LREM et les « Gilets Jaunes » : des « jumeaux » paradoxaux !

Quelques remarques, en vrac, pour m’aider à comprendre quel sens à donner à ce mouvement dit des « Gilets Jaunes » (« GJ »)

1) De la taxe carbone à la démission de Macron, ce mouvement de révolte, brasse un ensemble de revendications contradictoires, mais dans la norme de ce genre de contestation de masse. Son mode d’expression est cependant original. Un mode d’expression sans leader ni organisation, en effet, utilisant deux principaux canaux de communication : les réseaux sociaux et les chaînes d’info en continu. Et qui conteste radicalement les représentations traditionnelles que sont les partis et les syndicats…

2) Les  « GJ », comme les marcheurs de LREM, avant la prise de pouvoir par LREM, ont les mêmes formes  d’expression : groupements de base spontanés, négation des partis et des syndicats, utilisation des réseaux sociaux et des chaînes d’infos en continu. Ils sont, de fait, les enfants naturels de la révolution scientifique et technique (RST) en cours : celle du numérique et de l’intelligence artificielle. Une différence essentielle cependant : LREM est née par le haut, avec une régulation centralisée et un objectif précis : la prise des pouvoirs exécutifs et législatifs… les « GJ » ont surgi par le bas, sans régulation centralisée et objectifs hiérarchisés…

3) Des jumeaux, donc ! Ceux d’une transition économique et sociale qui bouleverse l’ensemble des rapports sociaux (rapports au savoir, à l’information, à l’autorité, aux pouvoirs, etc..) et des formes traditionnelles de l’organisation sociale (de la famille à l’État, en passant par les partis, syndicats ; ce qu’il est coutume d’appeler « corps intermédiaires, les médias traditionnels, etc..). Mais des jumeaux paradoxaux : les GJ représentant la partie « basse » des classes moyennes, qui a tout à perdre de son capital social et symbolique (artisans, commerçants, petits et moyens fonctionnaires et salariés du privé, etc..) ; et LREM la partie « haute » en phase avec les nouvelles formes d’organisation au travail et dans la société. Selon la classification d’Emmanuel Macron : les progressistes d’un côté, les conservateurs voire les réactionnaires, de l’autre…

4) Le problème de LREM, aujourd’hui, est que les formes d’expression et les moyens qui lui ont permis la conquête du pouvoir, en envoyant les partis traditionnels à la « casse », ne suffisent pas. Ce manque d’organisation à la base place le pouvoir exécutif en première ligne, sans amortisseurs locaux et relais d’influence pour expliquer les objectifs et résultats de sa politique. Une verticalité assumée qui masque mal une « horizontalité » sans consistance. L’inverse des « GJ » : rien en haut, tout en bas !

Tous ces points devant être développés !

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Commentaires (3)

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    Pascal Pichon

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    J’apprécie vos interrogations, qui tranchent par rapport aux sentiments du début du mouvement.
    La question qui se pose, y compris au sein des GJ, c’est  » Et maintenant ? »
    Entre le risque d’être totalement récupérés, celui de créer un parti qui tout compte fait serait comme les autres ( y compris LREM, dont l’expérience montre bien les limites, à cause des structures de notre Veme République et de la constitution).
    Qu’ils quittent les ronds points , après s’ils le veulent une dernière manifestation symbolique, mais qu’ils continuent surtout ce mouvement d’assemblées citoyennes. ils peuvent continuer d’exister à travers les RS et se réactiver quand ils le souhaitent, en particulier au moment des rédactions de programmes des élections. Les européennes approchent qu’ils sachent faire entendre leurs voix. Et à la différence de LREM, ils n’auront ni le devoir de ne pas mordre la main qui les nourrit, ni à craindre un revirement ou le « syndrome du larbin ».

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    cetace_jovial

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    Monsieur SANTO, je partage votre analyse, preuve que nous pouvons avoir des divergences mais aussi parfois des convergences.
    Le président souhaite s’appuyer sur les maires pour reprendre la situation en main, sauf que tous les maires de France ne sont pas LREM et ils ont déjà des préoccupations locales très exigeantes et diverses.
    Il y a une piste à exploiter, c’est un tandem Députés et Maires, avec la mise en place de réunions publiques qui mailleraient tout le pays pour recueillir les doléances de territoires.
    Le numérique a ses limites, il faut ré-humaniser notre démocratie au niveau local, elle ne peut être l’otage des réseaux sociaux (et des dérives qui peuvent en découler ou des tentatives de déstabilisation par des puissances étrangères).
    Les Référendums d’Initiative Citoyenne voulus par les Gilets Jaunes peuvent éventuellement trouver un intérêt s’ils sont portés par les élus locaux, sinon ils risquent de se changer rapidement en référendums nationaux Pour ou Contre un gouvernement (cf 1969 Référendum sur la Régionalisation sous De Gaulle).
    Enfin, à la lecture de l’article de l’Indep sur l’occupation du domicile du député Péréa, non seulement ce sont des actes qui doivent être condamnés avec fermeté, de plus ils décrédibilisent le mouvement social et enfin ils prouvent une chose, c’est que ce mouvement est hors de contrôle avec des électrons libres susceptibles de se radicaliser.
    Avec une telle grille de lecture, on peut dire que notre démocratie est en danger, il faut à mon avis remettre « de l’humain » au centre des débats….et cela de toute urgence !
    Cordialement.

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    Dumas Michel

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    L’analyse est assez juste vue de l’extérieur de LRM et des gilets jaunes.
    Je suis extérieur aux gilets jaunes et à l’intérieur de LRM.
    L’origine des deux mouvements s’oppose.
    Le premier, les gilets jaunes, est fondé sur le rejet d’une méthode (l’arrogance) et sur le poids des charges (les taxes en tout genre).
    Le second (LRM) est né d’un soutien à une idée (« Révolution » le livre projet de Macron, ).
    Le premier fonctionne contre sans être suffisamment précis pour déboucher sur une construction politique, le second pour la transformation du pays afin de le sortir du XIXe siècle.
    Hélas (y a pas d’hélice c’est là qu’est l’os..) , LRM n’est pas organisé comme force politique pouvant venir en appui d’une politique gouvernementale.
    LRM est conçu comme réservoir d’appoint que le pouvoir central croit pouvoir mobiliser à sa demande (Jacobinisme, autocratie…).
    Son fonctionnement de type « auberge espagnole », dans lequel on entre et on sort à sa guise, ne permet pas de construire des projets politiques locaux et ne permet pas non plus d’appuyer et de décliner la politique du gouvernement.
    Ce mouvement ne dispose d’aucun moyen suffisant pour travailler à l’élaboration de projets structurants pour le devenir de nos territoires, et transformer réellement ce pays.
    Transformer ce pays!.. tel est le projet!..
    Hélas, une fois de plus, chacun sait que notre organisation est un puits sans fond… des milliards s’envolent sans que nos concitoyens ne voient d’amélioration dans le résultat de nos services publics régaliens. Ce serait donc la priorité à court moyen et long terme.
    Chacun sait également que la haute administration a pris le pouvoir dans ce pays ( Emmanuel Macron le reconnait dans son livre « Révolution »).
    Or ce sont ces deux priorités – transformation profonde de nos administration et réorganisation du pays- qui auraient du être la priorité des priorités.
    Et pourtant on cible l’immédiateté – l’emploi-, l’emploi ne bouchera pas le puits sans fond de notre organisation, au mieux le budget reprendra une allure correcte mais le puits restera troué.
    LRM, aurait du engager une réflexion de fond sur l’organisation des territoires, commune par commune, communauté par communauté, département par département région par région.
    La chance de ce mouvement c’est son ouverture d’esprit loin de l’endoctrinement mortel pour notre démocratie.
    Son organisation défaillante interdit cette réflexion.
    J’en suis désolé… pour l’instant.

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