Et revoilà le marronnier du vote obligatoire : un détournement de responsabilité ! Contre-Regard.com

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Gisèle Jourda est sénatrice Ps de l »Aude. Soucieuse de lutter contre l’abstention elle veut rendre obligatoire le droit de vote.  Pour ce faire, elle propose d’ajouter trois amendements  au projet de loi « Égalité & Citoyenneté ». Amendements qui, s’ils étaient votés et appliqués à partir de janvier 2018, auraient pour conséquences, pour le citoyen qui ne se présenterait pas à plusieurs reprises aux divers votes, un rappel à la loi d’abord, puis son envoi dans un « stage de citoyenneté »,  le paiement d’une amende, ensuite et, pour finir, sa radiation des listes électorales pour dix ans.Radiation qui, au terme de ce processus punitif, ferait de nos abstentionnistes par choix des abstentionnistes contraints. Cherchez l’erreur ! Ainsi, pour cette élue, sans doute sourcilleuse gardienne de la démocratie représentative et des libertés publiques, la solution serait de supprimer cette liberté que me donne le droit d’entrer ou pas dans un isoloir pour y déposer un bulletin de vote. « Votre liberté m’est à ce point précieuse, que je vais vous obliger à l’exercer, au risque, si vous n’obtempérez pas à ce commandement démocratique d’être traité comme un vulgaire délinquant ». Deuxième paradoxe ! Et puis surtout, comme le note justement Paul Alliès, notre sentinelle des vertus républicaines – elle n’est pas la seule : ce marronnier fleurit à la veille de chaque élection, en effet – semble, ou fait semblant d’ignorer les enseignements des recherches devenues très nombreuses sur l’abstention. Qui démontrent au moins deux choses: « D’abord, l’abstention a pris un sens très politique. Elle est de plus en plus l’expression d’une protestation globale contre l’offre électorale, le système politique, l’impuissance des élu(e)s » ; et que l’histoire et/ou la morale n’expliquent rien ! Qu’ensuite :  » l’abstention a un profil sociologique. Certes elle a progressé parmi les catégories moyennes diplômées mais elle reste massive et en expansion chez les plus jeunes, les plus démunis, les habitants des quartiers urbains défavorisés. » Ce qui, si les mesures préconisées par madame Jourda étaient suivies d’effets, auraient pour conséquence une stigmatisation sociale supplémentaire des mêmes catégories sociales – sans parler de l’inefficacité d’un dispositif strictement pénalisant. Finalement, cette arlésienne, semble n’avoir qu’un seul objectif : dédouaner les politiques de leurs responsabilités. D’autres voies existent en effet pour retrouver le chemin d’un rapport équilibré des citoyens au système politique (Cf toujours l’article de Paul Alliés en lien). Et les promoteurs de cette fausse bonne idée feraient mieux de s’intéresser aux causes structurelles de ce déficit de participation électorale : une offre politique inadaptée à la demande sociale (dans ses périmètres partisans comme dans ses propositions idéologiques et programmatiques) et une demande sociale non préparée et formée à la vie civique (un système scolaire dans l’incapacité d’instruire à « la vie de la cité » tout au long d’une scolarité obligatoire, elle !)


Image dans le « Courrier picard » (ici)   

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