D’un déjeuner à Leucate où il fut question de Macron, des médias, d’Angelin Preljocaj, de la danse de la mer et de la vie, notamment !

 

   

Jeudi 6 juillet. Leucate village, à la terrasse du 35 bis, avec Michel Arcens pour notre déjeuner estival. Un rituel qui, entre Perpignan, où il réside, et Narbonne, nous réunit chaque été, depuis trois ans déjà ! Un léger vent venu de la mer et notre table à l’abri du soleil créaient d’idéales conditions pour ce moment de partage amical. La présence discrète d’une clientèle étrangère ajoutait au tableau une touche de vie sociale exotique. Je ne sais pourquoi, une certaine nonchalance générale peu-être, donnait à cette jolie petite place un petit air d’Italie… J’ai aimé ce moment et ce lieu ! Dans la conversation, je me suis arrêté un instant sur ce qui m’avait fortement irrité ces derniers jours à la lecture de la presse – papier, numérique ou audiovisuelle … (Michel est un ancien journaliste !). Notamment ce thème repris par l’ensemble de la mediasphère : « Emmanuel Macron humilie Edouard Philippe ! ». L’argument invoqué étant l’intervention du premier devant le Congrès la veille de celle du second devant l’Assemblée. Ce qui me faisait dire à Michel que cette classe journalistique, comme la politique d’ailleurs, n’avait visiblement rien compris de ce qui venait de se passer. Et notamment l’accession à l’Elysée d’un jeune homme de moins de quarante ans décidé à renouer, paradoxalement, avec les principes et les fondamentaux des « créateurs » de la cinquième République. Ce qu’Emmanuel Macron n’a pas manqué de rappeler en faisant subtilement écho, à la conférence de presse du général de Gaulle, du 31 janvier 1964 : « « Il ne sʼagit pas ici pour moi de décliner lʼaction du gouvernement, comme certains se plaisent à le craindre ou à le souhaiter. Cʼest la tâche du premier ministre, (…) Le Président de la République doit fixer le sens du quinquennat (…) Il revient au premier ministre qui dirige lʼaction du gouvernement de lui donner corps » Point ! Intervenant le lendemain de lʼintervention présidentielle au Congrès, le premier ministre se plaçait donc dans son sillage et faisait, classiquement, une déclaration de politique générale très détaillée et beaucoup plus terre à terre. Bref ! venait de se produire une critique en acte prévisible de la « présidence normale » hollandienne et de « lʼhyper-présidence » sarkoziste. Mais de cela, rien dans les médias qui, de manière grégaire, ont tout concentré et titré sur la prétendue humiliation du premier ministre. Au fond, disais-je à Michel, n’assiste-t-on pas au retour de ce que les Français, dans leur ensemble, semblent désirer, à savoir une sorte de bonapartisme social-libéral . Et qui, et quand , nous proposera une analyse de ce phénomène inouï qui nous permettrait de comprendre cette irruption politique, aussi soudaine qu’inattendue, aux conséquences politiques et institutionnelles renversantes – dans tous les sens de ce dernier terme !… Au dessert, propos sur l’entretien accordé par Angelin Preljocaj à Mathilde Serrel, sur France Culture, entendu , chacun de notre côté, et sur la route qui nous menait à Leucate. Et cette phrase du célèbre chorégraphe : « Je me demande souvent comment le corps imprime le monde ». Une phrase qui m’est revenue à l’esprit dans une mer légèrement agitée, sur le coup des cinq heures, de retour « chez moi », quelque part entre Gruissan et Narbonne-Plage. Se laisser emporter et rouler dans les vagues ; sentir les rayons du soleil et la fraîcheur de l’eau sur son visage; se retourner face au ciel d’un bleu pourtant menacé par des nuages de brume… Un corps pris dans le monde, imprimé par une nature généreusement offerte. Danser aussi, d’une certaine façon * ! Et se dire que là est l’essentiel. Dans ces moments où corps, esprit et « monde » se fondent dans un état où le langage est impuissant à rendre compte de sa nature…

* « Qui sait écouter son corps, qui sait marcher, qui sait être « de la nature » ? Le danseur. Qui sait être à la fois de la terre et du ciel, être libre et léger ? le danseur. Qui sait épouser la musique ? le danseur. Qui connaît l’ivresse et l’extase, qui sait se rendre « intempestif » ? le danseur. Qui exprime la joie et « la grande santé » ? Qui rit ? et surtout qui célèbre mieux la vie que le danseur ? » Nietzsche

 

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Commentaires (3)

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    camus thierry

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    Excellente idée , Leucate village est très agréable . Quand on tape sur Google Michel Arcens , on tombe sur le site de LR2L , l’institution régionale qui est en charge de la culture sur le plan du livre (librairies , éditions régionales etc……….) . Cette institution fort honorable nous informe régulièrement que les libraires ont droit à des aides multiples et variées . Je m’y suis essayé une fois , une usine à gaz pour percevoir quelques sous . Les libraires sont comme nos paysans , nous ne demandons pas l’aumône mais la justice . Les fossoyeurs des librairies Narbonnaises , le Grand Narbonne en attribuant le marché de la médiathèque à une librairie Lyonnaise y contribue . Je sais , c’est mon cheval de bataille actuel , cela fait un an que je ronge mon frein face à une telle ineptie . J’aimerai qu’un responsable de cette noble institution ait le courage de me dire qui a pris la décision et pourquoi (réseau occulte , accointance politique , désir de tuer les librairies Narbonnaises) . J’attends toujours la réponse . A bon entendeur Salut . Thierry Camus , libraire à Narbonne

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      Michel Santo

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      On tombe sur ce site, certes ! mais pour y découvrir une fiche de l’auteur Michel Arcens. Michel n’a aucune responsabilité dans cette institution !

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    camus thierry

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    Je m’en doutais un peu . Merci de cette précision Monsieur Santo .
    Je vous souhaite un excellent weekend .
    Bien à vous .

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