Les martinets ! Il n’est pas d’yeux pour les tenir…

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8 heures ! Et ce plaisir toujours renouvelé au spectacle de vols de martinets au nombre infini zébrant ce ciel de juillet . De petits groupes criant foncent droit devant ma terrasse pour  au dernier moment filer à toute allure dans un ciel plein d’arabesques aux formes inouïes. S’y mêlent parfois  le ventre blanc de quelques hirondelles comme affolées, perdues dans ces nuées sans cesse sifflantes . Le clocher de la cathédrale Saint Just disparaît lui aussi sous leurs fraternelles rondes  noires … et comme chaque matin , à la même heure, ils quitteront leurs joyeuses escapades urbaines pour laisser  place au lourd et écrasant silence d’un ciel d’été sur les toits de Narbonne… Il n’est pas d’yeux pour les tenir, en effet, comme le dit magnifiquement René Char :

 

 » Martinet aux ailes trop larges, qui vire et crie sa joie autour de la maison. Tel est le coeur.

Il dessèche le tonnerre. Il sème dans le ciel serein. S’il touche au sol, il se déchire.

Sa repartie est l’hirondelle. Il déteste la familière. Que vaut dentelle de la tour?

Sa pause est au creux le plus sombre. Nul n’est plus à l’étroit que lui.

L’été de la longue clarté, il filera dans les ténèbres, par les persiennes de minuit.

Il n’est pas d’yeux pour le tenir. Il crie, c’est toute sa présence. Un mince fusil va l’abattre. Tel est le coeur. « 

 

René Char : Le Martinet ( Fureur et Mystères ). 

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