La tentation munichoise, toujours et encore…

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L’entendez-vous et la lisez-vous comme moi cette petite musique de fond qui court, mezza voce, dans nos médias et sur les réseaux sociaux: « Non, nous ne sommes pas en guerre, l’affirmer c’est faire le jeu, entrer dans le piège tendu par ceux qui l’ont ouverte, sur notre propre sol ». Que nous soyons membre d’une coalition internationale, et que nous bombardions en Syrie et ailleurs en Irak, les positions du proto État de l’E.I.L  (Daesch), ne seraient donc pas la première manifestation que nous y sommes engagés, sans troupes au sol, certes, mais que nous y sommes bel et bien, en guerre. Je ne connais pas d’autres mots pour désigner cette sorte d’engagement militaire là. L’ennemi étant de surcroît, et de ce fait, clairement désigné. Que faut-il donc de plus à nos exégètes pour lever cet obstacle intellectuel et moral qui les retient de prononcer le mot correspondant à la « chose ». Et le fait que Daesch commandite et fasse exécuter, à Paris, par un commando composé de français traîtres à la nation qui les a hébergés et éduqués, suffirait à ne pas considérer et qualifier cet acte, d’acte de guerre? Comme s’il n’était pas une composante classique d’une stratégie militaire consistant à porter  la guerre derrière la ligne de front, au sein même des populations civiles de l’ennemi. C’est à dire nous! Une guerre idéologique, politique et militaire, d’un genre nouveau, certes. Mais une guerre! Demain, et déjà hier, les mêmes qui refusent d’utiliser ce terme, vont nous renvoyer aux guerres coloniales d’antan, au racisme et à l’islamophobie d’État (l’autre nom de la laïcité).  Nous seront donc tous coupables, tous des salauds d’oppresseurs… Le propre argumentaire des terroristes présenté sous le masque de la lutte contre l’impérialisme américain et occidental, de manière générale, avec sa variante complotiste en bonus… D’autres isoleront les actes commis sur notre territoire par des exécutants français, en qualifiant ces derniers de simples assassins relevant du droit pénal ordinaire ou de fous tout justes bons à interner dans des hôpitaux psychiatriques. Alors disons le clairement et une bonne fois pour toutes. En ce temps où il importe de réarmer nos consciences, pour affronter, sans états d’âme, ce qui nous menace, il nous faut mener aussi ce combat contre cette tentation munichoise qui, tapie dans les plis de notre histoire, ne demande qu’à s’exprimer. Toujours et encore…

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Commentaires (9)

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    MILLER Barbara

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    et surtout rappeler, Michel Santo, la nature de lien contractuels et financier qui lient un de Villepin et tant d’autres aux Qatari – qui par ailleurs arment l’Etat Islamique!

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    Jacques Molénat

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    Ces jours-ci je m’informe beaucoup : presse, radio, tv. Serais-je devenu sourd mais je n’entends pas cette « petite musique ». J’entends même la musique contraire, que répète, avec des tonalités certes diverses, l’ensemble de la classe politique. S’il te plait Michel, pour notre information, cite nous des exemples concrets de cette »tentation munichoise » qu’il conviendrait de dénoncer avec vigueur, mais à la condition qu’elle existe réellement.

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      Michel Santo

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      Petite musique de fond ai- je écrit Jacques. De fond, presque inaudible , pour l’heure…France Culture à mis en ligne ce matin la vidéo de la chronique de Fourest. Faut lire les commentaires… De Villepin lui même et sa dénonciation de l’utilisation du mot guerre… Le Parti des indigènes et le NPA déjà à l’œuvre …

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      Michel Santo

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      Je précise en outre que je ne pointe pas dans ce billet la « classe politique  » , mais certains milieux intellectuels. Ce que j’aurais sans doute dû expliciter…

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        Jacques Molénat

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        Certains milieux intellectuels, oui mais ils sont ultra minoritaires. Ils ne donnent pas le ton. Pour le moment diras-tu. Nous verrons. Munich ce fut quand même autre chose, la trahison par faiblesse de la classe au pouvoir, De Gaulle était alors marginal et inaudible. Aujourd’hui , si j’écoute bien,face à Daesch le discours largement dominant est le discours de la guerre. Mais tu as raison de nous inciter à la vigilance.

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          Michel Santo

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          Évidemment Munich était autre chose, Jacques. Évidemment. Mais vois cette réaction du Syndicat de la Magistrature au discours de Hollande: «Les mesures tant judiciaires qu’administratives qui seront prises ne feront qu’ajouter le mal au mal si elles s’écartent de nos principes démocratiques», a estimé dans un communiqué le Syndicat de la magistrature. «C’est pourquoi le discours martial repris par l’exécutif et sa déclinaison juridique dans l’état d’urgence, décrété sur la base de la loi du 3 avril 1955, ne peuvent qu’inquiéter.» … «La France a tout à perdre à cette suspension -même temporaire- de l’État de droit»

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    Jacques Molénat

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    Je ne partage pas l’inquiétude du Syndicat de la magistrature mais c’est peut-être aller un peu vite en besogne que d’assimiler le souci des principes démocratiques qu’affiche cette organisation avec un esprit munichois. Il est plus compliqué que jamais d’être à la fois efficace en matière de sécurité et préoccupé des valeurs du droit. C’est vrai qu’on est sur le fil, c’est heureux qu’on en débatte. Et ce débat, à moins de tomber dans dans la caricature, ne se résume pas, à mon avis, à un affrontement entre patriotes et munichois. J’ai entendu dimanche sur France Info le remarquable juge antiterroriste Trevidic, le contraire d’un munichois, bondir en entendant le député Wauquiez réclamer l’ouverture, sur simple initiative policière, de camps de regroupement d’individus soupçonnés d’islamisme. Pour lui c’était une proposition délirante.

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      Michel Santo

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      Dans le Monde hier cette tribune « Votre analyse d’une « armée terroriste » n’est pas probante. Le terme que vous avez employé, « acte de guerre » est extraordinairement tendancieux, même si cette rhétorique belliqueuse a été reprise sans honte aucune par Mark Rutte [premier ministre] aux Pays-Bas et par Jan Jambon [ministre de l’intérieur] en Belgique. Vos tentatives de calmer la nation menacent la sécurité du monde. Votre recours à un vocabulaire énergique ne signale que la faiblesse.
      Il existe d’autres formes de fermeté que le langage de la guerre. Immédiatement après les attentats en Norvège, le premier ministre Jens Stoltenberg a plaidé dans détours pour « plus de démocratie, plus d’ouverture, plus de participation ». Votre discours fait référence à la liberté. Il aurait aussi pu parler des deux autres valeurs de la République française : l’égalité et la fraternité. Il me semble que nous en avons plus besoin en ce moment que de votre douteuse rhétorique de guerre. »

      En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/11/16/monsieur-le-president-vous-etes-tombe-dans-le-piege_4810996_3212.html#wCPA80GKr9sMrISv.99

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    Jacques Molénat

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    Merci Michel de m’avoir signalé cet article tout chaud. Voilà en effet une belle âme pacifiste engagée sur la pente munichoise. Si tout n’est pas faux dans son analyse, il me parait totalement à côté de la plaque quand il assimile Hollande à Bush, quand il conteste l’expression « armée djihadiste » , quand il préfère qualifier les terroristes du Bataclan d' »amateurs » et non de « professionnels ». La question demeure : cet auteur flamand exprime-t-il un courant significatif de l’intelligentsia européenne . J’ai tendance à penser que sa voix est peu représentative, et probablement très marginale.

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