chauvinisme des fiertés locales et régionales est justifié, pour les appartenances plutôt « romaines », par « l’instruction, la finesse et la loyauté ».
    Paix à l’âme du poète qui souffrit tant dans ses adieux, en plein devoir filial. Ce fut la preuve irréfutable de son instruction et ss loyauté. Sa finesse, elle le fut dans ses derniers soupirs.
    Merci à Michel Santo pour ces apports. #ALADINOV

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    Bossis

    |

    Merci, pour ces deux moments de grâce que sont les textes que vous nous proposez. De fait la presse quotidienne nous amuse (littéralement privé des muses) de nouvelles sans inspirations. A vous lire, au contraire; je m’amuse de vos inspirations qui sont de vraies nouvelles, telle cette petite plaque, et je m’instruis des petites choses qui importent dans la vie locale.
    merci

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