De l’usage des prénoms, entre insertion et distinction…

     

Cette histoire de prénoms, qui témoigneraient de la volonté de ceux qui les donnent de s’intégrer, ou pas, – leurs enfants avec – , à la communauté nationale : son histoire, sa culture, sa langue … , a provoqué un vacarme médiatique d’une intensité telle que la moindre remarque aux propos indignés – surjoués – des deux protagonistes à l’origine de cette  controverse  ne peut hélas se faire entendre. Que des enfants dont les parents ont souvent la double nationalité, portent, majoritairement, des prénoms qui les lient à leur propre histoire familiale, d’abord, est en effet incontestable ;  comme l’est tout autant la même tradition suivie dans des familles, disons, abusivement, de « souche ». Une coutume qui n’a rien d’un rite d’intégration à une communauté particulière ou à la communauté nationale, mais qui  symbolise plutôt l’inscription d’un nouveau-née dans une l’histoire, d’une parentèle ; et, de ce, fait fortement marquée par sa culture d’origine. J’observe, en outre, que cet usage régresse dans les générations qui ont suivi la mienne : les prénoms de personnages ou d’acteurs de séries américaines – orthographiés de différentes manières plus ou moins fantaisistes – ou pris dans d’autre aires culturelles ou beaucoup plus simplement inventés, afin de ne pas dépasser deux syllabes (et d’éviter, me dit-on, l’usage de diminutifs) sont désormais courants et remplissent les registres des écoles maternelles – je peux en témoigner !  Devrait-on donc, comme nous y invite Éric Zemmour, prêter l’intention, à ces parents-là, de vouloir « sortir », eux aussi, symboliquement, de la communauté nationale ?  Alors qu’ils expriment surtout leur totale liberté de choix (pour le meilleur ou pour le pire), dans les seules limites que la loi impose dans l’intérêt des enfants (voir l’analyse juridique en cliquant ici). Finalement, cette polémique est absurdement  montée en épingle par et dans les médias, et ne sert qu’eux. Et ne fait pas avancer d’un pouce la discussion sur « l‘intégration », ses conditions de réussite ou pas, dans la France d’aujourd’hui… Finalement, la seule constatation que l’on puisse faire est que le souci de distinction semble aujourd’hui primer sur celui de l’insertion – quel que soient les catégories sociales ou culturelles concernées ; le prénom s’est détaché de l’État et de la revendication nationale pour devenir un référent personnel.

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