Défendons nos valeurs, qu’est ce à dire !

  valeurs      

Défendons nos valeurs ! Cette expression souvent entendue, méritait une sérieuse mise au point. J.L Marion l’a faite dans ce beau texte daté du 04 octobre 2012. Texte relu hier soir dans mon bloc-notes. Le voici:

Défendons nos valeurs ! », « Revenons à nos valeurs ! », « les valeurs de la démocratie et de l’école », « les valeurs chrétiennes de l’Europe » – dans le discours, le recours aux valeurs devient d’autant plus commun que les difficultés de la société conduisent à des crises que l’on ne peut plus dénier. Dans ces emplois, la valeur prend le rang de la règle fondamentale, de la loi morale, du bien et du mal, bref d’une instance normative, indépendante des errances du moment, à laquelle, dans le désarroi général, on pourrait toujours avoir recours.

Il s’agit d’un contresens sur le sens du mot. Car une valeur dépend toujours d’une évaluation, et donc d’un évaluateur. Même la valeur d’un guerrier ou d’un héros, au sens ancien, suppose, pour se manifester, la comparaison avec un autre, moins valeureux. Dans la plupart de ses emplois modernes, la valeur tire son sens d’une valorisation, d’une appréciation : la valeur d’une action en Bourse dépend du nombre d’acheteurs réels ou potentiels rapporté au nombre de vendeurs potentiels ou réels – ce qui reproduit le mécanisme de la valeur des produits sur tout marché. Ce modèle économique, en fait financier, de la valeur ne se développe dans de nouveaux domaines (l’art, les œuvres de l’esprit, mais aussi le travail salarié, les systèmes de protection, la santé, l’éducation, l’image de marque dans l’opinion publique, etc.) qu’à la mesure de l’interprétation de ces domaines selon le système du marché, selon les lois de l’offre et de la demande, selon le qu’en dira-t-on électronique. Notre époque tend à généraliser cette interprétation et l’extension du marché, même aux domaines jusqu’alors non inclus dans l’économie et dans l’échange (le travail non salarié, les relations familiales, etc.), en recule les limites.

Dès lors, les croyances, les opinions et même les idéologies peuvent, par analogie, devenir des valeurs : de fait, il y a un marché des croyances et des opinions que soutient la demande de certains groupes, qui les imposent comme le signe et le résultat de leur propagande ou de leurs pressions. Chaque groupe social vante ses valeurs, combat, pétitionne, manifeste, influence et manœuvre pour elles.

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Commentaires (2)

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    pibouleau

    |

    Qui fait référence aux valeurs « chrétiennes de l’Europe » ? Est-ce les seules, incontournables ? N’y en a-t-il point d’autres ? Hors d’une réflexion chrétienne point de salut ? Cet arbitraire
    idéologique m ‘indispose au plus haut point. Les chrétiens détiennent-ils le vrai ? Si tel était le cas, nombre d’hommes de  bonne volonté l’aurait honnêtement reconnu. Hors il n’en est
    rien. Personne ne peut prétendre avoir LA VERITE.

    Je me réserve d’intervenir plus longuement sur ce blog concernant « les valeurs » avec référence morale sous jascente. Autant exprimer ma profonde divergence de vue.

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    Alphonse MARTINEZ

    |

    Et pourtant ,ce sont bien nos valeurs «  »chrétiennes de l’Europe » qui ont permis avec l’évolution des esprits et le recul de l’ignorance de construire les fondements de notre civilisation par le choix de la laïcité . Comment dénier cela ? Notre siècle subit le choc de deux cultures insociables ,l’une porteuse des croyance du Moyen Age et l’autre Moderne lucide et scientifique . Nous ne sommes plus dans un domaine incertain ou philosopher sur la vérité ,mais de l’évidence. Les faits ,rien que les faits, uniquement les faits d’actualité.

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