Défense de cette « Haute Fonction Publique » aujourd’hui vilipendée…

The Scapegoat (Le Bouc émissaire), tableau de William Holman Hunt, 1854-1856

Haro sur les « énarques », les « technos », ces responsables de tous les maux qui accablent le pays, la République et ses gouvernants. Eux qui brideraient « l’audace du chef de l’État, freineraient l’application de ces décisions concernant l’augmentation du smic ou l’annulation de la hausse de la CSG pour les retraités touchant moins de 2 000par mois.

Des « crânes d’œuf » déconnectés de la vie réelle qui passeraient leur temps à torpiller les initiatives et les mesures prises par les élus, pour tout dire. Bref, des nuisibles qu’il faudrait  mettre au pas pour que la démocratie aille vite. Autrement dit pour que les élus décident sans autres raisons que leur seul vouloir, sans se préoccuper du comment juridique ou financier, notamment. Un désir de « République bananière » en quelque sorte. Eh bien, non ! Nous sommes en démocratie et il est normal que les fonctionnaires de Bercy (je ne choisis pas cet exemple au hasard, ce sont toujours les premiers vilipendés, parce que « responsables » du budget) ne mettent à exécution une ligne de dépenses publiques que si les ressources disponibles le permettent. Ce pouvoir administratif, réel,  n’est pas qu’une arme existentielle, une question de survie corporatiste, comme je le lis, ici ou là sous la plume de crétins politiques et médiatiques. Nier à cette haute fonction publique son sens de l’État, c’est oublier, en effet, que sa responsabilité est engagée sur un temps qui n’est pas celui des élus (la durée d’un mandat). Les élus passent, mais l’État et ses « technos », heureusement, restent…

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Commentaires (9)

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    Michel Dumas

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    C’est un point de vue, j’ai le point de vue inverse.
    Cette technostructure a torpillé durant 40 ans la volonté du peuple exprimée lors des élections.
    En effet n’étant pas élue elle n’a aucun compte à rendre au peuple.
    Elle se coopte de corps d’Etat en corps d’Etat, de grandes écoles en grandes écoles.
    Elle décide des projets, elles freine ceux qui ne lui conviennent pas, elle enterre ceux qui la gène .
    Cette technostructure, organisée sous la forme actuelle, tue le pays à petit feu, en laissant accuser le politique.
    Certes , le politique a ses responsabilités dans l’affaire, son manque de courage.
    Cette technostructure est compétente, elle le sera plus encore le jour où elle sera la courroie de transmission des représentants élus par le peuple.
    Nous en sommes loin aujourd’hui.

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      Michel Santo

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      Que les politiques fassent de la politique ! À chacun son boulot… Qu’ils fassent preuve de courage et assument leurs choix. Qu’ils s’adressent au peuple dans un langage qui lui soit accessible etc. Vous aurez beaucoup de mal à me convaincre Michel que la hausse constante des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques, comme la réforme territoriale ratée, sans parler de la mise sous le tapis des questions de société (immigration…) sont le résultat d’une technostructure (dont je connais aussi les faiblesses et les biais corpos notamment) qui aurait torpillé la volonté du peuple exprimée par les élections ! Le croyez vous vraiment ?

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    Alphonse MARTINEZ

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    Chacun son point de vue pour des conséquences identiques. Aucun d ´entre eux n’assume , comment le pourraient-ils ? On peut tout de même faire un constat; nous avons en France 500 000 élus , ce sont des politiques qui font de la politique, c’est vrai Michel. On ne peut que déplorer que politique et économie sont antinomique. Inutile d’allet chercher ailleurs ce que nous avons à notre porte , encore faut-il avoir le courage de prendre position ou le dénoncer.

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    Michel Dumas

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    Le Politique dispose d’un outil pour la mise en oeuvre de sa politique c’est l’Administration avec un grand A et singulièrement la technostructure dans laquelle l’esprit de corps domine (ENA, X, Centrale, les Ponts, les écoles d’application France télécom, Magistrature…), s’ajoute à cet esprit de caste la progression de carrière (indice lettre, nomination en conseil des Ministres, ne pas déplaire, pas de vague, les médias, les syndicats…)..
    Ma pratique près de Christian Pierret à Bercy ou de Michel Sapin ailleurs… me permet d’appuyer sur cette incongruité Française ou la technostructure dispose du pouvoir d’enterrer un dossier présenté par le Ministre sans que cela fasse le moindre problème.
    Pourtant il y a un problème, c’est que cette situation est mise en exergue par Macron dans son livre « Révolution »: Je cite : »Nous nous sommes habitués à une Education nationale dépassée, à une structure territoriale inadaptée et désuète, à un système de lois et règlements du XIXe siècle… Nous acceptons l’inefficacité relative de l’action publique…c’est cette paresse de l’intelligence et de la volonté… à laquelle il faudra mettre fin. »
    Ce passage m’a fait adhérer à ce mouvement aujourd’hui immobile (LaREM) que les gilets jaunes ont remplacés.
    Le constat de Macron pointe bien l’inefficacité de l’Administration et le laisser faire du pouvoir politique par usure ou manque de volonté ou crainte des conséquences politiques des choix.
    Je ne dis ceci que par expérience professionnelle et politique (Direction générale et secrétariat national PS).

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      Michel Santo

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      « Nous acceptons l’inefficacité relative de l’action publique…c’est cette paresse de l’intelligence et de la volonté… à laquelle il faudra mettre fin. Ce passage m’a fait adhérer à ce mouvement aujourd’hui immobile (LaREM) ». Il l’est si peu qu’a vouloir faire bouger les lignes, par le haut exclusivement (là est le problème), que tout ce que la société compte de forces conservatrices s’y oppose. Les Gilets Jaunes contrairement à ce que vous semblez penser, de mon point de vue, dans son noyaux le plus dur (extrême gauche et extrême droite réunies), qui en oriente le sens et l’action, en sont l’expression sociale la plus nette et violente… Pour le reste, à l’évidence nous avons la même expérience professionnelle, mais sans doute pas le même parcours. Et vos propos me rappellent de longues discussions avec certains conseillers politiques de ministres ou présidents de collectivités locales, non issus de l’Administration Centrale, notamment, et d’un de ses grands corps, ou pas d’ailleurs… J’ai pour ma part de nombreuses anecdotes sur ces relations entre politiques et hauts fonctionnaires qui démontrent le contraire de votre analyse, même si je connais les nombreux biais qui perturbent leurs relations, toujours nécessairement compliqués. Le politique ne peut prétendre détenir grâce à l’onction du suffrage universel l’omniscience qui lui permettrait d’agir selon sa seule volonté (l’idéal du politique, son fantasme étant celui de pouvoir tout faire, en toutes circonstances, sans freins d’aucune sorte…); inversement le techno, ne peut se substituer, au politique sans pervertir son rôle et sa fonction. De cette dialectique subtile dépend le bon fonctionnement, sur la durée d’un État de droit, et le protège de toute aventure populiste…

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        PICHON'

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        Le mode de fonctionnement que vous décrivez , s’il a pu fonctionner un moment n’est plus de mise aujourd’hui . Pour exemple le nombre d’agences hors technostructure. Est ce le nombre de conseillers hauts fonctionnaires qui est à remettre en cause ? Je ne sais pas, par contre ce ne sont pas les GJ qui sont responsables de cette situation , ils n’en sont que l’enfantement .
        Et ils renvoient dos à dos le politique et le haut fonctionnaire ou agent.
        Au moins les USA ont-ils une parade qui est le changement d’administration à chaque mandat présidentiel .
        De toute façon trop tard pour notre pays, pour qui soit l’Europe soit une révolution sont les deux seules option si le gouvernement actuel et son assemblée restent en place.
        Pour l’Europe il nous faut attendre le résultat des prochaines élections . Pour la politique interne …..

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          Michel Santo

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          Une révolution avec un si petit nombre d’extrémistes ultra violents dans la rue, je n’y crois pas une seule seconde. Même JLM ne le pense ! Quant à Marine le Pen, le scrutin présidentiel est une bien meilleure voie !

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            PICHON'

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            Si l’on en croit le Monde du 24/12
            Encore 39000 GJ….
            « Cette histoire n’est pas finie », juge un conseiller du chef de l’Etat. En tout état de cause, même si la mobilisation ne reprend pas après les fêtes, cet épisode a d’ores et déjà modifié l’approche et la feuille de route de l’exécutif. Il n’est en effet pas question de préempter les résultats du « grand débat » qui a été organisé pour donner la parole aux Français partout dans le pays et qui doit s’achever le 1er mars 2019. « Les “gilets jaunes”, c’est une irruption du peuple qui demande le pouvoir », confie le directeur du Centre d’études et de connaissances sur l’opinion publique, Jérôme
            Jaffré  »

            Alors une révolution pacifique?
            C’est tout ce que l’on peut se souhaiter en ce jour de Noël .
            Joyeux Noël’a vous et vos lecteurs.

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    Michel Dumas

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    Merci pour votre analyse parfaitement logique du point de vue où vous vous êtes installé.
    Ce point de vue est en partie masqué par l’immeuble qui abrite le suffrage universel que la Ve République a dévoyé en l’associant à « Démocratie: gouvernement du peuple par le peuple, pour le peuple », ce qu’il n’est pas aujourd’hui .
    Dès lors, puisque les élus considèrent que le suffrage universel les autorise à mettre en oeuvre leur projet, ils considèrent dans le même temps que l' »outil administration » doit leur permettre d’atteindre, en les accompagnant, les objectifs de ce projet.
    Le peuple qui choisit son mentor, même par défaut, doit pouvoir compter sur lui et ses outils pour mettre en oeuvre la politique choisie.
    La technostructure au cœur du système n’a pas à en dénaturer le sens ; elle n’a pas non plus à en changer le cours parce que le projet ne lui convient pas.
    Même si le RN arrive au pouvoir, ce qui semble se dessiner, la technostructure devra s’y adapter ou démissionner.
    L’inquiétant au vrai c’est la souplesse de cette constitution qui peut s’accommoder d’un fascisme, même rampent.
    Pour l’essentiel je suis comme vous, à considérer que l’Administration peut ( doit) freiner les ardeurs des extrémismes d’où qu’ils viennent si le politique n’y parvient pas ou refuse d’en utiliser les outils (référendum, ou élection ).

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