Marcher donne de l’air à la pensée ; la blesse aussi parfois…

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Marcher donne de l’air à la pensée. Peu importe où ! J’entends cependant dans des régions au climat tempéré comme la mienne. Et quand je n’y suis pas forcé. Évidemment! Tous les jours donc, je marche. À pas rapides! Que ce soit le long d’un canal, d’une plage, autour d’un étang ou tout bonnement dans ma ville.

Cette dernière option ayant  le plus souvent ma préférence. Elle me dispense en effet de tout autre moyen de déplacement mécanique – auto, vélo, etc – pour me rendre sur des sites plus lointains. C’est donc au sortir de chez moi que j’entreprends régulièrement le tour, – et le plus grand possible – de ma cité. À l’usage toujours le même, à quelques variantes près. Lundi, comme tous les lundis, il n’y avait personne ou presque dans les rues et les avenues de mon thérapeutique circuit pédestre. Ou si peu! Je dois dire, incidemment, que ce désert social de début de semaine ne m’attriste guère. La compagnie de tous les personnages virtuels ou réels occupant mon esprit, leurs controverses, disputes et délibérations imaginaires me suffisent amplement. Aussi ai-je souvent « la tête en l’air » ; encore que ne m’échappe pas grand-chose des détails d’un ensemble architectural, notamment. Lundi, ce fut la façade  du collège Cité –  de style néo classique, elle a été réalisée en 1882! – qui m’a  littéralement sauté à la figure. Rongée par le vent et la pluie, ce bel équipement scolaire aux formes puissantes et parfaitement équilibrées, emblématique d’une fin de siècle où l’enseignement était au cœur des préoccupations publiques, semble totalement délaissé par son actuel propriétaire, le Conseil Départemental de l’Aude. Un propriétaire qui, aux néfastes effets de l’usure du temps y a ajouté ceux de la bêtise contemporaine en installant sur toute sa longueur d’abominables volets roulants, toujours fermés, en tôle grise ondulée comme celle usinée pour la fabrication de vulgaires boîtes de conserve. On aperçoit même une parabole sur le côté droit du fronton, qui pourrait être celle d’un appartement de fonction! Et comme si ce massacre esthétique ne suffisait pas, un immense panneau publicitaire installé par la Ville sur des trottoirs  défoncés, au ras de son mur de clôture, mange désormais, visuellement, toute une partie de cet admirable, s’il n’était dévasté, édifice. Des panneaux qui, sur le reste de mon parcours citadin,  ne m’ont jamais paru aussi nombreux, et envahissants, d’ailleurs. De tout format et partout! Dressés sur les grands boulevards et les avenues, distants les uns des autres de quelques centaines de mètres à peine, et les uns sur les autres aux carrefours, ronds-points et croisements, défilent sur leurs faces des pubs commerciales et des placards municipaux vantant la qualité des services publics de la Ville. Sitôt quitté le centre historique, en effet, l’espace visuel est à proprement parler saturé  de ces  injonctions à consommer ou à plébisciter la politique municipale. Fort heureusement, je finis toujours, sur le chemin de mon retour, par sortir de cet environnement fait de grossières blessures à son patrimoine urbain et d’agressives images publicitaires. L’imagination prend toujours le relais, et je me plais à penser à une ville débarrassée de ce pauvre mobilier urbain qui offrirait au regard de ceux qui l’aiment plus de perspectives, de légèreté, de profondeur. Une ville aussi plus attentive aux  soins que nécessitent des immeubles témoins d’un temps et d’une histoire:  la grande et la petite ; la mienne, pour tout dire, comme ce collège Cité où je fis, dans cette ville, l’essentiel de ma scolarité…

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Commentaires (8)

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    Verdoux

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    Tout à fait d’accord avec vous, mais que font les 《bâtiments de France》?

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    cauquil bernard

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    et que dire des entrées de ville où les bâtiments à usage d habitation ressemblent aux entrepôts à proximité? pour être architecte y a un diplôme?
    merci de votre coup de gueule!
    Bernard

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    coupeaux

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    Les bâtiments de France, contribuer au débats public et apporter aux decideurs des axes de reflexctions pour recevoir la societe de demain NOTRE SOCIETE EN PLEINE MUTATION

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    DUCALME

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    Cher Michel,

    Merci , toi le Léon Paul Fargue de notre ville, pour la défense du patrimoine et les regards objectifs et avisés que tu portes sur les « massacres esthétiques » que nous devons supporter .
    Quant aux attaques publicitaires de plus en plus agressives et envahissantes , tu sais très bien que les
    municipalités ont tous les moyens de les contrôler et de sévir.
    Encore faudrait-il que nos élus aient la volonté de s’y employer.
    En espérant te revoir « caminando » sur notre carré de sable
    Abrazo fuerte

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      Michel Santo

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      L.P Fargue, qui fit un si beau texte sur ses promenades dans Paris. J’en rougis Marc ! Abrazo tambien…

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    Pr S. Feye

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    Bravo pour la justesse de : « la bêtise de la pensée contemporaine!. Je vous convie donc à lire : Emmanuel d’Hooghvorst, Le Fil de Pénélope (Beya Editions). Vous ne serez pas déçu.

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