« Fractures françaises »: les lignes idéologiques bougent…

fractures-franaises-2016-repli-et-dfiance-au-plus-haut-1-638


Très intéressante cette enquête annuelle (1) « Fractures françaises » – la quatrième du genre depuis janvier 2013, du Monde, réalisée par Ipsos-Sopra Steria en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès et Science Po, présentée par Gérard Courtois, dans la Matinale du même quotidien, le 27 avril. Elle montre en effet un électorat socialiste qui, désormais, porte un jugement très sévère sur la vie politique et ses acteurs. Ainsi: « pour 65 % d’entre eux, le système démocratique fonctionne plutôt mal en France et ils ont l’impression que leurs idées ne sont pas bien représentées.C’est moins que chez les Républicains (79 %) et au Front national (97 %), mais c’est un sentiment qui a progressé de 26 points depuis janvier 2013. »

De même, qu’ils sont: « 77 %, en hausse de 18 points, à juger que les responsables politiques agissent principalement pour leurs intérêts personnels… et que 60 % des sympathisants de gauche, en hausse de 20 points, considèrent désormais que la plupart des hommes et femmes politiques sont corrompus (contre 68 % chez les Républicains et 85 % au Front national). » À noter « qu’ils sont (76 %, + 6 points en deux ans) à penser que l’«on a besoin d’un vrai chef en France pour remettre de l’ordre». Une autre façon de dire que François Hollande ne répond pas à cette attente.

Sur l’Europe, le traditionnel clivage droite-gauche apparaît désormais singulièrement brouillé. « Socialistes et Républicains font un bilan également positif de l’appartenance à l’Europe (62 % et 61 % respectivement). » Mais: « Le fossé, en revanche, est manifeste avec le Front de gauche (45 % seulement) et, sans surprise, le FN (15 %). »

Clivage qui commence à s’effacer aussi à propos de la politique économique ou sociale. « Ainsi de la proposition selon laquelle «pour établir la justice sociale, il faudrait prendre aux riches pour donner aux pauvres» : les Républicains se démarquent très nettement, 29 % seulement étant d’accord ; au Front national, une majorité nette et stable (56 %) est d’accord. C’est à gauche que le jugement a évolué : en 2013, socialistes et Front de gauche partageaient cette opinion à égalité (83 % et 82 %) ; trois ans plus tard, ce jugement a régressé de 10 points chez les socialistes et progressé de 9 points au Front de gauche. »

Et si le clivage droite-gauche persiste en matière de politique économique, on constate aussi des évolutions très significatives au sein de la gauche. Ainsi: « 70 % au FN et 79 % chez les Républicains estiment que, «pour relancer la croissance, il faut limiter au maximum le rôle de l’Etat dans l’économie et donner aux entreprises le plus de liberté possible». Cette opinion n’est partagée que par 11 % au Front de gauche, mais par 46 % des socialistes, en hausse de 23 points en deux ans. »

Enfin, ce clivage reste très net sur les questions relatives à l’immigration et à l’islam. « Pour 46 % à gauche, l’immigration est une nécessité pour l’économie française car elle a besoin de main-d’œuvre ; ils ne sont que 25 % chez les Républicains et 5 % au FN à le penser. » De même: « 63 % de la gauche estiment qu’il n’y a pas «trop d’immigrés en France», contre 24 % chez les Républicains et 1 % au FN. » Et: « un tiers des sympathisants de gauche assurent « qu’aujourd’hui, on ne se sent plus chez soi comme avant », contre 73 % des Républicains et 98 % au FN. »


(1) L’intégralité de l’enquête ici: fractures_francaises_2016

Mots-clefs : , ,

Rétrolien depuis votre site.

Laisser un commentaire

Articles récents