Narbonne ! Le château tend la main aux chaumières…

Nous venons de vivre, dans ma petite ville qui se veut grande, une séquence politique hallucinante. Son maire en avait écrit le scénario, choisi les acteurs, assuré la mise en scène, retenu le lieu de sa présentation aux médias et exposé son  script dans sa lettre adressée aux candidats aux législatives. Lettre dans laquelle il leur demandait de se prononcer sur l’installation de nouvelles caméras de vidéosurveillance et la réalisation d’une salle multimodale ainsi que les actions qu’ils entendaient conduire pour aller chercher des subventions auprès de l’État et des collectivités locales. Ainsi a-t-on vu défiler au château, reçus par son locataire en présence de représentants de la presse locale, des députés virtuels censés représenter la Nation  tout entière et participer à l’élaboration de la loi commune, se comporter, de fait, et symboliquement à tout le moins, comme de « vulgaires » sous-traitants  du premier magistrat de la plus importante commune de la circonscription . Et pour lui dire quoi, au fait ? « Qu’on soutiendra tout dossier qui sera consensuel », comme vient de le proclamer l’un des candidats députés (en l’occurrence une candidate !). Comme si un député avait à se prononcer sur le financement d’équipements municipaux en se proposant d’en négocier les montants auprès d’autres collectivités. Bref ! ce cérémonial était d’une affligeante bêtise politique ; et révélateur pour ceux qui l’ont organisé et y ont participé d’une conception clientéliste du rôle et de l’action  d’un député de la République. De la vieille politique orchestrée par le maire de Narbonne qui finalement a imposé son tempo afin, en se plaçant au centre du jeu, d’en tirer le maximum de bénéfices politiques. De ce point de vue, son film est une réussite, mais pour la clarté du rôle des uns et des autres et la dignité des acteurs en présence, je pensais plutôt à une nouvelle de Maupassant. On y voit souvent en effet « le château tendre la main aux chaumières »…

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Commentaires (9)

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    Xavier VERDEJO

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    Tous les députés « virtuels » ne se sont pas rendus au château. Il n’y avait pas d’invitation, pour cela, du maître des lieux et donc ceux qui y sont allés ont demandé à être reçus… Je n’ai pas eu cette idée saugrenue et opportuniste et peu me chaut de figurer en photo auprès du dit maître. Quant à mes réponses, si vous n’avez pas l’occasion de les lire, sachez qu’elles n’ont rien, mais alors rien du tout, de consensuel.
    Cordialement.
    Xavier VERDEJO

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      Michel Santo

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      Il est bien que vous fassiez ce commentaire. Dans ce billet je ne dis pas que tout le monde s’est rendu au château. Votre mise au point apporte donc une info complémentaire utile à mon propos. Je dois vous avouer que j’attendais ce genre de réaction, notamment de la part des candidats ayant refusé de jouer cette comédie… Bien cordialement !

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        Bruno de Montaigne

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        Monsieur Santo,

        Je me suis abonné à vos publications dans la continuité de mon engagement citoyen contre l’implantation de la salle multimodale sur le parc puisque nous semblons partager ce positionnement. Cependant, je suis de plus en plus souvent en désaccord avec vos écrits.

        Bien que vous vous en défendiez, vos analyses politiques relèvent à mes yeux d’une pure propagande pro-macron et cela ne me convient guère. Il n’est qu’à lire vos articles sur Ferrand, Perea, « Luchini séduit par Macron », la critique du billet de Maxime Tandonnet ou encore l’article sur la supposé « intelligence collective du corps électoral » (entre autres) pour comprendre que vous assénez vos « analyses » dans le but de convaincre vos lecteurs de voter comme il se doit. Je trouve cela regrettable de la part d’un homme tel que vous, d’autant plus avec l’audience dont vous disposez.

        De plus, ce billet, confus et truffé d’amalgames (et de fautes aussi !!!), ne reflète la vérité qu’en ce qui concerne Mme Fabre ou M Perea !!!
        Ainsi, M Verdejo (ah, que ne s’est-il entendu avec la France Insoumise…) vous adresse à juste titre son droit de réponse lequel n’aura, hélas pour lui, pas le même impact que votre article.

        De même, le candidat que je soutiens, M Silberman, n’a à mon sens pas du tout « une conception clientéliste du rôle et l’action d’un député de la République ». Je vous invite à lire in extenso la réponse qu’il a adressé à Mouly ici :
        https://narbonneinsoumise.files.wordpress.com/2017/06/rc3a9ponse-jhs-c3a0-mouly-v2.pdf

        Je pense que vous saurez, avec vos compétences, y lire une réponse argumentée, intelligible, cohérente et pleine de conviction(s). Soit dit en passant, je regrette d’ailleurs qu’ayant reçu M Silberman à radio barques il y a quelques jours, vous n’ayez pas écrit un billet sur lui comme y a eu droit M Perea…

        Espérant sincèrement que vous saurez entendre ces remarques qui, bien que brutales, se veulent bienveillantes et constructives, je vous souhaite une bonne soirée.
        Cordialement
        Bruno de Montaigne

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          Michel Santo

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          Cher lecteur ! Que vous répondre ? D’abord que dans mon dernier billet je ne cite personne comme ayant répondu à l’invite de monsieur Mouly, à l’exception de madame Fabre, ignorant au moment de sa rédaction le nombre exact de ceux qui avait, ou pas, participé à ce cérémonial. Et ce billet était de plus une critique de principe, et politique de ce rituel, comme de nombreux lecteurs l’ont compris, plus qu’une prise de partie envers tel ou tel candidat. Enfin j’espérais, mais seul, jusqu’à présent, monsieur Verdejo l’a fait, ce que je regrette, que les divers candidats réagiraient en commentaires en publiant leurs positions et leurs réactions à ce qui m’a semblé être une habile manoeuvre politique de monsieur Mouly. Vous me connaissez, comme le vôtre, ils n’auraient pas été censurés ! Deux mots sur mon dernier billet où je traite de l’affaire dite Ferrand pour vous dire que vous faîtes là un contresens total. Loin d’être à la gloire de ce monsieur (que je n’épargne pas !) ou de monsieur Macron, mon propos était de mettre en question par cet exemple  » un certain type de journalistes et de journalisme qui se posent en conscience morale de la République, avec tous les dangers que celà représente (et dont monsieur Mélenchon, qui a votre faveur, ne cesse lui aussi, à juste titre de dénoncer). Quant à ma thèse (elle n’est pas de moi ; elle est un « classique » de la science politique, si je puis dire) sur « l’intelligence collective » de l’électorat, que vous contestez en la considérant comme de la pure propagande, je dirai que sa preuve, sa validité sera vérifiée, ou pas, dans quelques jours. Et nous aurons l’occasion d’en reparler ! Cela dit non pas pour défendre une position d’objectivité, intenable dans ce genre de débat, et dans mes analyses, comme dans celles de tout commentateur de la chose publique, mais pour pondérer, sur ce point, vos remarques et critiques. Enfin sur mon dernier billet « truffé » de fautes d’orthographes, à la relecture, ce que je fais pas toujours (tant pis pour moi !) et que vous m’avez obligé (heureusement) de faire j’ai déniché deux vilaines coquilles que je me suis empressé de corriger, ce dont je vous remercie (et je ne plaisante pas disant cela !) Soyez assuré aussi , Michel pardon ! Bruno, de Montaigne, que vos commentaires sont toujours reçus avec respect,car je vous sais sincère, et bienveillant ! Bien cordialement ; et bonne fin de soirée…

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            Bruno de Montaigne

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            Monsieur Santo,

            Mes remarques étaient directes mais, vous l’avez heureusement compris, n’étaient pas agressives. Je vous remercie donc de votre réponse.
            J’avoue que j’enrage actuellement du climat dans lequel nous baignons. Le battage médiatique est à son comble et j’ai le sentiment très fort que l’ensemble des médias et des commentateurs font le jeu, plus ou moins consciemment, de notre nouveau président.
            Il n’est pas question de contester la réalité de cette vague de fond mais l’absence quasi totale de recul et de discernement dans les analyses de l’actualité me fait craindre le pire. D’aucuns parlent d’intelligence collective, certes, mais comment garder sa capacité critique face à un tel déferlement médiatique ? Car, si certains journalistes se posent en conscience morale, comment qualifier l’immense majorité d’entre eux qui foncent tête baissée dans l’éloge quasi-inconditionnel de ce nouveau régime ? Cela aurait plutôt tendance à donner raison à celui qui traitait les français de veaux !
            J’enrage donc car notre monde est à un moment crucial de son existence et que les enjeux, notamment environnementaux, sont tels que la survie même de l’espèce humaine est à terme menacée. Nous, français-es mais aussi humain-es, avons un besoin vital d’une autre politique et, comme on ne peut pas compter sur Trump, Poutine, Merkel ou May pour l’initier, j’attendais beaucoup de l’élection présidentielle.
            Or, comment garder espoir avec la nomination du lobbyiste d’Areva à Matignon (ça n’augure rien de bon pour Malvésy…), avec les mesures répressives anti-migrants déjà mises en place par le ministre de l’intérieur, avec la casse annoncée des droits sociaux, etc ? Et je ne parle même pas de la prétendue moralisation de la vie publique, le cas Ferrand étant à n’en pas douter que le premier.
            Alors j’enrage et je crains le pire, oui. Certains sondages nous prédisent une majorité sans précédent pour LREM. Une telle concentration de pouvoir ne m’inspire guère confiance et je ne peux que faire un parallèle avec un souvenir historique. En effet, M Macron est devenu le plus jeune président de notre histoire, battant le record d’un certain Louis-Napoléon Bonaparte. Or, le soutien populaire hétéroclite et les réseaux industriels, médiatiques et politiques qui ont mené au 2ème Empire ont une résonance particulière ces derniers temps, il me semble. Ne serait-ce que le bond spectaculaire de la bourse au lendemain de l’élection !
            Bref, j’espère sincèrement me tromper et avoir à reconnaître mes erreurs et mon scepticisme à l’avenir mais je crains que pour cela, M Macron n’ait à décevoir trop de ses soutiens pour me contenter moi !!!
            Ah oui, et je reconnais une légère exagération sur le « truffé de fautes », « émaillé de quelques coquilles » aurait été plus correct ;-)
            Cordialement

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          Xavier VERDEJO

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          Monsieur,
          Vous évoquez la désunion de la gauche de rupture ainsi: « Ainsi, M Verdejo (ah, que ne s’est-il entendu avec la France Insoumise…) ». Sachez que, quelles que soient les rumeurs qui circulent à FI sur l’historique de cette « non entente », nous avons maintes fois essayé de rencontrer ce mouvement mais, malheureusement, nos demandes sont toujours restées sans réponse.
          Cordialement.
          Xavier VERDEJO

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      Michel Santo

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      Si vous me permettez cette remarque , monsieur Verdejo, ce billet était aussi une main tendue aux divers candidats pour que dans cette page de commentaires ils exposent ou mettent en lien leurs réponses au maire de Narbonne… Je regrette que cette opportunité n’est pas été saisie. D’autant que, si j’ai bien compris, vous partagez mon analyse sur ce type de cérémonial…

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    Xavier VERDEJO

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    M Xavier Verdejo
    Candidat Front de gauche à l’élection législative 2017
    (deuxième circonscription)

    Narbonne, le 24 mai 2017

    Objet : réponse au courrier en date du 17 mai 2017

    à Monsieur le Maire de la ville de Narbonne

    J’ai pris connaissance du courrier que vous avez eu l’obligeance de m’adresser et de votre demande sur mes positions concernant trois dossiers ou plutôt trois domaines intéressant notre collectivité.
    C’est en cohérence avec ma réflexion et mes orientations politiques que je vous apporte succinctement quelques éléments de réponse.

    Tout d’abord sur la sécurité. Selon moi, la qualité de vie d’une commune dont fait partie le droit à la tranquillité est liée à sa capacité à construire un vivre-ensemble ne laissant personne en marge et s’inscrivant dans une société d’égalité de droit, de fraternité et de solidarité…
    Ce vivre-ensemble implique de la présence humaine et de la relation sociale. Ainsi nécessite-t-il un développement, au plus près des populations, des services publics – étatiques comme communaux, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, vous en conviendrez, avec une politique d’austérité et une conception libérale qui ne voient dans ces services que des coûts à réduire !
    Dans la perspective de leur développement et de la reconnaissance sociale de leur utilité, en ce qui concerne notamment la sureté des personnes, je pense que la police nationale doit retrouver ses prérogatives dans le cadre d’un grand service public unifié de sécurité publique avec une redéfinition de ses missions, la fin de « la politique du chiffre », l’augmentation des effectifs et des moyens pour retrouver une police de proximité assurant une présence constante et de proximité dans tous les quartiers, en liaison avec les populations, dans une priorité de prévention…

    Quant à la salle multimodale, en préalable, je me dois de vous faire remarquer que, dans notre ville, les urgences sont autres surtout dans le domaine social avec les difficultés de vivre, les problèmes de logement et d’emploi… J’ai toujours en tête deux statistiques fournies par l’Insee : un taux de chômage qui dépasse les 20% dans notre ville et une pauvreté qui touche 1 Narbonnais sur 5 !
    Pour l’équipement lui-même, je constate qu’il est contesté, depuis plusieurs mois, que ce soit pour son emplacement, sa capacité (ou pour certains sa surcapacité) ou encore son coût de réalisation et de fonctionnement…On ne peut que s‘interroger : pourquoi ne pas vouloir réaliser un tel type d’investissement en coopération notamment avec l‘agglomération ? Et surtout cette situation apporte de l’eau à notre dénonciation de la réduction des dotations de l’Etat aux collectivités, qui les met en difficulté par rapport aux investissements qu’elles programment, elles qui réalisent 70% des équipements publics !
    C’est cette politique qu’il faut changer voire inverser !

    Pour la question de l’emploi, pas de démagogie : nous n’aurons pas un îlot de prospérité à Narbonne dans une société française gangrenée par le chômage. Il n’y aura de solution durable avec une politique nationale et européenne de dérèglementation, de précarisation de l’emploi, de baisse du « coût du travail », de mise en « concurrence libre et non faussée »… On ne s’en sortira pas avec une évasion fiscale qui coûte chaque année 80 milliards à nos finances publiques ou avec un système financier qui privilégie la spéculation à l’économie réelle…
    Mes engagements prennent le contre-pied des politiques libérales qui nous ont amenés à un tel désastre !
    Je suis pour l’abrogation de la loi El Khomri et l’adoption d’un code du travail favorable aux salariés. Pour une loi de sécurisation « emploi / formation » permettant à chacun d’alterner des périodes d’emploi et de formation choisie sans perte de revenu et sans passer par le chômage. Pour la création d’un pôle public bancaire afin de maîtriser le crédit et l’orienter sur un développement créateur d’emploi notamment porté par les PME /TPE. Pour la mise en place d’un fonds national, à partir la création monétaire de la BCE, géré au niveau des régions, permettant un financement sélectif de projets sociaux, écologiques, d’emploi, de qualification sur des critères précis, vérifiables, contrôlables…

    Voici quelques-unes des propositions que j’avance et que je vous ai résumées. Elles sont en cohérence avec la politique alternative que je mets en débat…

    En espérant avoir répondu à votre demande,
    Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l’expression de ma considération distinguée.

    M. Xavier Verdejo

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