Lola! m’entends-tu?

Le village de Cox.

Le village de Cox.


Elle s’appelle Dolores. Nous l’appelions : Lola ! Elle ne répond plus à l’un comme à l’autre de ses deux prénoms. Lola lui avait été donnée par sa famille. La mienne ! Elle était ma tante, celle par qui les liens étaient maintenus, serrés, avec les cousins et cousines restés en Espagne. À Cox !

Elle ne répond plus quand on l’appelle. Elle crie ! Enfermée dans sa mémoire éclatée, ses yeux me fixent et cherchent désespérément une image à laquelle accrocher un nom, un sentiment, une émotion. Comme cette photo où elle me tient par la main dans une rue de Narbonne. Un dimanche sans doute, si j’en juge par ses habits. J’avais quatre ou cinq ans… Un temps où les dimanches sentaient les arômes safranés de paellas et les Noëls les parfums lourds et farineux des mantecaos. De cela, à voix basse, je lui disais, hier, dans cette chambre d’hôpital, que je les revivais aujourd’hui avec la même intensité. Le temps n’existe pas dans l’ordre des sentiments. Mais pour elle dont la mémoire n’est plus qu’un chaos où se télescopent de manière folle idées et émotions, que peuvent signifier ces phrases? Et comment interpréter cette douceur dans sa main caressante au moment même où je la quittais. Son prénom au bout des lèvres… Lola ! Lola! m’entends-tu?

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