La victoire de Tsipras signe une défaite des « gauches » de la gauche …

Tsipras

Fin du film politique qui a tenu en haleine la gauche de la gauche française, les souverainistes de tous bords et les libéraux-libertariens: Tsipras vient d’être élu sur un programme « d’austérité » négocié avec l’Europe. Une Europe et ses règles budgétaires et financières qui furent pourtant présentés lors de sa première accession au pouvoir comme les responsables de la situation dramatique dans laquelle se trouve la Grèce. Qui ne se souvient des campagnes idéologiques et politiques menées alors contre l’Allemagne considérée comme l’État chef de file des politiques d’austérité de la zone euro? Campagnes relayées en France avec des mots d’une violence inouïe. François Hollande estime donc ce matin que cette victoire de Syriza aux élections législatives de dimanche était un « message important » pour la gauche européenne. Une gauche qui, avec ce résultat, montre son attachement à des « valeurs » mais aussi au « réalisme ». Contrairement à ces propos « diplomatiques », je ne suis pas pas certain que la gauche, en France en tout cas, de manière générale, tire profit de cette longue séquence Tsiparienne. Et pas qu’elle d’ailleurs. Car au bout de ce processus, c’est la « parole politique » qui se trouve prise en défaut de vérité, de sincérité. Apparemment, les électeurs grecs n’ont pas sanctionné ceux qui pourtant véhémentement la portaient à un point jamais atteint en Europe… et en France. À croire qu’il fallait cette catharsis politique pour qu’il accepte des mesures économiques et financières qu’une majorité d’entre eux refusait. C’est fait! … Hollande parie donc sur les mêmes effets politiques en France, en espérant que sa « thérapie » économique et sociale, au bout de son quinquennat, sera enfin comprise par les électeurs? Comme en Grèce!

NB: au mois de juillet, j’écrivais, notamment, ceci – billet dans son intégralité (ici) :

Eh bien voilà! Ce que j’annonçais, le 7 juillet, sur  ma page Facebook, va certainement se réaliser. Tsipras prend, en effet, le contre-pied de ceux qui, en France même, aveuglés par des considérations politiciennes internes, ont cru à l’apparence d’une stratégie d’opposition frontale et absolue à l’Eurogroupe et à l’Union Européenne, alors qu’en réalité, il visait, avec son référendum d’une ambiguïté totale, sur le plan interne, l’isolement, au sein de son propre mouvement, des opposants les plus radicaux à un compromis acceptable par l’Europe reprenant peu ou prou ses propositions… J’imagine la tête de tous ceux qui, des libéraux les plus orthodoxes aux souverainistes de gauche et de droite, en passant par les frondeurs du PS et l’extrême gauche en général, manipulés et manipulateurs d’opinion à la fois, souhaitaient que Tsipras et son gouvernement aillent jusqu’au bout de la confrontation avec l’Eurogroupe, et sa conclusion logique: sortir de la « zone euro ». Une séquence qui n’est pas s’en rappeler celle qui a présidé à la signature par François Hollande du traité instaurant le « pacte budgétaire » et les « mécanismes financiers », qui sont le cadre règlementaire dans lequel se joue la négociation actuelle avec la Grèce, négociés par Nicolas Sarkozy. De sorte qu’on peut analyser le revirement complet de Tsipras comme une seconde défaite idéologique et politique, majeure celle-là, des opposants, en France, à ce qui serait, de leur point de vue, une politique « d’austérité ». Tous leurs arguments, par cette offre grecque, en effet, tombent… Je faisais observer, à l’un de mes amis Tsiparien militant convaincu de la première heure, hier au soir, que le jour où, en France, le Doliprane ne sera plus remboursé par la Sécurité Sociale (1,65 euros la boîte), on pourra commencer à parler de cette « austérité », par lui rabaché à me donner le « tournis ». Ce matin, je vais l’appeler. Il doit avoir une de ces migraines!

NB: « Quand vous êtes capable, feignez l’incapacité. Quand vous agissez, feignez l’inactivité. Quand vous êtes proche, feignez l’éloignement. Quand vous êtes loin, feignez la proximité. » Sun Tzu

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Commentaires (2)

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    Raynal

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    Il faut croire que cet homme là possède un certain charisme…..iI se fait d’abord élire une première fois en promettant la fin de l’austérité et le rejet de Bruxelles….Trahit tous ses engagements et se fait réelire une seconde fois, mais cette fois en pronant le dite austérité et la soumission a l’Europe…Etonnant…Mais.ne serait ce pas plutôt parce que ces malheureux grecs ne savent plus a quel saints se vouer….? Trahis qu’ils furent depuis si longtemps par une classe politique corrompue, droite et gauche confondues …Ils ont excusé Tsippras, ils ont compris son impuissance et ne lui en tiennent pas rancune….Il ne mettent pas en cause son honneteté mais seulement la surestimation qu’il avait fait des possibilités d’une autre politique….Bref, ils sont résignés….Ce n’est pas forcément une bonne nouvelle…ça rendrait plutôt triste la fin d’une espérance…..

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    Pierre Pibouleau

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    Ah quelle délectation que de relever la soi disant défaite de la « gauche de la gauche » comme si Tsipras incarnait la gauche.

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