Chronique Narbo-Martienne : 2015, un grand cru pour l’archéologie à Narbonne.

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État de l’épave avant son réenfouissement. Cliché Julie Labussière

 

Noël approche et réserve son lot de bonnes surprises éditoriales. Au nombre d’entre elles, le dernier Bilan scientifique du Service Régional de l’Archéologie de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Occitanie. Le titre ne fait pas rêver je vous l’accorde, mais il est fidèle au contenu, qui décrit l’ensemble des fouilles et études menées sur les quatre départements de Languedoc-Roussillon.

Avec 11 chantiers autorisés, Narbonne est la ville la plus fouillée après Nîmes. J’attire l’attention des lecteurs sur le compte rendu des investigations menées sur la grande bâtisse abandonnée rue Benjamin Crémieux. Classé en 2013, l’édifice n’est rien moins que le Palais Consulaire médiéval de Narbonne ! c’est-à-dire le siège du pouvoir civil au Moyen-âge, l’équivalent de notre hôtel de ville.

L’édifice est peu lisible, faute de mise en valeur de ses façades. Pourtant le verdict est sans appel sur son intérêt historique : «cette façade de maison consulaire du XIIIe siècle est un témoin exceptionnel d’architecture civile médiévale. Elle n’a à notre connaissance pas d’équivalents en France, hormis la maison romane de Saint Antonin Noble Val ­[…] ou le Palais consulaire d’Arles» (Frédéric Loppe). Je vous laisse vérifier ce que de tels édifices donnent quand ils sont restaurés. Il y a donc urgence à travailler avec intelligence et efficacité sur ce pan du patrimoine Narbonnais aujourd’hui en déshérence. Rappelons que Pierre Reverdy, le lumineux poète surréaliste est né dans une des habitations qui ont colonisé le Palais à partir du 19e s.

Autre chantier majeur, mais sans les mêmes enjeux urbains, l’étude de l’épave marine de Mandirac. On apprend (p 51) que le protocole scientifique a prévu le réenfouissement après étude de la belle embarcation. Un processus cyclique donc, où le document de l’histoire est découvert, prélevé, étudié, puis ré-enfoui, car difficile à conserver hors de son milieu. A partir de scans, un « plan de forme » corrigé de l’épave sera réalisé, sans les « déformations liées à l’enfouissement des vestiges ». Eh oui, l’archéologie est un outil du savoir qui ne fait pas de cadeau à l’inutile. Pour ceux comme moi qui sont amoureux de la beauté involontaire de l’objet archéologique, on se consolera avec le beau reportage photo qui a été fait de l’épave.

Les autres chantiers sont évoqués, de la fouille un peu décevante du cloître de la cathédrale au programme collectif de recherche sur les ports antiques de Narbonne. Le constat – réjouissant – émerge au fil des pages que le patrimoine archéologique croît, au fil des découvertes et grâce aux moyens financiers et humains que les pouvoirs publics lui consacrent. A Narbonne, il est même un enjeu d’intérêt public tant il est inéluctable que le développement de la ville passera par sa mise en valeur.

Si l’ouvrage, richement illustré, vous intéresse, inutile de surcharger la hotte du père Noël. Vous pouvez le consulter et le télécharger en cliquant sur (ici) 

 

Vous pouvez agrandir l’image en cliquant dessus. Tous les billets écrits par Jakin Guran-Izan sont disponibles en cliquant sur: Jakin Guran-Izan, en rouge, en haut et à gauche.

 

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Commentaires (2)

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    GRANAT Didier

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    Une question me tracasse !!!! Pourquoi ce « ré-enfouissement de l’épave de Mandirac »? N’avons nous pas la maitrise des techniques de conservation ? Ce qui m’étonnerait. N’est ce pas plutôt par manque de financement ??? Si c’est le cas… Il faut faire appel à des mécènes…

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    Antoine

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    Bonjour Mr Santo, je retrouve ce vieil article qui parlait de la vieille bâtisse à l’abandon de la rue Benjamin Crémieux. Cette bâtisse va être enfin rénovée pour y faire des logements. Je ne sais pas si elle aurait pu être ouverte au public pour la visiter car peut être qu’il ne reste plus grand chose dedans de l’époque médiévale. Alors une bonne ou mauvaise nouvelle je ne sais pas, mais au moins la façade sera plus agréable à regarder pour les passants…Aujourd’hui on a l’impression que tout va s’effondrer.

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