Je ne boycotterai pas Amazon !

 
 
 
 
 
 
J’ai suivi le conseil d’Alain : je me suis levé plus tard que d’habitude. Alain est un ami cher. Nos chemins professionnels se sont croisés, un jour, dans un département voisin. S’il a fait une belle carrière dans le corps préfectoral et à l’Inspection Générale de la Culture, sa trompette et ses musiciens étaient en réalité sa vraie vie. Celle qui aujourd’hui lui fait parcourir le monde.
Il vient de publier ses « carnets de route » On voyage avec lui sans quitter son fauteuil. L’idéal est d’écouter en même temps sa musique. Ce qui frappe en tournant ces pages, c’est l’empathie qu’il suscite partout où il pose ses valises. Je l’ai revu, il y a quelques semaines à peine. Un coup de fil ! Il m’attendait à la Brasserie Co. Il était tôt. L’heure du petit déjeuner. Il « passait par là » et repartait en fin de matinée. Destination ! la côte Basque…
Je disais donc que ce matin, pensant à lui, j’ai traîné au lit. Il ne me restait plus que quelques pages de « l’Adversaire » (Emmanuel Carrère) à lire sur ma Kindle. J’ai enchaîné par « Le journal d’un fou » : un conte de Gogol d’une trentaine de pages. Avalées d’un trait. Au chaud ! bien calé à mon oreiller. Deux livres sur la folie, commandés sur Amazone, dont je n’imaginais pas, au lever, qu’elle était, ladite, de circonstance et d’actualités.
« À mort Amazon ! », entend-on tumultueusement en effet sur nos chaînes et réseaux. Celle du petit commerce ; le suicide des libraires ; la disparition des producteurs locaux ; l’extermination des abeilles et l’extiction des rhinocéros blancs, ce serait elle ! « À mort Amazon ! », alors même qu’elle contrôle 20% des ventes de « l’e-commerce » : CDiscount, la Fnac et des sites marchands comme La Redoute, Darty… se partageant le reste ; et que les ventes du commerce de détail ne représentent que 9,9% du total des ventes dans le commerce en ligne – la grande distribution plus de 50% !
Deux cafetières ne suffisaient pas à calmer mon irritation. On vit une drôle d’époque tout de même ! Les jours passent et les chasses aux « boucs émissaires » sont comme le loisir maladif d’un peuple déprimé. Jamais rassasié.
Il est onze heures. Je lâche mon clavier. Mais demeure encore en moi le bizarre sentiment d’habiter l’univers fantasmatique de Gogol et de son étrange personnage : « Quand je leur ai dit : « Messieurs, sauvons la lune, car la terre veut s’asseoir dessus», ils se sont tous précipités à l’instant pour exécuter ma volonté souveraine et beaucoup ont grimpé aux murs pour attraper la lune ; mais à ce moment est entré le grand chancelier. En le voyant, tous se sont enfuis. Comme je suis le roi, je suis resté seul. Mais le chancelier, à ma stupéfaction, m’a donné un coup de bâton et m’a reconduit de force dans ma chambre. »
Il est temps et l’heure de parcourir à bonne allure les rues de ma ville. Désertes, ou presque. Hier, j’ai cueilli un citron. La branche qui le portait était sur ma route…

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Commentaires (1)

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    clodoweg

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    J’espère qu’il était bon ce citron.

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