Le MuReNa semble vivre sa vie dans la Narbonnaise hors-sol !…

       

Le MuReNa prend forme (ouverture prévue en 2019) ; mais je m’interroge toujours sur ce que sera son fond. La seule certitude que nous avons est qu’il abritera les collections de pierres antiques taillées et sculptées actuellement dispersées sur plusieurs sites de la Ville de Narbonne (et lui appartenant). Tout se passe en effet comme si les différents acteurs institutionnels concernés (Ville, Grand Narbonne, Région), ainsi que ceux du monde de la culture et du patrimoine, vivaient chacun séparément la mise en place  de ce musée censé pourtant redonner vie à la Narbonne antique.  Ce sentiment d’un musée régional « hors-sol », pour m’en être inquiété auprès d’un certain nombre de personnalités, j’ai pu constater que je n’étais pas le seul à l’éprouver. Et plus nous avançons vers la fin de ce chantier, plus cette absence de liens politiques, culturels et sociaux entre la Région, propriétaire de cet établissement, et l’ensemble de ses partenaires locaux me semble s’aggraver. Si je devais faire une comparaison, je dirais que cette naissance muséale me fait penser à l’état présent du Théâtre Scène Nationale. Une situation où, coupé de son territoire et de ses habitants, (y compris dans sa dimension physique et urbaine), le théâtre n’apparaît plus que comme un outil fonctionnant sur lui-même au profit d’un public sociologiquement typé. Qui, par exemple, peut rendre compte de la stratégie de la Région et de ses partenaires et de la manière dont elle pourrait s’inscrire dans un ensemble régional où le patrimoine romain est omniprésent dans le Gard (Arènes de Nîmes, Maison Carrée, Pont du Gard) ; comment adosser ce musée à des centres de ressources académiques et scientifiques (y compris étrangers  : ils existent !) ; comment articuler les « communications » de collectivités politiquement opposées, sans parler de la programmation d’équipements périphériques mais essentiels au rayonnement de ce musée : parvis, parkings, aménagements des voies sur berges, recalibrage d’accès routiers etc. Et surtout comment associer à cette réflexion collective des acteurs locaux : entreprises de production, spécialistes du patrimoine, gestionnaires d’équipements culturels, professionnels du tourisme etc.  La seule chose que l’on sache à ce jour est assurément le coût du MuReNa : plus de 40 millions d’euros. L’on sait aussi que son fonctionnement sera structurellement déficitaire. C’est peu (si j’ose dire). Car si l’on veut que ce musée ne soit pas qu’un bel « objet architectural » visité pour ses seules qualités esthétiques, il  faudra bien, pour lui donner vie, l’enraciner dans son écosystème économique, social et culturel. Ce  travail-là, à l’évidence, reste encore à faire !

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Commentaires (2)

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    Jean Pierre

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    Des milliers de tonnes de béton… Des dizaines de millions d’euros de murs et d’étagères dont on ne connait toujours pas la destination finale. Tout ceci réalisé par une équipe d’architectes prestigieux. Très certainement quelques dizaines voire centaines de milliers d’euros de déficit annuel.
    A quelques mètres : la tente Quechua d’un SDF…

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    Jahan

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    Quid novi? Je lis votre chronique en poussant de gros soupirs…La Narbonne antique sous cloche de luxe, 40 millions, et Pas un euro pour le site visible et visitable du Clos de la Lombarde 40 ans après sa découverte, sauvé des constructions. Le Clos cerné par une ville qui ne se revendique désormais que médiévale. On essaie de garder espoir pour la sauvegarde et la mise en valeur du Clos….En se tournant vers la région ? l’Etat? L’Europe? L’ONU? KissKissBank? A vot’ bon cœur. Soupir.
    Je pense aussi à ces vestiges mis à jour par le chantier de la Zac Robine, nécropole? Les archéologues y sont….à suivre ! À votre prox billet ! Jahan A.

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