Le signe de la médiocrité.

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Sur le style, en littérature, mais pas seulement, cette page lue dans « La culture des idées » de Rémy de Gourmont (1858-1915). Ce matin, juste après mon café. Corsé!

Mes lectures:

«Déprécier l’écriture, c’est une précaution que prennent de temps à autre les écrivains nuls; ils la croient bonne; elle est le signe de leur médiocrité et l’aveu d’une tristesse. Ce n’est pas sans dépit que l’impuissant renonce à la jolie femme aux yeux trop limpides; il doit y avoir de l’amertume dans le dédain public d’un homme qui confesse l’ignorance première de son métier ou l’absence du don sans lequel l’exercice de ce métier est une imposture. Cependant quelques-uns de ces pauvres se glorifient de leur indigence; ils déclarent que leurs idées sont assez belles pour se passer de vêtement, que les images les plus neuves et les plus riches ne sont que des voiles de vanité jetés sur le néant de la pensée, que ce qui importe, après tout, c’est le fond et non la forme, l’esprit et non la lettre, la chose et non le mot, et ils peuvent parler ainsi très longtemps, car ils possèdent une meute de clichés nombreuse et docile, mais pas méchante. Il faut plaindre les premiers et mépriser les seconds et ne leur rien répondre, sinon ceci: qu’il y a deux littératures et qu’ils font partie de l’autre. Deux littératures: c’est une manière de dire provisoire et de prudence, afin que la meute nous oublie, ayant sa part du paysage et la vue du jardin où elle n’entrera pas. S’il n’y avait pas deux littératures et deux provinces, il faudrait égorger immédiatement presque tous les écrivains français; cela serait une besogne bien malpropre et de laquelle, pour ma part, je rougirais de me mêler. Laissons donc; la frontière est tracée; il y a deux sortes d’écrivains: les écrivains qui écrivent et les écrivains qui n’écrivent pas, — comme il y a les chanteurs aphones et les chanteurs qui ont de la voix.»

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Commentaires (1)

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    raynal

    |

    J’aime bien ce qu’écrit de Gourmont…Avec quelques décennies d’avance on jurerait qu’il parle déjà de cette navrance, heureusement aujourdh’ui bien oubliée, que l’on a appellé nouveau roman.

    As tu déjà pu lire Sarraute, Robbe grillet ou Butor(entre autres) et y prendre du plaisir ?

    De meme que la poésie moderne, en sombrant dans un hérmétisme de convention s’est coupée de son lectorat, il s’en est fallu de peu que la littérature ne suive la meme funeste dérive.

    S’il suffit d’un sujet, un verbe et un complement (et encore !), en éliminant, bien sur, toute ponctuation, récit et protagonistes pour etre dans le sens du vent, tout, en effet, devient
    possible.

    De l’art de remplir le vide avec du creux et réciproquement !

    Merci de ta réponse, je souscrit avec joie a ta proposition…Lequel des deux appelle l’autre ? Je suis quand a moi assez libre, les livres (bien sur ) et la marche occupant la majeure partie de
    mon temps.

    A te lire

    Amitiés

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