Les rieurs sont toujours du côté des forts et de la mode…

      GustaveFlaubert

Mes pages

Correspondance, 4e série. 1854-1861 (French Edition) (Gustave Flaubert) Surlignement Emplac. 146-54  | ajouté : lundi 28 novembre 2011.

 

« On est toujours ridicule quand les rieurs sont contre vous.   Voilà ce que j’entendais, et les rieurs sont toujours du côté des forts, de la mode, des idées reçues, etc. Pour vivre en paix, il ne faut se mettre ni du côté de ceux dont on rit ni du côté de ceux qui rient. Restons à côté, en dehors, mais pour cela il faut renoncer à l’action . Rappelons-nous toujours, ces trois maximes (les deux premières sont d’Epictète, homme peu accusé d’avoir eu une morale relâchée, et la troisième de La Rochefoucauld) : « Cache ta vie.   – Abstiens-toi. – L’honnête homme est celui qui ne s’étonne de rien. » (Ce n’est pas moi qui suis l’honnête homme, car je m’étonne de bien des choses  ! ) En suivant ces idées-là, on est ferme dans la vie et dans l’Art. Ne sens-tu pas que tout se dissout maintenant par le relâchement , par l’élément humide, par les larmes, par le bavardage, par le laitage. La littérature contemporaine est noyée »

S’il n’y avait que la littérature, le monde n’en serait pas très affecté.Des tombereaux de sensiblerie ( à ne pas confondre avec le coeur: cf La Rochefoucauld ) nous tombent tous les jours sur la tête.Tenus par des mains gaînées de soie, tous les jours, sans cesse, comme une perpétuelle averse d’eau tiède, images, sons, textes pénètrent jusqu’au fond de nos âmes pour en pervertir la vie. Hypocrisie d’une bonne conscience assurée de sa force, et de son confort. Pétrie de ressentiment et de noire nostalgie envers sa propre histoire. Et jamais satisfaite de ne ne pouvoir à jamais niveler les esprits. Comme on abat les volailles. A la chaîne!

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